Le « fléau » de l’obésité : v’là encore une tournure journalistique qui va faire mal !
Depuis quelque temps, ( à vrai dire en fait depuis la publication de la dernière étude américaine – ) on lit çà et là des brèves de presse qui reprennent cette expression pour nous relater le scénario catastrophe sur l’augmentation alarmante de l’obésité qui risque de faire plus de dégâts que le tabac dans les decennies à venir.
Chiffres à l’appui on annonce à la population que les gros sont les futurs fautifs du trou de la sécu, pour achever sur une conclusion bien pensante et conventionnelle, du genre
« Une évolution dramatique, dont le coût économique, social et humain risque de devenir bientôt exorbitant pour notre collectivité. Il va falloir prendre des mesures à la hauteur : valorisation du sport, éducation nutritive blabla etc… »
Informer les gens sur l’augmentation de l’obésité, c’est important certes, mais se contenter de montrer l’obèsité du doigt, c’est vraiment passer à côté du véritable problème.
Monsieur dames les journalistes, êtes vous bigleux ou vous le faites exprès ?
Explications:
La face visible de l’iceberg.
Quand un gros consulte un médecin pour une pathologie quelconque, le médecin a tôt fait de lier la maladie à la corpulence du patient. Le diagnostique sédentarité + déséquilibre alimentaire est facilement établi. Et même pour des patients sportifs.
Ainsi l’obésité rentre aisément dans les chiffres des analyses.
Mais vous l’avez écrit vous même, l’obèsité est une conséquence des déséquilibres alimentaires et de la sédentarité.
Mais est ce que les déséquilibres alimentaires mènent forcément à l’obèsité ?
Non.
De nombreuses personnes ont également des troubles du comportement alimentaire gràve sans devenir obèses.
Ces personnes ont des apparences minces, apparement anodines, normales.
Les dépiste t on ces gens ? Fait on la relation entre leurs maladies et leur alimentation ?
A l’heure actuelle, les seuls chiffres que nous avons sont ceux de l’anorexie, c’est à dire une minorité de cas qui ont mis violement leur vie en péril.
On parle d’alcoolisme mondain, pour désigner ces personnes qui boivent beaucoup sans jamais être considérés comme alcoolo, mais qui se retrouvent à 50 ans avec une cirrhose.
Combien y a t il d’anorexiques, de boulimiques « mondains », de carencés « mondains » ?
Ces personnes ne sont elles pas impliquées dans le même processus que les obèses ?
Ces personnes ne vont elles pas tout autant augmenter les dépenses de santé ?
dans le doute, puisqu’on ne peut pas chiffrer, ne devrait on pas supposer qu’elles sont au moins aussi nombreuses que les obèses ?
Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt
La situation se prête parfaitement à une remise en question salutaire pour tous.
Seulement, au lieu de parler honnètement des causes et des conséquences, proposer une réflexion salvatrice dans laquelle tout le monde est impliqué, on succombe à la tentation facile d’en faire le feuilleton de l’hiver.
Tous les ingrédients sont là pour faire monter la sauce d’une superproduction à succès :
Un titre aguicheur : « le fléau de l’obèsité »
Un scénario catastrophe, digne du nouvel armaggedon. Les spéctateurs en rafolent
Il ne manque plus qu’un héros, et un happy end.
On occulte un problème qui touche la plupart des gens.
Ceux qui ne sont pas obèses, mais qui ont pourtant les mêmes dérèglements alimentaires et la même sédentarité, et qui vont eux aussi avoir des problèmes de santé, ne se sentiront pas impliqués.
On provoque la stratégie de mauvaise foi bien humaine, qui consiste à reporter la faute sur l’autre, voire à s’en moquer, pour attirer l’attention sur lui et ne pas se mettre soi même en cause.
« ces gros, ils n’ont qu’à faire du sport après tout. »
« L’augmentation des impots, avant c’était la faute des vieux, mais maintenant c’est la faute des gros »
Et ils partirent en croisade contre l’obèsité…
Le héros évoqué plus haut, çà pourrait bien être un gouvernement en mal de popularité.
Une fois l’opinion publique bien travaillée par les médias sur « il faut faire quelque chose pour les gros », il ne reste plus qu’à passer à l’action.
Et encore une fois on ne résoud pas un problème, on s’attaque à sa façade médiatique.
En faisant officiellement de l’obésité un fléau, ne risque t’on pas de provoquer une peur suplémentaire qui va pousser d’avantage de gens vers les extrèmités de l’idéal minceur ?
Cet idéal minceur qui rapportent antant qu’il va couter cher.
En plus de conforter l’idéal minceur, on risque une stigmatisation culpabilisation des obèses. Sachant que l’affectif a une part importante dans les questions de poids, est ce vraiment un discours à tenir ?
Nous attendons mieux que çà des journalistes et du gouvernement.
C’est pas le tout de critiquer …
Vous l’avez compris, ce que je reproche, c’est une réflexion tronquée qui amène le débat sur un terrain glissant vers des situations malsaines.
Une situation qui en plus de minimiser le succès d’une campagne, contribuerait à monter les gens les uns contre les autres.
Il faudrait donc arrêter de penser fléau de l’obèsité, mais plutôt perte de l’équilibre alimentaire, problèmes d’image de soi et sédentarité.
Si on se met à parler avec des mots qui concernent tout le monde, l’impact sanitaire sera réèl.
Ensuite, en plus de faire de l’éducation en matière de nutrition, nous avons pleins de propositions, comme une réglementation qui empêcherait un minimum les infos objectives de se noyer au milieu de la folie des régimes, l’instauration d’un quota d’informations sérieuses dans la presse féminine par exemple.
Et bien sur, une éducation est à refaire pour enrayer les complexes d’insatisfaction du corps.
Mais celà est un autre sujet, pour un prochain article sans doute.