Patty a écrit :On considère qu'il y a maladie alcoolique quand il y a consommation régulière et excessive et dépendance à l'alcool, même modérée. Au bout d'un certain temps vient se rajouter un autre paramètre : l'augmentation de la quantité d'alcool ingérée.
Une personne qui boit un verre de vin par jour (comme ta maman CC

) mais qui peut tout à fait s'en passer pendant plusieurs jours sans ressentir de manque pendant ce temps, voire qui peut envisager de ne plus boire du tout, ne souffre pas d'alcoolisme.
Une personne qui boit trois verres de vin par jour et ne peut s'en passer, et a des réactions de manque si elle doit le faire (nervosité, irritabilité...) a un problème.
La consommation régulière ne veut pas dire quotidienne. Un jeune qui se soule tous les 15 jours mais ne boit pas le reste du temps a aussi un problème. Quelqu'un qui boit un apéritif tous les soirs et ne peut s'en passer sans ressentir de manque a un problème.
En fait la maladie alcoolique est réelle quand il y a dépendance physique et/ou psychique.Des jeunes qui ont bu des années et ont arrêté ont été alcooliques. Ils ont simplement réussi à s'en sortir, leur dépendance ne devait être que physique (ils aimaient la sensation physique d'être bourrés)ou psychique (ils aiment la sensation psychique que procure l'alcool), rarement les deux. Dans les deux cas, l'alcool était lié à un plaisir d'être ensemble, c'était un moyen de reconnaissance social. Et ça, normalement on peut s'en sortir.
Quand la dépendance est physique et psychique, on est dans la maladie alcoolique chronique dont on ne sort pas du jour au lendemain. Les étapes de la maladie ne sont pas les mêmes.
Les jeunes dont j'ai parlé plus haut commencent souvent avec des doses assez hautes et ne les augmentent pas ou peu. Ils ne boivent que dans certaines circonstances, dans certains lieux, avec certaines personnes et peuvent très bien ne pas boire en dehors de ces moments. Normalement, ça ne leur viendra pas à l'idée de se taper une bouteille de whisky à 8h du matin avant le boulot. Dans leur cas, il s'agit presque toujours d'alcoolisme aigu, qui ne se transforme pas forcément en alcoolisme chronique.
Un malade alcoolique aura besoin de toujours plus d'alcool pour avoir le sentiment de se sentir bien, jusqu'au jour où même de très grandes quantités ne lui suffiront plus et où il aura besoin de boire à n'importe quelle heure, lui boira sa bouteille de whisky à 8h avant d'aller au boulot. Puis encore dans la matinée, puis le midi, la journée, la nuit... L'alcoolisme devient chronique.
Dans l'alcoolisme chronique, le malade n'est plus vraiment dépendant de l'alcool lui-même, mais d'une substance fabriquée par son cerveau : la tetrahydropapaveroline (on voit qu'il y a papaver dans le mot, ce qui signifie pavot en latin. La substance fabriquée est chimiquement proche de la morphine et elle a les mêmes effets que la drogue).
Seule la consommation d'alcool permet au cerveau de synthétiser cette substance et il en faut de plus en plus, donc de plus en plus d'alcool. La synthèse est relativement longue à se mettre en place pour atteindre un taux qui crée une très forte dépendance, mais une fois que c'est fait, le cerveau se souvient de la quantité qu'il délivre et ne la baissera plus.
Si l'alcoolique arrête de boire, le cerveau ne fabriquera plus la substance et il faudra un sevrage, comme pour la drogue.
Mais si l'alcoolique reboit, même une très petit quantité, le cerveau recommence à sécréter à la quantité à laquelle il s'était arrêté, il ne repart pas de zéro, et cela dès la première goutte d'alcool. La dépendance revient donc extrêmement vite (en quelques jours on se retrouve au même stade qu'avant le sevrage, même si on a été abstinent pendant plusieurs années). C'est pour ça qu'un alcoolique qui ne boit plus ne doit pas ingérer une seule goutte d'alcool (certains parviennent à boire une coupe de champagne pour Noël par exemple, mais pas avant de nombreuses années et ils doivent faire très attention).
Ce qu'il faut distinguer c'est donc l'alcoolisme aigu (on est bourré et on aime ça mais l'alcoolisation reste cantonnée à des circonstances particulières) et l'alcoolisme chronique (on boit tout le temps et il faut de plus en plus d'alcool). Les deux ne se traitent pas de la même façon.
Ensuite il faut retenir la notion de quantité, de régularité et de dépendance physique ou psychique. Si on boit trop, régulièrement et si on est dépendant, on a un problème d'alcool.
Je remercie mon mari qui m'a aidée à rédiger ce post et qui espère, en parlant de son expérience d'alcoolique, aider ceux qui rencontrent ce problème et surtout démontrer qu'on peut s'en sortir.