Je suis tombée sur cette discussion par hasard et j'aimerai y ajouter mon histoire. Je pense que ma situation était proche de celle de ces filles pro-ana. Il y a trois ans, à mon entrée au lycée, moi et mes amies avons commencé à vouloir maigrir. Au début, ce n'était qu'un jeu, un défi "et si on perdait 2 kilos?". Pourtant, nous étions toutes déjà très minces, je crois qu'aucune d'entre nous ne faisait plus que du 36. C'était facile de sauter des repas, puisqu'on savait que tout le groupe faisait pareil. Celles qui craquaient, on se moquait d'elles.
Mais les choses ont commencé à dégénérer, pour moi en tous cas. Je ne savait plus m'arrêter, je n'étais plus capable de manger. Alors qu'avant je me savais mince, jolie, maintenant je me trouvais laide, énorme. Plus je maigrissais, plus j'avais honte de moi, je me cachais.
Il faut dire que mes parents ne m'aidaient pas. Je vis dans les beaux quartiers parisiens, je fais partie de la "jeunesse dorée". Et croyez moi, ce n'est pas tous les jours un cadeau. Quand je rentrais chez moi et que j'apprenais que mes parents étaient encore partis pour le week-end, que j'allai rester toute seule dans le grand appartement avec seulement la femme de ménage, et que mon père au lieu d'un mot me laissait seulement sa carte de crédit, j'étais désespérée. Et je disait "ne craque pas, contrôle toi". Et ce contrôle, ça passait aussi par la nourriture. Contrôler mes émotions, c'était contrôler mon alimentation. Alors je ne mangeais plus, pour me sentir forte.
J'ai fini par peser 38 kilos pour 1,65 m. Mon médecin m'a fait entrer à l'hôpital d'urgence. J'y suis restée trois mois. Au début, je refusais de voir qu'il y avait un problème, je ne pouvais pas être anorexique puisque les anorexiques sont minces et moi, je me voyais énorme.
Mais à l'aide d'un psy, j'ai fini par comprendre mon problème. J'ai recommencé à manger et je suis sortie de l'hôpital.
Aujourd'hui je vais mieux. Je pèse 48 kilos (pas énorme, mais c'était mon poids "avant"), et je m'aime enfin.
Je ne cherche pas à réhabiliter les anos, mais si on le devient, c'est aussi à cause d'une vraie soufrance. Je ne sais pas si sans ce pari stupide entre amies je ne serais pas tombée malade. Le fait est que cette quête de la minceur a déclenché quelque chose de plus profond en moi, et je suis devenue ano.
Voilà , c'était mon histoire (un peu longue...). J'espère qu'elle vous aidra à comprendre que l'ano est un vrai problème mental, et que le dialogue, l'affection peuvent empêcher des filles comme moi de tomber dedans.