Mon premier accouchement... digne d'un film des Monthy Piton du début de l'accouchement à sortie de la maternité (voire même après, parce que le gynéco que j'ai vu pour la visite des 8 semaines, il était pas piqué des vers non plus).
:arrow: arrivée à la maternité le vendredi matin parce que j'avais la poche des eaux fissurée (je mouillais légèrement ma culotte :oops: )... on m'obige aussitôt à rester allongée ( :twisted: les procédures : rupture poche des eaux = maman allongée pour éviter tout risque de précidence du cordon... sauf que là c'était absurdes, je n'avais pas perdu les eaux, le travail n'avait pas commencé et cet alitement forcé a juste réussi à m'ankyloser et à empêcher le bébé de descendre)
:arrow: dans la matinée une sage femme (très gentille, la seule dont je garde un bon souvenir) me fait un "décollement" pour aider à ce que me travail démarre.
:arrow: 17h en salle de travail, toujours allongée, on me met le monitoring... et on ne me l'enlèvera pas de toute la nuit. J'ai horriblement mal aux reins. Et les contractions deviennent pénibles. Les sages femmes passent en coup de vent de temps en temps, pour voir "où ça en est" mais ne font aucun commentaire... On regarde le monito, on regarde le col de l'utérus... mais moi, c'est comme si je n'étais pas là. Etonnée, je n'ose rien dire.
:arrow: dans la nuit (je ne sais plus à quelle heure) la douleur devenant vraiment insoutenable, je demande la péridurale. L'anesthésiste vient et passe environ 1/2 heures à chercher comment me piquer, en maugréant que ce n'est pas facile avec mon surpoids, et en me prévenant que j'ai pas intérêt à bouger sinon je peux finir paralysée. Fastoche de pas bouger quand t'en peux plus de douleur dans le bide et dans les reins. Elle fini par réussir à me piquer et je suis soulagée... pour environ une heure
:arrow: les douleurs reviennent de plus belle. La péridurale semble ne plus rien faire, je commence à être vraiment épuisée. Lors d'une visite d'une sage femme, je me risque à demander où en est la dilatation du col (puisqu'on ne me dit rien). Elle me répond 5 cm. Il est environ 4h30 du matin. Là je me sens absolument désespérée, parce que je calcule que 5cm c'est la moitié, et je ne me vois absolument pas soutenir cette douleur encore pendant plusieurs heures (évidemment, personne ne m'explique que la deuxième moitié de la dilatation est en général beaucoup plus rapide)
:arrow: 6h du mat, on m'emmène en salle d'accouchement.
Il n'y a qu'une table d'accouchement "horizontale" et je me sens paniquée (pendant la préparation, la sage femme nous avait expliqué que pour pousser, la position allongée n'était absolument pas adaptée et que la position assise donnait beaucoup plus de force et était plus naturelle. En plus, ça fait presque 24h que je suis allongée, j'ai tellement mal aux reins que je ne rêve que de me redresser). Je me permets de demander timidement à être assise. Le médecin fait la gueule, demande pourquoi, finalement, il essaie de redresser la table d'accouchement, mais celle-ci est coincée en position allongée. :twisted:
:arrow: On me demande de pousser quand je sens la prochaine contraction... sauf que je ne sens pas de contractions : j'ai abominablement mal tout le temps... Je me sens perdue, je me demande ce que je fous là. Je veux m'en aller. Je ne veux plus de bébé, je ne veux plus être là, je veux m'évanouir... J'essaie de pousser, je braille de douleur et de désespoir (j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais et je voudrais bien qu'on me laisse crever tout de suite). Quelqu'un vient m'engueuler : ça va pas de crier comme ça, je vais faire peur à toutes les futures mamans qui sont dans l'hopital.
:arrow: En parlant de futures mamans, il semble que je suis la seule à être en train d'accoucher de cette grande maternité. C'est l'heure de la relève de l'équipe de nuit : l'équipe de jour et l'équipe de nuit son là, à attendre impatiemment que j'ai fini de sortir mon mioche qui pour pouvoir aller dormir, qui pour prendre les informations pour commencer son service (on n'a pas idée d'accoucher à cette heure là). Il y a donc autour de moi une douzaine de personnes, mais parmi tous ces visages pas un ne semble comprendre la panique dans laquelle je suis, pas un ne me vient en aide, pas un ne me réconforte, j'ai l'impression d'être une bête curieuse, je veux sortir d'ici.
:arrow: Un homme en blouse blanche vient me serrer la main : "bonjour, je m'appelle Machin, je suis l'interne de garde"... puis il s'installe dans la "foule en blouse" et moi je reste interdite (si je n'avais pas si mal, j'éclaterais de rire tellement c'est la cerise sur la choucroute)
:arrow: je pousse, je pousse, mais personne ne me dit ni si on voit un bébé, ni si je m'y prends comme il faut. Au bout d'un certain temps, désespérée, je demande si on voit le bébé... "mais oui bien sûr on me répond, la tête est presque sortie"... je reprends un peu espoir et je sens soudain une brulure intense, comme si on avait marqué mon vagin au fer rouge. Je geule (tant ps pour les voisines). Je pousse encore et les voilà qui sortent mon bébé. Je vois deux mains qui le tiennent et deux mains qui le frottent dans une serviettes. Mais personne ne me dit rien.
:arrow: je finis par demander "qu'est-ce que c'est" (et je me retiens pour gueuler, bande de cons, oh, je suis là, ce bébé vient de sortir de mon ventre, vous pourriez pas arrêter de le frotter comme ça, le poser quelques minutes sur mon ventre que je puisse faire sa connaissance, et me dire si c'est une fille ou un garçon). On daigne me répondre que c'est un garçon. Je demande à lui donner le sein "vous avez bien le temps"... et ils s'en vont avec mon bébé. Le papa ne sait pas trop s'il doit rester avec moi ou avec le bébé, je lui dis de suivre son fils.
:arrow: je demande si on m'a fait une épisiotomie, on me répond oui (et je comprends que la sensation de brulure... c'était ça... j'ai su par la suite que quand c'était fait au bon moment, c'est à dire quand le périnée est archi tendu par la tête de bébé, l'épisiotomie on ne la sent pas)
:arrow: Je ne rêve plus que d'une chose : enlever mes jambes de ces horribles étriers. J'ai des crampes dans les jambes, je suis épuisée, je suis triste, je me demande ce que je fous là. Mais non, les jambes, il faut que je les laisse dans ces étriers parce que... on n'a pas fini, il faut encore virer le placenta et recoudre l'épisio.
Mais autour de moi, pffff, il n'y a plus personne. Pendant une heure, je reste seule. Je vois de temps en temps quelqu'un passer dans la pièce en coup de vent... mais apparamment, ce n'est pas pour moi. Je n'en peux plus.
:arrow: finalement, on vient on m'appuie sur le ventre pour sortir le placenta.
et ensuite... on me recouds (au départ, la sage femme voulait le faire sans anesthésie, parce que normalement, j'étais sensée rien sentir vu que j'étais sous péridurale, heureusement, sa collègue la dissuadée vu comment j'avais braillé pendant l'accouchement).
:arrow: ce n'est donc que deux heures après la naissance que je vois mon bébé, que j'essaie de lui donner le sein. Mais tout tourne autour de moi. Ce bébé, je voudrais juste qu'il n'ait jamais existé, effacer tout ce qui vient de se passer...
Voilà, j'ai réussi à regarder mon fils que 24h après sa naissance,
le séjour à la maternité a été à la hauteur de l'accouchement, avec du personnel infantilisant et culpabilisateur. Ça fait dix ans mais j'ai encore des moments de larmes et de la rage quand j'y repense. Ça n'a pas été facile après ça la relation entre mon fils et moi. Et je m'en suis beaucoup voulu des sentiments que j'avais ressentis pendant ces premières 24h.
Presque 5 ans après, j'ai eu une petite fille. Et ça a été super, à peu près tout l'inverse... il faudra que je vous le raconte... mais là j'ai été longue et je dois partir, mes petits m'attendent.