Le mot Grosse semble faire partie de ma vie depuis toujours.
Déjà enfant, je savais que j’étais la grosse de la classe et de la famille, oui je suis grosse.
Durant la récré, la cruauté des enfants à commencer son travail, on a d’abord essayé de m’insulter en m’appelant la girafe. Cela n’a pas pris, pour cause je trouvais ça cool d’être grande, alors les enfants qui avaient besoin de faire du mal pour se sentir plus forts ont tenté autre chose … et c’est là que les premiers « grosse vache » on vu le jour !
Même le médecin scolaire s’y mettait avec son petit commentaire sur mon poids.
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Bien sûr, à table en famille, je n’avais pas le droit de me resservir, d’ailleurs souvent, on me zappait purement et simplement au moment de demander qui voulait reprendre un peu de ceci ou cela, ou pire, j’entendais cette phrase : « pas toi Anne ! »
Très trop, alors que j’entrais à peine au collège, le premier régime est arrivé, j’étais grosse, je devais perdre du poids coûte que coûte pour mon avenir et ma santé.
Et oui, les régimes cela fonctionne, j’ai perdu, puis repris, à chacun de mes régimes un bonus un peu plus grand.
Avec les régimes à commencer aussi le cercle de l’hyperphagie, avec ce sentiment que je valais moins que les autres et l’envie inconsciente de vouloir être vue par mes proches, de vouloir avoir une place… et ironie du sort, grossir pour ne pas être ignorer, ne pas être invisible.
À l’adolescence, ma taille 46/48 même pour 1m78 m’a apporté mon lot de complexes et de fat shamming.
Entre ma mère (que j’adore, qui pensait m’aider ou qui voulait préserver son budget) qui me disait qu’il n’y avait pas ma taille dans des boutiques où je savais qu’il y a avait du 46. Le choix qui commençait à devenir de plus en plus restreint pour m’habiller (on est dans les années 90), les réflexions des garçons, trop stupides pour assumer leurs goûts, ou blessés pour avoir été repoussé par « La Grosse », et les filles qui ne manquait jamais de faire remarquer qu’elles étaient minces et que moi non, donc forcement j’étais moins bien.
Bref, à part la campagne Virgin Megastore avec Anne Zamberlan, qui me fait penser que j’était trop grosse pour beaucoup de choses, mais même pas assez grosse pour être mannequin grande taille, la société entière semble me pointer du doigt, moi la grosse !
Alors oui, comme de nombreuses personnes, je connais les nuits à pleurer à cause de mon image, ce moment où l’on dit qu’on aime son corps enfin la partie en dessous et celle au-dessus du ventre, cette pensée folle d’attraper une paire de ciseaux pour couper tout ce gras (ne le faites pas), ces régimes où après tant d’efforts et de restriction pour perdre quelques kilos, on se sent comme une merde incapable, car le poids est revenu.
Le souci avec l’adjectif gros, c’est que dans l’esprit de beaucoup (et du mien aussi fut un temps), ce n’est plus un simple mot, c’est une arme, une insulte, une attaque, une façon de diminuer l’autre, de lui dire qu’il est nul, incapable, inutile, gênant, écoeurant et j’en passe.
Mais qui a décidé de changer le sens profond de cet adjectif ?
Les mots ont un pouvoir, c’est à nous les grosses, celles a qui cet adjectif s’adresse, de remettre les choses en place et d’ôter à ceux qui veulent nous faire du mal ce pouvoir.
Si on laisse à ceux qui veulent nous rabaisser utiliser le mot gros ou grosse comme une insulte, on leur donne raison.
Oui, on peut être en colère contre ceux qui pense que gros est un gros mot, ceux qui nous lancent des « grosses vaches » ou pires, au lieu de simplement nous dire qu’ils ont une attirance forte ou une jalousie sans mesure pour nos atouts mammaires. Peut-être est-ce de l’ignorance, de la méchanceté, de la gêne, il est clait que sont des individus qui ne savent pas comment exprimer leurs émotions.
Dans un monde où les personnes qui ont du poids sont encore vu comme une honte, réveillent une culpabilité face à notre monde de surconsommation, il est plus facile pour certains d’essayer de nous transmettre leur malaise que de le gérer eux-mêmes.
Pourtant, au-delà de la définition du dictionnaire, l’adjectif « gros » n’a que le sens que nous voulons bien lui donner.
Laisser ceux que cela dérange avec leur gêne, c’est leur vision, leur problème, pas le vôtre.
Comme plus de la moitié des femmes en France et dans de nombreux pays, ma taille dépasse le 44.
D’après les calculs de médecin, je rentre dans le camp des gens en surpoids à l’adolescence et dans celui des obèses maintenant.
Donc oui, je suis grosse, ce n’est pas une insulte, pas plus que mince, brune, petite, brillante ou jolie.
Prendre le temps de regarder les choses en face, d’accepter un fait indéniable et de le prendre juste pour ce qu’il est important.
Être grosse ne change en rien votre valeur, votre beauté, vos qualités et tout ce que vous pouvez accomplir.
Alors la prochaine fois que vous entendrez ou lirez cet adjectif, prenez un instant et posez vous une question : Si je mets le mot ronde à la place, ou le mot beauté, ou le mot gagnante, ou le mot brune …. cela vous choquera-t-il toujours autant ?
Rien dans la vie n’a de sens, à part celui que vous lui donner !
Rappelez-vous, vous êtes bien plus qu’une grosse, vous êtes aussi une femme avec pleins de talents et de capacités.