Je t'explique 2douille (mais attention, je t'explique la version officieuse, pas celle qu'un bon politicard te servira en te parlant de respect envers nos aînés, de solidarité et qu'un jour on sera nous aussi des vieux et gnagnagna

).
Donc en 2003, voilà -t-y pas que la météo se met à faire des siennes en juillet et que la température grimpe.
"Ca durera pas !" qu'ils ont pensé au gouvernement, échaudés (ou plutôt refroidis) par les été pourris qu'on se traine depuis 1997.
Manque de bol ça durait... "Mais non c'est fini ça durera pas !" qu'y disaient... Et voilà que les gens commencent à mourir... Mais bon ça allait pas durer, on n'allait pas déranger les politiques en vacances en plein mois de juillet, alors qu'ils barbotaient dans leurs piscines en se tapant un ptit jaune bien frais non ? Ca se fait pas ! Et puis les vieux ça meurt un jour ou l'autre de toutes façons, alors un peu plus tôt ou un peu plus tard hein... Ca ferait moins de retraites à payer, pissétou !
Mais voilà que ça continue à chauffer et à tomber... Ca commençait à faire mauvais genre... Ca râlait : "y foutent quoi au gouvernement pendant qu'on crève ? Y se trempent le cul dans la mer ?" Ben oui...
Et puis ça s'est encore accéléré, il a fallu mettre des morgues de fortune un peu partout, les pompes funèbres pouvaient pas suivre, les hôpitaux non plus. Et y a un ptit médecin urgentiste qui a osé dire tout haut aux politiques ce que le peuple grognait depuis plusieurs jours : "il faut qu'il en crève combien pour que vous vous bougiez le cul ?"
Alors là , ça a bougé ! Et que tout le monde revienne de vacances, y a le feu au lac !
Mais ils étaient à peine revenus, tout bronzés et détendus, (on était dans la 1e dizaine d'août) que la météo est devenu plus clémente.
Nos politiques se sont dit qu'on arriverait bien à noyer le poisson. Y en avait pas tant que ça des vieux qui étaient morts pendant qu'ils ne faisaient rien ! Si ? Quoi ? Plus de 10000 ? Près de 13000 ? Voire 15000 Ah bon ? Tant que ça ? Ah zut ! Car risquait de pas le faire là ... Heureusement qu'on n'était pas en année électorale !
Alors il fallait trouver une idée, histoire de partager la culpabilité pour tous ces morts. La culpabilité c'est mieux quand c'est partagé, c'est moins lourd à porter. Et le mieux c'est de faire râler les français. Le français pendant qu'il râle, il fout la paix !
Donc nos politiques nous ont sortis le refrain de la solidarité, comme quoi on peut tous être solidaires pour sauver nos vieux de la mort si la météo s'emballe. Histoire qu'on se sente responsable d'une situation qui était pourtant non pas prévisible, mais qui aurait pu être atténuée si des mesures avaient été prises plus rapidement.
C'est dur de résister à l'appel à la solidarité, on se sent minable si on le fait... Et puis c'est vrai qu'on sera vieux... Et qu'on a des parents, des grands parents...
Et hop, une journé de solidarité où on bosse gratos pour pallier les manques de politicards en vacances !
L'année suivante ils ont distribué des vapos de flotte aux personnes âgées mais ils ont eu du bol, l'été a été pourri.
Depuis... Ben moi j'ai rien vu de spécial. Et je suis prête à parier ma paye et un Bounty que si la canicule recommence un jour, on se retrouvera dans la même situation qu'en 2003.
Pourquoi ? Parce que les élans solidaires, c'est comme le soufflé au fromage, au bout d'un moment ça retombe. Parce que la journée de solidarité c'est du flan, la canicule c'est un prétexte. Le vrai problème c'est qu'on vit de plus en plus vieux et que la prise en charge des personnes âgées coûte cher pour des gens qui ne rapportent plus rien et qui au contraire coûtent à la collectivité.
Et ce n'est pas avec une journée de solidarité que ça va régler le problème (même si momentanément ça peut faire illusion). Ca fait des années que les démographes attirent l'attention sur ce problème mais comme d'habitude, on va attendre qu'on soit bien coincés dedans pour faire quelque chose... Une semaine de solidarité peut-être ?
