20h35 ce soir… Zom m’appelle :
« Tu veux regarder le reportage de France 5 ? » Il avait prévu de regarder NCIS… Je lui dis que oui, j’aimerais bien mais que bon, je peux m’en passer. Il me répond qu’il a envie de le voir aussi… Je sais que ce n’est pas totalement vrai… Mais c’est trop mignon de sa part !
Donc j’ai vu le reportage (pas le débat par contre).
Et à chaud, je vous ai fait un résumé de ce que j’ai vu. Vous me direz ce que vous en pensez ?
La journaliste (commentaire de zom : ils auraient pu en choisir une qui fasse pas anorexique ! ) va donc explorer les pistes pouvant mener au « fléau du surpoids », à « l’épidémie d’obésité ».
Les 5 premières minutes, je piaffe sur mon fauteuil… Les obèses sont gros parce qu’ils mangent trop, on n’en sort pas. Ils se sont laissés aller… Mais pourquoi ? Comment ?
Rencontre avec Elodie, 25 ans, 110 kg, qui a décidé de se faire poser un anneau gastrique. Elle a des problèmes pour monter ses escaliers, elle s’essouffle vite, elle dit avoir toujours été ronde. Elle déteste le mot obèse. Elle pleure de savoir qu’elle fait partie de cette catégorie. Elle veut se faire opérer pour améliorer sa santé, mais le côté esthétique est important aussi. Elle reconnaît qu’on vit dans « la société de l’apparence ». Comment ne pas y être sensible ?
On accompagne Elodie jusqu’au bloc où le chirurgien explique que l’hôpital est passé de 30 gastroplasties à 100 par mois, pas parce que les obèses se font plus opérer, parce qu’il y a de plus en plus d’obèses.
L’hôpital a du s’adapter aux obèses en achetant du matériel coûteux. L’anesthésiste insiste sur les problèmes posés par les obèses : « on a du mal à les piquer, à les ventiler, à réanimer, les interventions sont plus risquées, on a du mal à prendre la tension (forcément avec du matos trop petit…) ». A l’entendre on a l’impression que les obèses le font exprès… Et on coûte cher…
« La chirurgie c’est le capital survie d’Elodie » dit son chirurgien. « Sans intervention, dans 10 ans elle aura du diabète, de l’hypertension, du cholestérol. La perte de poids est garantie » … Il nous montre un anneau gastrique en expliquant succinctement le fonctionnement.
On laisse Elodie sur la table d’opération… Tout ce que retient la journaliste, c’est qu’après l’anneau, on doit faire 8 repas par jour, pas plus gros que le contenu d’une tasse. Et elle dit « ça me fait peur, comment peut-on vivre comme ça, pour toujours ? » Là ça devient plus intéressant.
Voyage vers le passé… A une époque, seuls les gros survivaient, car ils étaient les seuls à pouvoir stocker les calories pour survivre quand ils en avaient besoin. Les maigres mouraient de la moindre maladie car ils ne stockaient pas et n’étaient pas assez résistants. La nature avait donc conçu les humains les plus forts en leur permettant de stocker. Et il reste à certains d’entre nous cette capacité qui aurait fait de nous des êtres forts dans le passé, mais qui, dans nos sociétés actuelles, est totalement inutile… Mais nous stockons…
CHU de Lille, un centre de nutrition. Stage de plusieurs personnes en surpoids qui apprennent à se réalimenter. On leur apprend comment équilibrer un repas en tenant compte des spécificités régionales mais sans leur cacher que certaines habitudes ne sont pas forcément les meilleures.
Là je m’attends à entendre parler de régime… Et bien non, pas un mot ! Au contraire ! A une patiente qui demande si elle a le droit de manger certains aliments, la diététicienne répond que si on parle de « droit » c’est qu’on parle aussi « d’interdit » et que s’interdire un aliment c’est se frustrer et transgresser l’interdit et que ça conduit à l’échec… Je me sens mieux dans mon fauteuil tout à coup !
Visite au service de psychothérapie. Un médecin parle avec ses patients. Il les écoute vraiment, sans les culpabiliser, sans leur parler de régime, jamais. Il dit que ce n’est pas la solution. Il explique que le surpoids a une cause, voire des causes, et que la bouffe n’est pas le problème essentiel, elle n’est qu’un symptôme. Il parle de TAC. Il parle d’aide, de réconfort, d’absence de culpabilité, de comprendre pourquoi et de soigner par la thérapie, pas par le régime. J’aime cet homme !
Retour au stage de nutrition. La psychologue n’est pas là, elle est en congé maternité et non remplacée. Le cuisinier qui aide les patients dans la confection de menus est malade. Non remplacé. Le directeur dit que c’est la faute du budget. Mais les patients alors ? demande la journaliste. Haussement d’épaule. Les patients sont dans la nature… L’obésité, ça y est on l’a bien compris, c’est long à soigner et ça coûte… Y a plus urgent. Pourtant on coûtera plus cher à la sécu dans les années qui viennent, à cause de toutes les maladies liées à l’obésité. Mais on perd de 5 à 7 ans d’espérance de vie. Je n’ose comprendre…
Le psychothérapeute reçoit un monsieur d’une soixantaine d’années. Il pèse 170 kg. Il est en fauteuil roulant, une de ses hanches a lâché et à cause de son poids on ne peut pas l’opérer. Il explique son régime au thérapeute : 60 grammes de pommes de terre sans beurre OU deux tranches de pain. Il voudrait maigrir pour aller mieux. En deux mois il n’a perdu « que » 7 kilos. Il est découragé. Pour lui c’est une goutte d’eau dans la mer, pas du tout en rapport avec la souffrance qu’il s’inflige… Les larmes lui montent aux yeux… Le thérapeute lui dit doucement « mais comment espérez vous tenir à ce rythme là, avec autant de souffrance ? »
Pour trouver qui est responsable, on ira faire un tour auprès de l’industrie agro alimentaire. Rien n’est de leur faute. Ce sont les consommateurs qui consomment mal et c’est tout. Aucun produit n’est mauvais. Ce sont les consommateurs qui en consomment trop…
Voyage au pays de la nourriture industrielle. Bourrée d’omega 6 qui favorisent l’accroissement du nombre et de la taille des adipocytes. Pas assez d’omega 3. Nous mangeons de plus en plus de graisses saturées… Alors pourquoi ne pas préférer l’allégé ?
Petite visite à mon magazine de consommateurs préféré. L’allégé ? Ca ils connaissent ! Ils ont fait des tests et peuvent en parler preuve à l’appui. On nous montre un paquet de biscuits Failletine, des petits roulés à la confiture de fruits rouges. Sur le paquet, en gros caractères on voit : 7% de matières grasses. Puis on nous montre un paquet de biscuits roulés à confiture de fruits rouges d’une marque de distributeur… Le produit affiche 4,5% de matières grasses…
L’allégé est bien allégé mais par rapport à quoi ? Par rapport aux biscuits non allégés de la même marque… Du faux allégé… De la publicité bien faite, c’est tout. On nous vend ce qu’on a envie de croire…
Intervention d’un médecin nutritionniste : les produits allégés sont un leurre, d’un point de vue nutritionnel mais aussi pour l’organisme. En schématisant, l’absorption de sucre fait sécréter de l’insuline. Et l’insuline elle-même permet de transformer une partie des sucres en graisses. Le simple « goût sucré » fait produire de l’insuline et donc aide au stockage des graisses. Manger du faux sucre, c’est fabriquer de la graisse…
Un petit tour à l’école. On apprend que depuis la suppression de la collation, les enfants ont meilleur appétit le midi et mangent de tout. La collation était souvent servie trop tard, elle est trop riche. Pourtant 80% des écoles continuent à la fournir aux enfants.
Voyons la cantine. De plus en plus des diététiciennes élaborent les repas, en essayant de flatter la vue et le goût. Difficile… Pour des raisons budgétaires, les produits utilisés dans la fabrication des repas sont souvent de qualité inférieure… La circulaire restauration ? Oui bien sûr… Mais ce n’est qu’une circulaire, elle a valeur de conseil, pas d’obligation…
Visite médicale. Les enfants en surpoids sont détectés de plus en plus tôt et on prévient les parents. Si un surpoids, ou un risque de surpoids est détecté, l’enfant doit consulter son médecin traitant. Là non plus on ne parle pas de régime. Juste de surveillance sans priver les enfants, et en les laissant être des enfants.
Justement les enfants… et leurs parents ? Les enfants passent trop de temps devant la télé ou les jeux vidéos. Ils ne bougent pas assez et s’alimentent souvent mal. Un parent ne doit pas priver l’enfant de plaisir. Mais le plaisir ce n’est pas forcément à volonté.
Le plaisir dans les distributeurs de friandises ? Ils ont disparu des écoles c’est vrai. Mais ils sont partout ailleurs, dans les salles d’attente, dans les gares, sur les lieux de travail, dans la rue… On passe de moins en moins de temps à table mais de plus en plus de temps à s’alimenter. Parce qu’on mange ailleurs et en dehors des repas.
Malo 10 ans est en surpoids. Il n’aime pas le sport. Il n’aime pas les légumes. Il est suivi dans un service hospitalier. Le médecin implique la maman, qui rentre tard le soir, qui est seule pour élever ses enfants et qui déteste cuisiner… Il ne la culpabilise pas. Il lui rappelle seulement qu’elle a aussi le droit de dire non.
Mais ils aiment quoi les enfants ? La journaliste emmène 3 enfants dans une grande surface, leur donne un caddie et ils doivent choisir ce qu’ils veulent manger pour 3 repas. Que choisissent-ils ? Avant tout les produits qui offrent un cadeau ! Une figurine de dessin animé, des crayons de couleur, des magnets… Ensuite ils choisissent les nouveautés en priorité. Puis les produits vantés par la pub, dont ils connaissent les jingles par cœur.
Petit tour au Bureau de Vérification de la Publicité. Oui il y a des contrôles sur la pub pendant les émissions pour les enfants. On ne doit pas montrer d’enfants oisifs en train de grignoter, mais à part ça, tout est permis. Et en priorité à ces heures là c’est pub friandises, pub bonbons, pub céréales… Oui mais la pub n’est pas responsable de tout ! Et elle fait travailler plein de gens. Maintenant si vous voulez un pays sans pub hein…
Mais au fait et le décret ? Celui sur les messages sanitaires ? La loi du 9 août 2004 ? Sur les les friandises, les barres chocolatées, les boissons sucrées, les plats cuisinés…il doit y avoir un message sanitaire analogue à ceux imprimés sur les paquets de cigarettes ou les bouteilles d’alcool « Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour » ; « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » ; « Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas » ; « Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière ».
Où sont ils ? Ah c’est pas si simple… Retour vers l’agro alimentaire… Non nous n’avons pas négocié avec les parlementaires ! Mais non, bien sûr… La journaliste a des doutes…
Elle a raison : Extrait du journal « Le Monde » du 6 septembre 2006 :
« Il aura fallu plus de deux ans depuis le vote de la loi, et une longue concertation avec les industries alimentaires et les ministères de l’économie et de l’agriculture, pour voir aboutir cette mesure controversée lors des débats parlementaires. L’arrêté et le décret seront transmis avant la fin du mois au Conseil d’Etat. »
Alors qui est coupable ? Les consommateurs ? La publicité ? Les services de santé ? L’école ? Les parents ? L’hérédité ? L’industrie agro alimentaire ? Les politiques ?
Un reportage intéressant, qui aurait mérité de s’attarder plus sur chaque « responsable potentiel » mais un tour d’horizon assez complet.
Mais en tout cas, à aucun moment on ne prône les régimes, au contraire. La journaliste dit bien que les médecins reconnaissent s’être trompés sur les régimes. Il faut réapprendre à manger, de tout, avec plaisir, autrement.
Rien que pour ça je ne regrette pas cette heure passée devant France 5.
« Il y a plus de 10 ans, l’OMS qualifiait déjà l’obésité de « fléau mondial ». Qu’en est il du phénomène aujourd’hui en France ? Plus de 10% des adultes et 15% des enfants souffrent d’un excès pondéral. C’est un chiffre alarmant, surtout si l’on considère les dangers induits, comme les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou l’arthrose. » (Télé 7 jours)
« Gaëlle Germain est allée interroger médecins, chercheurs, psychologues, nutritionnistes, sociologues et patients, mais aussi politiques, industriels de l’agroalimentaire et membres d’associations de consommateurs.
Une enquête qui met en exergue les causes multiples de ce problème de santé publique, désormais considéré par l’Organisation mondiale de la santé comme un véritable « fléau mondial » (site de France 5)
Suivi d’un débat sur l’obésité à 21h35 :
« Parmi les grands problèmes de santé publique, l’obésité est sans doute celui qui progresse le plus rapidement. En France, on estime à 55 000 par an le nombre de victimes de l’obésité » (Télé 7 jours)