Licencier un salarié en France, en CDI ou non, n'est pas "difficile", il y a une procédure à respecter, qui permet notamment de ne pas permettre à l'employeur de licencier un salarié sans motif. S'il s'agit d'une restructuration, il est là aussi possible de licencier, nous avons trop souvent entendu parler de plans sociaux dans les entreprises pour penser que le CDI empêche les entreprises de licencier, et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Tu étais jeune, il s'agissait d'un emploi saisonnier, tu l'as eu en ayant de bons arguments, bravo. Alors, oui, de l'emploi précaire, peu rémunéré, à temps partiel et sans perspective d'évolution, il y en a, il est d'ailleurs souvent féminin. Cela permet-il de vivre, ou même de survivre ? Non, c'est d'ailleurs pour ça que certaines personnes cumulent RSA et emploi. Et puis, accepterais-tu à 25 ans une telle précarité avec un bac+5 ? A 30 ans ? A 50 ans ? Quelle qualité de vie de famille proposes-tu ? Comment rabattre ses prétentions quand on a des enfants à nourrir ? Un prêt à rembourser ?
Ce n'est pas que ce n'est pas facile de trouver un travail, c'est que pour les personnes dont les qualifications ne correspondent pas à la demande du marché, actuellement, dans certaines régions, c'est impossible. Je connais quelqu'un qui travaille à Pôle Emploi, et son portefeuille est plein de personnes qui accepteraient n'importe quel emploi. Elle n'en a pas à leur proposer, même des emplois aidés. La dernière fois, j'étais à la boulangerie et un jeune est venu demander s'ils embauchaient, et a laissé son CV. J'ai demandé à la vendeuse si ça arrivait souvent, elle m'a répondu quasiment tous les jours. Déménager dans une région plus dynamique économiquement ? Pourquoi pas ? Sauf qu'avec un SMIC, même à supposer que l'emploi soit à temps plein, en région parisienne ou dans les autres grandes métropoles, concrètement, je ne sais pas comment c'est possible de faire vivre une famille.
Et concernant les Etats-Unis, si la statistique et le discours officiel font effectivement référence à un taux de chômage proche du plein emploi, pour pouvoir comparer à la situation française, il faut opérer des ajustements, j'en vois au moins deux. Si la France avait un taux de population active incarcérée semblable aux Etats-Unis, ce n'est pas 60 000 détenus dans les prisons que nous aurions, mais 600 000 (oui, un peu moins de 1% de la population). Et puis, le taux d'activité des femmes aux Etats-Unis est de 75%, il est de 80% en France. Pour décoder, les femmes mariées avec enfants aux Etats-Unis se déclarent mères au foyer, en France, elles recherchent un emploi. Si on rectifie les biais statistiques, le taux de chômage aux Etats-Unis est semblable au nôtre.
Et ce, alors même que comme tu le signales, la qualité des emplois est souvent médiocre, sans couverture santé (alors que leurs dépenses de santé sont plus élevées en proportion qu'en France), sans cotisation à la retraite (c'est pourquoi il n'est pas rare de voir des personnes de 70 ans emballer les courses car la "social security", leur minimum vieillesse, ne suffit pas, même pour ceux qui ont travaillé toute leur vie car les cotisations par capitalisation sont volontaires), sans plafond de la durée du travail (beaucoup cumulent deux voire trois emplois), très peu de jours de congés (le standard est de 10j par an). Et sans compter l'aide sociale, sachant que 42,7 millions d'américains bénéficient du food stamp program (oui, oui, il s'agit bien de bons alimentaires), soit un peu moins de 15% de la population.
Donc non, s'il y a de quoi trouver de l'inspiration aux Etats-Unis, comme le dynamisme, le volontarisme et l'envie d'entreprendre de la population, clairement, la situation économique n'en fait pas partie à mon avis. Je présente mes excuses à Poirier pour cette longue digression.