Le rapport de l’ANSES le confirme enfin : les régimes, quels qu’ils soient, sont dangereux !
D’abord, parce que tous font grossir (reprenant toujours un peu plus que ce qui a d’abord été perdu pendant la période de restriction, merci pour les kilos bonus). Et aussi parce qu’ils minent la santé, le moral, culpabilisent, et peuvent déclencher des troubles du comportement alimentaire (TCA).
C’est ce double constat inquiétant qu’ont fait Gérard Apfeldorfer et Jean-Philippe Zermati, deux spécialistes du comportement alimentaire, qui dénoncent depuis plus de 15 ans les dangers des régimes et du fat-business.
À l’occasion de la mise en ligne du programme Linecoaching.com, voici une interview qui reprend les questions que nous avons vu pas mal de personnes se poser sur VLR, notamment en commentaire de notre précédent article sur Linecoaching.
Voici l’interview croisée de Jean-Philippe Zermati et de Gérard Apfeldorfer, les co-fondateurs de Linecoaching.com
Anne : Comment pourriez-vous définir votre méthode LineCoaching.com ?
Jean-Philippe Zermati : La méthode Linecoaching n’est pas un énième nouveau régime amaigrissant. On peut la qualifier du terme d’anti-régime ! Elle consiste en l’adoption de nouvelles habitudes et comportements dans son quotidien qui permettent de rejoindre son poids d’équilibre et de s’y stabiliser. Définitivement, et sans faire plus d’effort que les personnes qui n’ont jamais eu de souci avec leur poids. Combien perdra-t-on ? Contrairement à bien d´autres méthodes, nous ne faisons pas de promesses fallacieuses sur le poids. Impossible de le prévoir car on ne fait pas ce qu’on veut de son corps. Tout ce qu’on peut dire, c’est que plus on a de perturbations de son comportement alimentaire, plus on mange en fonction des à-coups émotionnels, et plus il y a de chances qu’on soit bien au-dessus de son poids d’équilibre et donc, que l’on perde du poids de façon importante.
Anne : En quoi LineCoaching est-il différent des autres sites de coaching d’amaigrissement à distance ?
Gérard Apfeldorfer : Tous les programmes d’amaigrissement sont fondés sur la restriction et le contrôle. La guerre, en somme. La guerre contre les aliments et la guerre contre soi-même. Mais le problème est que ce genre de solution ne fonctionne que dans le court terme. Sur le moyen et long terme, ce contrôle, on le perd inéluctablement. Soit en cours de route, et on a alors des conduites compulsives qui alternent avec des moments de contrôle, soit à l’arrivée : on a bien maigri, mais dès l’arrêt du régime, on repart dans l’autre sens.
Notre programme est quant à lui fondé sur l’écoute et l’apaisement : l’écoute de ses sensations alimentaires, qui guident naturellement nos comportements alimentaires, l’écoute du plaisir, qui n’est pas illimité. L’écoute aussi de ses émotions, puisque 60% des personnes demandeuses d’aide mangent en fonction de leurs émotions et de leurs pensées douloureuses. Nous aidons ces personnes à mieux tolérer leurs pensées et émotions pénibles, à ne pas utiliser l’alimentation comme mécanisme de défense face à l’anxiété, l’ennui, la contrariété, la déprime, la colère, la culpabilité, la honte, plus ou moins étouffées habituellement, à coups d’excès alimentaires.
Anne : Beaucoup de gens pensent que s’ils se mettent à écouter leur faim, ils vont juste manger n’importe quoi et grossir comme ici, là ou là.
Qu’en est-il en réalité ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer : Ces gens ont raison : s’ils décident d’écouter leurs sensations alimentaires sans rien faire de plus, ils risquent de se désinhiber et de passer de la restriction à l’anarchie. Mais ce n’est pas ce que nous proposons: une éducation des sensations alimentaires est nécessaire, ainsi qu’un travail sur les déclencheurs émotionnels des prises alimentaires. Ce travail se fait de façon progressive: on passe de la restriction à l’écoute au fur et à mesure des exercices.
Anne : À qui s’adresse votre programme?
Jean-Philippe Zermati : Ce coaching s’adresse à toutes les personnes, hommes comme femmes, qui souffrent de leur excès pondéral. Elles peuvent avoir un excès de poids important, conduisant à des problèmes de santé, ou bien avoir un excès minime, mais entraînant une souffrance psychique et sociale. Cette souffrance est d’ailleurs souvent négligée, et elle n’est nullement proportionnelle au nombre de kilos en trop.
Notre programme exclut cependant les personnes boulimiques et anorexiques, ainsi que les personnes diabétiques sous traitement, ou souffrant de troubles cardio-vasculaires graves, ou souffrant de troubles psychiatriques, notre programme, n’étant pas adapté à ces problématiques.
Anne : Quand on commence une RA après des régimes on risque de prendre du poids.
Cette idée là est le pire cauchemar de pas mal de monde ! Que dire à ces personnes?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Quand on sort d’un régime, on risque effectivement de reprendre du poids. C’est d’autant plus vrai que le régime a été sévère et la perte de poids rapide.
En commençant notre programme, peut-être pourra-t-on limiter les dégâts.
Anne : On le sait très bien sur Vivelesrondes, le poids c’est rarement juste « je mange trop ». Les causes sont extrêmement variées, et parfois remontent à des traumatismes passés, difficiles à confronter, dont les victimes ne sont pas toujours conscientes, depuis par exemple l’impression de ne pas avoir de place dans sa famille jusqu’à des agressions physiques voire sexuelles.
Beaucoup de gens se servent du poids comme une sorte de carapace protectrice.
Quand ils perdent du poids, ils ne savent pas comment gérer ce stress.
Comment gère-t-on tout ça sur Linecoaching ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Vous avez tout à fait raison et les causes psychologiques du surpoids et de l’obésité sont fondamentales. Notre programme ne vise pas à remplacer une psychothérapie. L’objectif fixé dans le programme est le suivant: parvenir à mieux tolérer ses émotions, de telle sorte qu’on n’ait plus de réponse alimentaire (ou tout autre mécanisme de défense comme les achats impulsifs, l’alcool?) pour éviter ses émotions. Le programme aborde aussi la honte du corps, l’évitement social, et propose un travail d’affirmation de soi.
Anne : En clair, comment fonctionne LineCoaching ?
Gérard Apfeldorfer : Le travail que nous proposons consiste d’abord à dédiaboliser les aliments interdits ou tabous. C’est une étape très importante, parce que lorsque nous pensons du mal de ce que nous mangeons, lorsque nous mangeons avec culpabilité, nous ne sommes plus à même de ressentir ni notre faim, ni notre rassasiement. Nous n’avons alors plus de point d’arrêt. Et ce d’autant plus que le fait de manger rate son but, ne nous apportant pas le réconfort attendu. Nous poursuivons alors désespérément notre consommation. C’est le schéma de la compulsion alimentaire.
Nous insistons dans le programme sur l’identification précise des sensations de faim. Il s’agit qu’on sache reconnaître celle-ci, et qu’elle cesse de faire peur. Identifier la faim précisément (ce que souvent, on ne sait plus faire en raison des régimes amaigrissants) permet de la différencier de ses envies de manger émotionnelles, que nous appelons EME (( envies de manger émotionnelles )). Lorsqu’on a faim, la meilleure des réponses consiste à manger, et lorsqu’on a une EME, la meilleure des réponses consiste à vivre son émotion. Cela devient possible grâce à un travail visant à augmenter sa tolérance émotionnelle, à mieux accepter les inconforts, qui font partie de la vie.
Jean-Philippe Zermati : Notre programme en 8 étapes s’articule autour de 3 axes : le comportement alimentaire, les émotions et le corps. Le travail sur le comportement alimentaire a pour but de nous aider à refaire confiance à nos sensations alimentaires : reconnaître la faim, la satiété, mais aussi de retrouver le plaisir de manger. En écoutant ses besoins, on mange moins. Mais pour cela, il faut aussi supprimer toutes les autres raisons que nous avons de manger, les émotions en tête, et apprendre à les gérer autrement, en pratiquant par exemple des exercices en pleine conscience. Enfin, le programme propose de retrouver le plaisir de bouger, d’habiter son corps, avec des activités physiques adaptées (y compris les plus douces pour les moins sportifs). Rappelons que même si on considère son corps comme insatisfaisant, rebelle, c’est ce corps-là qui nous fait être vivant. C’est de ce corps-là qu’il faut prendre soin.
Anne : Est que Linecoaching est compatible avec faire à manger pour toute la famille, être à table avec eux… ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Manger en respectant ses aliments, en se respectant soi-même, conduit à demander à sa famille de retrouver certaines règles nécessaires à la convivialité des repas pour tous. On mange calmement, la maîtresse de maison n’est pas la personne au service de la famille, qui se lève à tout moment.
Modifier ses conduites alimentaires conduit à refaire l’éducation alimentaire de ses enfants, dans le même esprit. Cela répond d’ailleurs souvent à l’inquiétude des mères, qui ne veulent pas transmettre leurs problèmes alimentaires à leurs enfants.
Anne :Les 4 phases qui vont tout changer.
Seule chez moi ça m’a pris un an. Je me doute qu’en le faisant seul avec les livres + le forum, mais de manière moins guidée et sans spécialiste, c’est plus long. Est-ce que l’accompagnement de Linecoaching accélère à ce point-là des choses ? 3 à 6 mois n’est-ce pas un peu court ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Le programme vise à mettre des nouvelles conduites en place. Mais dans bien des cas, le temps nécessaire est plus long. Au bout de 6 mois, on n’est souvent pas encore arrivé à son poids d’équilibre. Aussi, LC se poursuit-il au-delà de ces 6 mois, permettant un approfondissement.
Anne : Le parcours forme. Se réapproprier son corps, ça passe par bouger. Le programme Linecoaching propose de nombreux ateliers vidéos avec des exercices dans sa section « le parcours forme ».
Mais j’ai lu des témoignages de gens qui disent « oui oui, mais c’est pas obligatoire, moi je ne le fais pas ».
Beaucoup de femmes ont peur de bouger.
Le sport semble apparaître comme facultatif dans le programme.
Peut-on vraiment réussir le programme si on ne fait pas du tout le parcours forme ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Certaines personnes font déjà beaucoup d’exercice physique avant de démarrer le programme. D’autres sont très immobiles et craignent que des sensations physiques réactivent des pensées pénibles, comme des pensées de haine du corps. Les exercices de pleine conscience comme le body-scan sont de bons préalables pour leur permettre de renouer avec leur corps, avant de remettre celui-ci en mouvement.
Anne : Le site linecoaching propose un univers vraiment vaste et ludique, qui fait un peu penser à un jeu Wii. C’est assez impressionnant quand même !
Comment vous y êtes-vous pris pour le concevoir ? Combien de temps ça vous a pris ? Pourquoi ne l’avez-vous pas fait avant ? :)
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Merci pour vos compliments! Nous travaillons d’arrache-pied depuis 2 ans à ce site, qui a nécessité la réunion de multiples compétences. Heureux que ça vous plaise.
Anne : Beaucoup d’adeptes de longue date de la RA, qui ont commencé avec les livres et le forum Vivelesrondes sont interpelés par l’omniprésence de la notion de perte de poids sur le site Linecoaching.
Comment expliqueriez-vous ce choix/cette contrainte ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Les personnes qui viennent à nos consultations ont toujours cette motivation, au premier plan ou en arrière-plan : perdre du poids. Mais ce que nous proposons, c’est non pas perdre du poids, comme le font les sites de régimes, mais atteindre son poids d’équilibre et retrouver cet équilibre-là.
Anne :Beaucoup d’hommes suivent le programme ? Linecoaching est-il adapté aux hommes, ou spécifiquement féminin ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer :Les personnes participant au programme sont en majorité féminine. Mais pas seulement. Les hommes qui participent semblent satisfaits du programme. Quoi qu’il en soit, les hommes sont en train de devenir des femmes comme les autres, c’est-à-dire, non plus motivés seulement par leur santé, mais par leur aspect physique, qui dans nos sociétés, jouent un rôle de plus en plus important. Regardez ce que font nos hommes politiques !
Anne : Y a-t-il un bon moment pour commencer ?
Gérard Apfeldorfer : Lorsque la souffrance d’être grosse ou gros est devenue insupportable ! Lorsqu’on ne croit plus qu’on va maigrir d’un coup de baguette magique ! Lorsqu’on en a assez de faire le yoyo ! Lorsqu’on est décidé à aller, cette fois-ci, au fond des choses ! Lorsqu’on se sent prêt pour cette grande aventure !
Pourquoi pas tout de suite ? Peut-être vous dites-vous que ce serait mieux après un dernier petit (ou gros) excès lors des fêtes ? Mais ce genre d’attitude, justement, est typique de la logique des régimes. Le plaisir à manger est au centre de notre programme. Démarrer maintenant vous permettra de vous exercer à la dégustation attentive, au plaisir épicurien, à une meilleure maîtrise émotionnelle. Vous serez fin prêt pour apprécier les festins du Réveillon, les confrontations familiales, sans culpabiliser, sans paniquer et sans grossir.
Anne : Le mot de la fin ?
Jean-Philippe Zermati & Gérard Apfeldorfer : L’aventure ne fait que commencer. Sur la question de l’obésité, le monde médical est dépassé : le nombre de spécialistes convenablement formés est infime au regard de la demande, et ceux qui sont formés sont débordés. À l’hôpital, on peut proposer une consultation tous les 3 à 6 mois, en ce qui concerne le surpoids et l’obésité? Aussi Internet, allié à un effort pour se prendre personnellement en charge, avancer par soi-même, voilà où me
semble être l’avenir.
Le site : Linecoaching