Alors, je vais venir apporter de l'eau au moulin de Dame Aliénor:
Le 23 février, un lundi, 18h. On vient de finir nos courses au biocoop, on rentre à la maison. Je me sens crevée, j'ai bossé 3 nuits de suite et il est temps que je me repose. Alors qu'on range nos légumes, je sens que "ça coule". Je vais aux toilettes, et là... Du sang. Pas beaucoup, très dilué, "rosé", comme ils disent. N'empêche que j'ai peur, j'ai peur de faire une fausse-couche. Alors je préviens mon mari, qui reste très calme, on prépare un petit sac pour notre "grande" au cas où ça dure, et on part aux urgences obs de la clinique où j'ai accouché.
Le gynéco de garde nous reçoit assez vite, je crois qu'on a dû attendre 45 mn. Il regarde, me dit que ça saigne très peu, que je m'inquiète pour rien, et décide quand même de faire une écho endo-vaginale.
Et là, c'est le drame... Dès qu'il introduit la sonde, je sens que le sang coule, et ça coule même tellement qu'il y en a par terre. Du sang bien rouge, et plein de petits caillots. Là je me dis dans ma tête "c'est bon, c'est fini". Et puis non, le gynéco me montre le sac gestationnel et ce petit bout de bébé qui mesure même pas 1 cm et qui ressemble à un petit grain de riz (d'où son surnom). Le gynéco m'explique que j'ai un hématome massif qui entoure le sac gesta et décolle le placenta, et que si les saignements ne se stoppent pas c'est la fausse couche assurée. Il me dit aussi qu'il n'y a rien à faire, juste attendre et voir si ça passe ou ça casse... Il me dit aussi de ne revenir que si je fais une fausse couche et que j'ai des contractions.
On rentre, je me sens mal, j'ai très peur... La soirée se passe, je vais 6.000 fois aux toilettes vérifier si je perds toujours du sang, ça a l'air de se tasser, le moral remonte. Je m'installe un peu devant l'ordi, je discute avec ma poulette, quand tout d'un coup je sens que je perds un truc énorme, comme quand j'avais mes lochies après la naissance de Diane. Je retourne aux toilettes, et là j'aperçois 3 énormes "pièces" anatomiques, des caillots, et ce que je pense être mon bébé. Je n'arrive plus à parler, je suis complètement héberluée, tétanisée. Quand j'arrive enfin à réagir, je vais juste chercher mon mari pour qu'il "constate", et je lui dis que je retourne aux urgences obs, afin qu'ils vérifient si tout s'est évacué ou si j'aurai besoin d'un curetage. Il est 23h, ma fille dort, j'y vais donc seule. Sur la route je ne cesse de pleurer, j'arrive aux urgences les yeux emplis de larmes, je sonne à la porte et annonce que je suis en train de faire une fausse-couche, le gynéco m'ouvre...
Il m'installe sur sa table d'examen, introduit encore cette sonde, le sang coule toujours abondamment, j'en remets encore par terre, je ne veux même pas regarder l'écran de contrôle, je refuse de voir ce néant dans mon utérus... Et là le gynéco me dit "Bon bah non, c'est pas une fausse couche hein" et j'entends le bruit le plus merveilleux du monde: le coeur de grain de riz bat, il est toujours là. Wouaaaaah... Quel soulagement!
Le gynéco me dit que le sang 'rouge' indique que je perds du sang frais, et que les choses iront mieux quand je perdrais du sang brun.
N'empêche que le risque de FC est toujours là, puisque je saigne toujours.
Je rentre, je me couche. Le lendemain matin, stressée, je vais faire mon ptit pwipwi du matin et constate que... je ne saigne plus.
Je ne saigne plus, et n'ai plus resaigné (sauf quelques minimes pertes brunes, à mille lieues des énormes caillots que j'ai perdu ce lundi soir 23 février 2009).
Alors voilà... À chaque fois que ma gynéco évoque cet épisode en me parlant de mes "petits saignements de début de grossesse", je n'ai qu'une envie: lui sauter à la gorge et l'étriper.
Si je n'étais pas allée aux urgences, j'aurai stoppé le suivi de grossesse puisque je pensais avoir perdu le bébé. J'aurai continué de bosser (et là j'aurai risqué de vraiment perdre mon bébé). Bref...
Aller aux urgences, parfois, c'est bien aussi :D