Tel est le nom de la nouvelle campagne de santé publique nationale sur le point d’être lancée, et soutitrée « ENFIN UNE REPONSE CONCRETE A CE PROBLEME DE SANTE PUBLIQUE ! »
EPODE reprend donc Fleurbaix Laventie Ville Santé, une initiative menée dans ces 2 villes, depuis 1992, dont les objectifs étaient : « comprendre les rôles respectifs de l’alimentation et des modes de vie sur la santé de chacun…valider des démarches pragmatiques de prévention et de prise en charge de l’obésité au niveau de la population. »
Vous l’avez compris, il s’agit avant tout de lutter contre l’obésité.
La première expérience ayant fait ses preuves dans leurs statistiques, cette action va donc être étendue à tout le pays.
Nous avons lu le dossier de presse du projet EPODE, plein d’informations imprécises et partielles, enrobée du gentil blabla, expressions choc, verbiage, noyade de poisson, qui fleure bon les mammouths de la communication qui vient d’en haut, par ailleurs souvent ténors de la finance (sic).
Histoire de vous épargner un tel suplice,( sauf si vous êtes de bonne humeur c’est assez poilant ) voici un petit résumé des 22 pages, en bref :
Pendant 5 ans, sous le haut patronage du Ministère délégué à la Famille, Ministère de la Jeunesse de l’Education Nationale et de la Recherche, Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales, parainé par : l’Association des Maires de France l’APOP (Association pour la prise en charge et la prévention de l’obésité infantile), l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire), la Société Française de Pédiatrie, en partenariat avec nestlé , APS Assureur Prévention Santé (Groupement des assureurs santé français), ainsi que des partenaires locaux… (ouf, quelle brochette ! )
Pendant 5 ans donc, l’opération consiste à mener des actions d’information et de prévention dans les villes, avec tous les gens en contacts avec les enfants : restauration scolaire, instits, médecins, infirmière, parents, et les enfants eux même bien sur.
Au menu, des livrets éducatifs, des réunions de formation, des espaces, des ateliers…tout l’arsenal lourd qu’on peut attendre d’une telle campagne.
Le dossier de presse donne des exemples comme :
- …proposer à ceux qui le souhaitent d’intégrer dans leur cours une formation à la nutrition…il sera proposé aux écoles de transformer les cours de récréation afin de permettre de lutter contre la sédentarité en favorisant quinze à trente minutes d’activité physique spontanée quotidienne pour les enfants…
- Des espaces thématiques ludo-pédagogiques seront en effet mis en place avec les services de restauration scolaire de la ville en collaboration avec les diététiciens pour apprendre aux enfants à cuisiner les fruits, les légumes, leur permettre de réaliser des ateliers du goût…
- (dans les cantines)mettre à l’honneur, à chaque saison pendant un mois, un aliment différent pour en promouvoir la consommation. Le principe est de rendre cet aliment visible et présent…
- …des actions de type « Pédibus » (autobus scolaire pédestre géré par des parents qui à tour de rôle conduisent un groupe d’enfants à pied à l’école) seront encouragées ainsi que toute une série d’autres initiatives visant à favoriser, grâce à la participation des associations sportives locales, l’accès à une activité physique de loisir et pas exclusivement sportive…
- Fichage médical de l’imc des enfants.
Le projet commence dans 10 villes, et devrait s’étendre.
Le dépliant « Assureur Prévention Santé »
de la campagne se targue de cette belle couverture dont je vous laisse apprécier le cliché monumental :
Le contenu censé servir à aider les parents, est du même accabit.
Les mots employés pour parler d’obésité sont quand même violents et culpabilisants : « retentit, accusé, vagabondage alimentaire, épidémie, priorité ».
Les explications sont froidements statistiques.
Voici les 3 causes de l’obésité selon eux : sédentarité, grignotage, psychologie.
Les facteurs psychologiques sont tous juste effleurés.
Les prédispositions génétiques sont à peine évoquées.
La possibilité d’autres problèmes de santé n’est même pas envisagée.
L’insuffisance pondérale, on en parle pas.
On sent bien que pas un seul obèse n’a contribué à élaborer ce papier.
(Vous pouvez consulter ce dépliant vous même ici)
{nos réactions à chaud}
Bon points de cette campagne :
- le fait qu’on prenne en fin en compte qu’une alimentation équilibrée dès l’enfance, çà peut changer pas mal de choses
- Inciter les gens vont discuter d’avantage de nutrition, çà peut contribuer à changer les mentalités
- Montrer aux enfants que le sport peut être un jeu, et non une corvée
- Enfin une formation faite aux pro de la santé par rapport aux problèmes du surpoids
Peurs et doutes de notre part:
- Ex : le fichage et le suivi scolaire de l’imc des enfants, mal encadré, peut être une expérience traumatisante pour eux, et leur enseigner dès tout petit la peur de la balance.
En gros une jolie propagande autour d’un flou inquiétant.
Tout le monde le sait : les gens ne retiennent que le gros titre. Même si par la suite on nuance et on essaie de ne pas être normatif, le mal est déjà fait en appellant çà « ensemble prévenons l’obésité des enfants » .
L’extrème inverse pourrait se produire : on risque de culpabiliser.
Cette culpabilité qui mène aux régimes yoyo, à l’anorexie, à l’obésité.
Nous avons derrière nous 20 ans de malbouffe et de bourrage de crâne minceur, et çà bizarrement le dossier de presse ne l’évoque même pas.
On ne traite que la face médiatique d’un sujet (une fois de plus ?!).
Selon moi : « les désordres alimentaires« , « la sédentarité« , « l’idéal minceur » engendrent l’obésité chez certains, mais de nombreuses autres conséquences moins flagrantes mais tout aussi néfastes chez d’autres.
On a l’impression que « les ravages de l’idéal minceur », c’est un sujet tabou. Sans aucun doute pour Nestlé, le gentil chocolatier, producteur d’eau, récemment devenu actionnaire de Loréal.
Attendons de voir, mais je crains qu’il ne sorte pas de tout çà que de bonnes choses.