Crier, au final, ça sert juste à faire passer les gens pour des hystériques.
Mais on peut en fait crier pour plusieurs raisons :
- on est réellement hystérique
- on a l'impression (justifiée ou non) d'être victime d'injustice (ça c'est mon cas lorsque je crie)
- on se sent blessé, insulté, par les mots, les agissements, les regards, les silences plus ou moins lourds de signification de la personne contre qui on crie (ça ça peut aussi être mon cas)
- on ne connaît que cette façon de s'exprimer parce que c'est le "modèle" que l'on a reçu et/ou parce qu'on ne connaît presque que des personnes qui s'expriment ainsi
- on n'a pas confiance en soi et on croit que crier nous donne de la contenance
- on essaie de s'adapter à l'interlocuteur parce qu'on a l'impression que sans crier on n'a pas de résultat (parfois ça s'avère vrai)
- on a l'impression d'être tellement transparent chez soi, d'être entouré de personnes qui se regardent le nombril, qu'on veut à la fois leur crier qu'on existe et leur renvoyer le dégoût qu'ils nous inspirent par le biais de mots plus ou moins virulents
- on ressent une profonde souffrance pour une raison X ou Y que tout le monde n'a pas forcément remarquée (parfois on vit à côté des gens au lieu de vivre avec)
- on crie plus contre soi que contre les autres, même si ça ne paraît pas évident.
Personnellement, j'ai essayé le traitement contre la dépression. Je le déconseille comme "solution" sauf si l'entourage est "sain". Lorsque je le prenais j'étais tellement "gentille" qu'on voulait me faire gober tout est n'importe quoi, on en profitait largement. Résultat, quand j'ai jugé que n'être plus dans mon état normal ne m'intéressait plus, j'ai stoppé mon traitement et... j'étais trois fois plus en colère parce qu'on avait profité de moi plutôt que de m'aider.
De la même façon, lorsque je vivais encore chez mes parents, ma mère criait "pour un rien" (enfin, c'est l'impression que j'en avais mais, quelques discussions de femme à femme plus tard, je comprends). Alors quand on voyait l'état dans lequel elle se mettait on faisait ce qu'elle demandait jusqu'à ce qu'elle se calme et quelques jours plus tard on avait oublié et tout laissé tombé. Au résultat elle se sentait encore plus blessée parce qu'elle avait l'impression qu'on ne faisait pas les choses parce que c'était "bien" ou pour lui faire plaisir mais juste pour qu'elle se taise. Par contre, lorsqu'elle en est venue à m'insulter j'ai quitté la maison. Depuis elle va en se calmant et notre relation est apaisée.
De la même façon, se taire ou parler calmement ce n'est pas forcément toujours la solution. En effet, selon les personnes ça peut avoir l'effet inverse. En se taisant on peut toujours se dire "en fait ils n'en ont rien à faire". En parlant plus calmement ou même en relativisant, la personne qui crie en vient à un moment ou à un autre à se dire "je passe vraiment pour une hystérique" et suit, de plus ou moins loin, le "c'est eux qui me font passer pour une hystérique".
En fait, tout dépend de la personnalité de la personne qui crie. On ne peut pas réagir n'importe comment sinon on peut faire empirer les choses. Mais pour savoir comment réagir il faut vraiment prendre le temps d'essayer de comprendre et de connaître les gens qui nous entourent.
Veut-on sincèrement comprendre ou veut-on juste que les cris cessent ?
Je crois que lorsqu'on a vraiment fait l'effort de comprendre on peut couper court en disant sincèrement "tu as raison". "Tu as raison" pour la simple raison qu'on ne peut pas dire aux gens qu'ils ont tort de ressentir les choses de telle ou telle façon parce qu'on n'a aucun contrôle là-dessus et eux non plus (ils ressentent les choses ainsi sans "le faire exprès"). Par contre on peut commencer à leur dire également que, de notre côté, on voit les choses autrement tout en respectant leur façon de voir. C'est nettement moins blessant que de laisser entendre (à juste titre ou non) que l'autre à tort et/ou qu'il est à moitié timbré, à condition qu'on le pense sincèrement.