[après relecture, j'ai fait long, j'ai témoigné. Passez votre chemin, ou bien prenez juste ce que vous voulez ]
Coucou toi,
Je suis dans la catégorie "abusée sexuellement de 10 à 14 qui n'a pas porté plainte". J'ai 29 ans, donc fini.
Chaque histoire est infiniment différente, mon exemple n'est donc pas à mettre en relation avec ton histoire.
Pour ma part, j'ai tout sorti à 17 ans, c'est sorti comme on vomit, tu dois connaitre. A cette époque tout le monde m'a cru (en tous cas tous les gens pour qui c'était important pour moi). Au début, enfin convaincue pour la première fois depuis 7 ans que je n'étais pas coupable mais victime, j'étais partie pour porter plainte. J'ai entamé en même temps un suivi psy.
Et puis un jour j'ai été dépossédée de mon histoire. A force de me croire, j'étais devenue la victime, victime donc incapable de faire le bon choix, la victime étiquetée victime. J'avais 17 ans, j'étais beaucoup plus jeune que tu ne l'es aujourd'hui. J'avais besoin de reconnaissance, mais pas comme ça. Mon père a voulu porter plainte à ma place, il a tellement été dévasté personnellement par cette histoire ! Mais ça ne lui donnait pas le droit de faire les choses à ma place sous prétexte que j'étais encore mineure.
En parallèle, comme c'est "sorti", les 2 coupables ont été informés (un peu violemment, pour le coup ! Gniark), ils ont été incriminés, l'un des deux a reconnu, il s'est excusé, ses parents m'ont soutenus, nous avons pu échanger sur ma souffrance. En fait c'était de ça dont j'avais le plus besoin. L'autre a nié, je me suis fait insulter par sa mère.
Et puis il y a eu un besoin de reconnaissance de la part du corps médical, ma psy en l'occurrence. Au début ça allait, bien sûr, c'est même mon histoire qui m'a ouverte toutes grandes les portes du CMP pour ado. Et au bout d'un an, j'avais l'impression qu'elle me disait "vous n'êtes pas victime, en faite, vous vous victimisez, mais il ne vous est rien arrivé". Ce n'était pas du tout ce qu'elle me disait, bien sûr, mais ça a été le deuxième effet kiss cool, je l'ai pas bien vécu. Un jour je le lui ai dit : "mais en fait vous estimez que je ne suis pas victime, c'est de ma faute en fait !" (l'énorme dichotomie, ce manichéisme de l'agression sexuelle : si tu n'es pas victime, tu es coupable. Il n'y a pas de juste milieu).
Je te donne sa réponse, telle que je l'ai comprise, telle que je l'ai retenue, c'était il y a plus de 10 ans, s'pas... : "non, ce n'est pas ce que je dis. Ce que vous avez vécu, c'est grave, c'est très grave. On ne le souhaite surtout à personne. Mais il ne faut pas que vous le viviez comme un traumatisme". Il faut que je guérisse, c'est comme ça que je l'ai compris. C'est une très mauvaise expérience de vie, sans doute l'une des pires expériences pour découvrir la sexualité, voilà , c'est dans mon histoire, je la referais pas. Mais ça ne déterminera pas mon destin !
Bien sûr, tout n'est pas si rose. J'ai mis 10 ans à me réapproprié ma sexualité. Si mes problèmes de poids ne sont plus un problème pour moi, mes variations pondérales... bref tu connais. Quant au couple, je ne connais enfin sa sérénité et son bonheur que depuis un an, il m'aura fallu du temps aussi, et il faut encore que je définisse ma position dans le couple. Mais je ne regrette pas de ne pas avoir porté plainte. Bien sûr, juste avant la prescription, c'est revenu me titiller (c'est revenu régulièrement). Finalement, en relisant les textes de loi, je me suis rendue compte que dans mon cas, la prescription était déjà passée depuis longtemps. Pas de regret ! Plus de question à se poser, ça fait du bien, en ce qui me concerne.
Mais je me rends compte que j'ai eu beaucoup de chance. Mon histoire, c'est mon histoire.
Et bien sûr, je suis pour la justice. J'ai une haute idée de la justice.
Aussi si tu souhaite porter plainte, alors fais-le. Effectivement, première chose à faire, consulter un avocat pour vérifier la validité.
Si tu le fais, si tu as besoin, tu auras mon soutien (et sans doute celui de toutes les personnes sur ce forum). Indéfectible, régulier, c'est un marathon, mais je pense parler au moins pour les gens qui ont parlé sur ce post, on sera là .
Par contre, je le dis pour tous les autres, les biens pensants, les bons conseils : je me fiche de son futur ! J'ai horreur des gens qui disent "mais si tu ne porte pas plainte, il recommencera, tu ne te le pardonneras jamais !" Mais foutez nous la paix avec votre culpabilité à deux balles ! S'il refait quelque chose, c'est SA faute, pas la mienne ! N'en jetez plus, nous avons suffisamment à faire avec notre reconstruction !
Pardon, je me suis lancée dans un témoignage, ce qui n'était pas forcément mon but. Je voulais juste dire "bon courage !". Et puis bon...
BON COURAGE ! :kiss:
Coucou toi,
Je suis dans la catégorie "abusée sexuellement de 10 à 14 qui n'a pas porté plainte". J'ai 29 ans, donc fini.
Chaque histoire est infiniment différente, mon exemple n'est donc pas à mettre en relation avec ton histoire.
Pour ma part, j'ai tout sorti à 17 ans, c'est sorti comme on vomit, tu dois connaitre. A cette époque tout le monde m'a cru (en tous cas tous les gens pour qui c'était important pour moi). Au début, enfin convaincue pour la première fois depuis 7 ans que je n'étais pas coupable mais victime, j'étais partie pour porter plainte. J'ai entamé en même temps un suivi psy.
Et puis un jour j'ai été dépossédée de mon histoire. A force de me croire, j'étais devenue la victime, victime donc incapable de faire le bon choix, la victime étiquetée victime. J'avais 17 ans, j'étais beaucoup plus jeune que tu ne l'es aujourd'hui. J'avais besoin de reconnaissance, mais pas comme ça. Mon père a voulu porter plainte à ma place, il a tellement été dévasté personnellement par cette histoire ! Mais ça ne lui donnait pas le droit de faire les choses à ma place sous prétexte que j'étais encore mineure.
En parallèle, comme c'est "sorti", les 2 coupables ont été informés (un peu violemment, pour le coup ! Gniark), ils ont été incriminés, l'un des deux a reconnu, il s'est excusé, ses parents m'ont soutenus, nous avons pu échanger sur ma souffrance. En fait c'était de ça dont j'avais le plus besoin. L'autre a nié, je me suis fait insulter par sa mère.
Et puis il y a eu un besoin de reconnaissance de la part du corps médical, ma psy en l'occurrence. Au début ça allait, bien sûr, c'est même mon histoire qui m'a ouverte toutes grandes les portes du CMP pour ado. Et au bout d'un an, j'avais l'impression qu'elle me disait "vous n'êtes pas victime, en faite, vous vous victimisez, mais il ne vous est rien arrivé". Ce n'était pas du tout ce qu'elle me disait, bien sûr, mais ça a été le deuxième effet kiss cool, je l'ai pas bien vécu. Un jour je le lui ai dit : "mais en fait vous estimez que je ne suis pas victime, c'est de ma faute en fait !" (l'énorme dichotomie, ce manichéisme de l'agression sexuelle : si tu n'es pas victime, tu es coupable. Il n'y a pas de juste milieu).
Je te donne sa réponse, telle que je l'ai comprise, telle que je l'ai retenue, c'était il y a plus de 10 ans, s'pas... : "non, ce n'est pas ce que je dis. Ce que vous avez vécu, c'est grave, c'est très grave. On ne le souhaite surtout à personne. Mais il ne faut pas que vous le viviez comme un traumatisme". Il faut que je guérisse, c'est comme ça que je l'ai compris. C'est une très mauvaise expérience de vie, sans doute l'une des pires expériences pour découvrir la sexualité, voilà , c'est dans mon histoire, je la referais pas. Mais ça ne déterminera pas mon destin !
Bien sûr, tout n'est pas si rose. J'ai mis 10 ans à me réapproprié ma sexualité. Si mes problèmes de poids ne sont plus un problème pour moi, mes variations pondérales... bref tu connais. Quant au couple, je ne connais enfin sa sérénité et son bonheur que depuis un an, il m'aura fallu du temps aussi, et il faut encore que je définisse ma position dans le couple. Mais je ne regrette pas de ne pas avoir porté plainte. Bien sûr, juste avant la prescription, c'est revenu me titiller (c'est revenu régulièrement). Finalement, en relisant les textes de loi, je me suis rendue compte que dans mon cas, la prescription était déjà passée depuis longtemps. Pas de regret ! Plus de question à se poser, ça fait du bien, en ce qui me concerne.
Mais je me rends compte que j'ai eu beaucoup de chance. Mon histoire, c'est mon histoire.
Et bien sûr, je suis pour la justice. J'ai une haute idée de la justice.
Aussi si tu souhaite porter plainte, alors fais-le. Effectivement, première chose à faire, consulter un avocat pour vérifier la validité.
Si tu le fais, si tu as besoin, tu auras mon soutien (et sans doute celui de toutes les personnes sur ce forum). Indéfectible, régulier, c'est un marathon, mais je pense parler au moins pour les gens qui ont parlé sur ce post, on sera là .
Par contre, je le dis pour tous les autres, les biens pensants, les bons conseils : je me fiche de son futur ! J'ai horreur des gens qui disent "mais si tu ne porte pas plainte, il recommencera, tu ne te le pardonneras jamais !" Mais foutez nous la paix avec votre culpabilité à deux balles ! S'il refait quelque chose, c'est SA faute, pas la mienne ! N'en jetez plus, nous avons suffisamment à faire avec notre reconstruction !
Pardon, je me suis lancée dans un témoignage, ce qui n'était pas forcément mon but. Je voulais juste dire "bon courage !". Et puis bon...
BON COURAGE ! :kiss: