Oui, les schtroumpfs sont homosexuels. Le drapeau arc-en-ciel ne flotte peut-être pas encore fièrement sur les champignons des schtroumpfs farceur ou coquet, mais les schtroumpfs sont homos. Des vrais de
chez vrais. Quelques faits troublants : le grand schtroumpf les appelle 'mes braves petits schtroumpfs'. Déclare-t-il, ou même laisse-t-il entendre quelque part, qu'il a un lien de parenté direct avec la centaine de petits partouzards bleus qu'il dirige ? Non, le grand schtroumpf s'il a bien une barbe blanche et du génie comme léonard de vinci, a aussi un goût prononcé pour les éphèbes
comme celui-ci, fussent-ils bleus et chauves.
En outre, le village schtroumpf c'est un peu le marais : des fêtes la nuit, des lampions, des mâles qui dansent ensemble sous la lune, une ambiance qui pue le fric, et la dope à la salsepareille - aaah les banquets bachiques quand le schtroumpf robot les fournit en salsepareille fermentée.
Que dire de la schtroumpfette ? sinon qu'elle est l'être inaturel et licencieux par essence, qu'elle soulève la question du mal, de l'envie et de la fécondation chez les schtroumpfs. En effet, création de gargamel, elle prouve que le schtroumpf n'est pas hétérogamétique, qu'il est soit créé par voie magique (la schtroumpfette, les p'tits schtroumpfs, le centième schtroumpf et le faux schtroumpf), ou qu'il est apporté par cigogne-express, cas du bébé schtroumpf et, gageons que probablement, de la plupart des schtroumpfs. Qu'est-ce à dire ? Et bien, que tout simplement le concept d'accouplement hétérogamétique/homogamétique ne peut exister dans la schtroumpfitude. De là, à cause de cette distinction paradoxale qui la place sur un plan d'égalité symbolique avec le grand
schtroumpf, égalité de phallus/égalité de pouvoir, la schtroumpfette, au sens le plus strictement freudien, ne peut exister qu'en tant que 'idéal du moi', c'est à dire, en tant qu'objet de perfection sur la base duquel le schtroumpf va structurer sa psyché. Les plus freudiens d'entre vous auront tiré d'emblée la conclusion (et la schtroumpfette par la même occasion) : tout idéal du moi basé sur un objet féminin achoppe sur l'écueil de l'homosexualité ; souvenez-vous du 'si maman ne venait pas m'embrasser le soir je ne m'endormais pas' de proust. Le grand schtroumpf a aussi le pouvoir et le phallus, mais il n'est pas un modèle, non en vérité, le grand schtroumpf encule ses 'petits schtroumpfs'. Et ce qui est amusant en définitive : il y a tout de même un schtroumpf hétérosexuel, et c'est... le schtroumpf à lunettes ! Eh oui, le seul à prendre pour modèle son aîné, en fayottant comme une merde, ce qui lui vaut d'être mis au ban de la société schtroumpf car minoritaire et contre-nature.
Passons maintenant au sujet délicat des pratiques sexuelles schtroumpfs que nous prendrons ici la liberté d'appeler 'schtroumpferies'. Les schtroumpfs n'ont pas, à notre connaissance, de schtroumpf sexuel apparent, à peine s'en doutera-t-on dans le tome 'Les schtroumpfs et le cracoucas', où feignant d'illustrer Adam couvrant sa nudité d'une feuille de vigne, un schtroumpf se promène en serviette éponge pendant toute l'histoire.
et c'est ça qui est réellement époustouflant dans l'art de peyo : nous faire croire que les schtroumpfs ont une bite, et que comme tout un chacun il sont pudiques. En réalité, c'est exactement le contraire. Les schtroumpfs n'ont pas de pénis à proprement parler, mais bel et bien un organe sexuel qu'ils schtroumpfent à longueur d'épisodes. WTF ?, nous répondra le lecteur, mais il devra se rendre à l'évidence du fait suivant : si les schtroumpfs avaient un pénis, au jugé de leurs culottes moulantes, on en devinerait la forme, d'autant que chacun connaît le culte des communautés homosexuelles pour les pénis de grandes tailles, et que les supputations les plus tortueuses sur la magie du grand schtroumpf qui pourrait faire de la chirurgie esthétique ne sont pas à écarter (D'ailleurs, n'est-ce pas ce qu'il a fait avec la schtroumpfette ? Transformer un boudin en bimbo californienne). Non, le véritable organe de jouissance du schtroumpf, c'est sa fameuse petite queue qu'il trémousse à chaque page.
Les voici les schtroumpferies : les blagues de franche camaraderie entre schtroumpfs qui n'hésitent jamais à se la pincer pour 'schtroumpfer' disent-ils, les danses schtroumpfs, de véritables rituels de séduction destinés à un auditoire essentiellement gay pendant lesquelles elle est en permanence mise en avant. Un ou deux autres exemples ? Souvenez-vous de l'épisode où gargamel boit une potion qui le transforme en schtroumpf, Le faux schtroumpf ; la transformation accomplie, l'infâme sorcier se rend compte qu'il lui manque un détail essentiel : la petite queue bleue ! Il s'en fabrique une fausse en bois et part foutre le bronx dans le village. Si on l'appelle le faux schtroumpf, ce n'est pas tant parce qu'il a obtenu la schtroumpfitude de manière artificielle (1), mais si on l'appelle le faux schtroumpfs c'est qu'il est castré. Que va-t-il se passer ? Le grand schtroumpf se rendant compte qu'il y a quelque chose de pourri au royaume des schtroumpfs, va faire le tour de son harem en pinçant la queue de chacun afin de schtroumpfer le coupable. Et oui, même en psychanalyse, surtout en psychanalyse d'ailleurs, les plus grandes théories finissent toujours en histoires de touche-pipi.
Enfin, schtroumpf but not least, l'affaire des 'schtroumpfs noirs', qui montre le génie visionnaire de monsieur Peyo. Quelle clarté, quelle lucidité, que d'avoir montré avant l'heure les ravages du sida dans la communauté homosexuelle. Une mouche, qui pourrait aussi bien être une seringue, pique un schtroumpf qui cherche de la dope dans la forêt. Le lecteur connaît la suite, le schtroumpf devient noir, fait 'gnap gnap gnap', et
pris d'un irrépressible appétit de fellation, reschtroumpf au village en quête de petites queues bleues à gnaper, de schtroumpfs à contaminer. Fort heureusement, le grand schtroumpf veille sur son cheptel, et la communauté homosexuelle schtroumpf ne connaîtra pas le destin tragique de son homologue humaine.
Encore que l'on puisse se dire qu'il vaille mieux être un schtroumpf noir qu'être con comme un schtroumpf bleu, ce qui fera pour aujourd'hui figure de conclusion.
voilà mes amis. Qui nous parlera du village d'astérix comme première représentation graphique d'un phalanstère fouriériste ?
(1) Après tout, que dire du centième schtroumpf qui, lui, fut accepté facilement par le village ? Le centième schtroumpf est le véritable faux schtroumpf, car il n'est qu'une projection du narcissisme du schtroumpf coquet, une métaphore de la théorie du stade du miroir de jacques lacan, théorie selon laquelle le sujet, vers l'âge de six mois, construit son moi en découvrant son image dans le miroir. Si le centième schtroumpf fut intégré au village, c'était que celui-ci, tout comme il avait besoin d'une représentation de l'idéal du moi maternel par l'intermédiaire de la schtroumpfette, en avait autant besoin d'une qui symbolise son narcissisme.