2 ans et plus de 1000 photos de femmes « réelles » après, Brigitte revient sur sa décision.
L’expérience n’a pas bien fonctionné commercialement.
Ces mille photos de femmes âgées entre 18 et 68 ans qui ont remplacé pendant 2 ans les traditionnels modèles ultras minces n’ont pas fait recette.
Durant cette période, les abonnements au magazine ont baissé de 22%, et les ventes en boutiques de 35%. Sans parler de la réaction des annonceurs (dont personne ne parle justement)
Pour Brigitte, le feedback reçu montre que les photos de femmes « normales » étaient « très perturbantes » pour les lectrices.
Les mannequins pro sont donc de retour sur les pages de Brigitte, même si les éditeurs ont promis pas de taille zéro et qu’ils continueront à faire parfois des shootings avec des non pros.
« Ouais comme quoi les femmes normales, ça vend pas, tu vois »
En ces temps pressés où la petite réplique assassine l’emporte trop souvent sur la réflexion, beaucoup (monde des médias en tête) auront déjà fermé la page en concluant que « les grosses ne font pas vendre », les « femmes normales ne font pas rêver ».
Dommage, car le sujet pourrait être abordé de façon bien plus passionnante, pour peu qu’on s’intéresse à sa complexité.
Pour qui souhaite autre chose que renforcer l’impression du bienfondé de l’image irreelle de la femme véhiculée partout, faire mouche avec une tirade cinglante lors d’une réception de l’ambassadeur, ou remplir une colonne/chronique avec juste ce qu’il faut, il y aurait sans doute beaucoup à discuter de cette expérience « femmes réelles ».
Mystères et questions
Je ne vais pas élucubrer, ne parlant pas allemand et n’ayant jamais eu de Brigitte entre les mains.
Et justement voici quelques questions qui me viennent:
Qu’en était-il de l’édito ? Était-il devenu plus « réel » lui aussi ?
Le but était-il resté de vendre du rêve, de l’inaccessible, ou de donner des conseils plus vrais ?
Peut-être que vendre du rêve en l’illustrant avec des photos de femmes réelles, accessibles, ça ne marche pas, et que dans ce cas il faudrait vendre de la « réalité », de la « proximité », de l’authenticité. ça serait logique après tout.
Et puis comment étaient elles ces photos ?
J’ai vu des photographes/maquilleurs/habilleuses capable de rendre n’importe quelle personne belle, et puis d’autres produire (inconsciemment ?) des horreurs dès ils avaient affaire à quelqu’un qui ne correspondaient pas à leur idéal de beauté.
Peut être aussi que mettre en scène des femmes réelles de la même façon que des mannequins, ça ne marche pas.
Peut-être également que la demande latente d’une presse pour femmes « réelles » est trop marginale. Que les femmes prétendent vouloir du réel, mais au fond d’elles préfèrent le rêve. Ou alors peut-être que la demande est massive, mais qu’aujourd’hui aucun magazine féminin n’est capable de la comprendre et de s’y adapter.
17 commentaires
Je me disais que les femmes réelles du journal ont peut être simplement donné un peu plus de confiance à toutes les lectrices réelles qui du coup avaient moins besoin de « conseils/trucs/tests/abonnement » pour devenir des size00 et moins besoin de compenser leur mal être en consommant comme des addict les crèmes-cure-liposuccion-accessoires-fringuesmode-et tout et tout qui les rassuraient d’être au moins « fashion » sinon « convenables » à la demande intrinsèque de tous ces magazines déprimants!!
Dommage !
Nul nul nul
Pffffff c’nul
non au stereotype de la mode
c’est tout simplement une honte qu’en 2012 une presse soit obligée de s’aligner à une ‘norme » vendeuse et non représentative de la société féminine, et participe à nous foutre les moral à plat et à persuader les hommes de n’aimer que les planches à pain. Amen!
C’est bien dommage…..
bonne analyse de la bloggeuse (fin de page)
Super analyse d’Anne.
Eh bien, c’est bien triste!
j’aurais bien une explication à donner sur le pourquoi du comment cette absurde et horrible mode hystérique de la minceur persiste mais ce serait politiquement incorrect de l’exprimer , en France le débat libre n’existe pas (délit d’opinion oblige)
Heureusement les hommes n’aiment pas que les femmes minces,youpieeeeee!Les hommes aiment les femmes gaies,qui ont de belles formes,qui sont sexy et qui s’assument.Ce n’est pas une question de minceur ou de rondeur mais de personnalité,je pense.Et dis Ady,ne dis pas « planche à pain »,ce n’est pas plus sympa que « grosse »,stp bien ,bien sûr.:-)
effectivement ,c’est vraiment dommage !!
Et oui c’est dommage ….
Peut être aussi que le magasine est en perte de vitesse parce que c’est un peu la crise et le lot de nombre de parutions, quels que soient les secteurs aussi.
Alors maintenant même en revenant dans 2 ans avec d’autres chiffres, ça ne prouvera pas que c’est le revirement qui en est la cause. Et ça ne prouvera pas le contraire non plus.
Après, je connais pas ce mag donc bon…
Mais je trouve la décision un peu bête dans la mesure où il devrait y avoir de la place dans les présentations pour toutes les corpulences et pour toutes les ethnies.
La question d’après moi ne devrait même pas se poser tant elle relève du bon sens.
Pour connaître le mag, je rejoints l’analyse de Donuts sur le fait que ce magazine est en perte de vitesse. Le lectorat de Brigitte a vieilli et atteint l’âge mur. Le contenu éditorial du magazine ressemble un peu à Prima ou Femme Actuelle, c’est en classe d’âge au moins la même cible.
Or beaucoup de choses sont en train de changer en Allemagne. Les structures tradi de la famille s’effritent considérablement, pour un pays où la norme a été jusqu’ici que la femme reste au foyer pour élever les enfants. La réunification est passée par là, et les mentalités changent. Brigitte n’a pas changé au même rythme. Et je ne suis vraiment pas certaine que de se lancer dans une copie conforme du ELLE allemand va les sauver. Parce qu’ils sont en train de changer leur coeur de cible, plutôt que de s’adresser aux femmes qui le composent, et s’adressent à un marché surexploité par les titres de presse (la femme active 20-35 ans).
Si on met une femme ronde, normale ou maigre dans les postures de la femme qui doit incarner un certain ordre moral (ie : le même sex-appeal qu’un catalogue Damart, en gros), on ne va pas faire rêver grand monde, et le lectorat va aller voir ailleurs.
Est-ce qu’il ferait la même chose si Madame Normale était sublimée par les stylistes du mag ? A en croire en France le carton de Causette, il y a fort à parier que Brigitte pourrait même y gagner des parts de marché.
Tout ça me semble donc plus minable qu’autre chose.
Peut-être aussi qu’on peut trouver des modèles de toute taille qui sont de très belles femmes. Globalement, ce n’est pas tellement des femmes « normales » qu’on attend dans les magasine féminins, mais de belles femmes qui ne font pas forcément une taille 34 pour 1,80m ! De la diversité, ça peut aussi faire rêver. Comme l’ont dit d’autres filles, ce n’est pas la taille qui compte, mais bien ce que dégage une fille.
J’aurais bien aimé voir quelques numéros du magasines pour me faire une idée.