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"Silence radio"

O
50 ans paris 5
"Un silence de mort s'est abattu sur Bruxelles où la
Commission a suspendu jusqu'au 29 mai toutes les décisions sensibles
affectant la France" écrit le Financial Times du 3 mai  
2005.

Le quotidien de la City cite plus loin un haut fonctionnaire
communautaire : "Il n'y pas eu de consigne officielle de ne rien faire,
mais chacun marche sur des oeufs". La raison : il ne faut surtout pas
embarrasser, par des mesures intempestives, le gouvernement français
engagé dans une difficile bataille pour le "oui" au référendum.

Ne nous y trompons pas, ce n'est que partie remise ! Au lendemain du
scrutin, si la Constitution est ratifiée en France, il faut s'attendre
à voir ressortir du congélateur une série de projets de directives qui
ont ou auraient fait tache dans la campagne du « oui » en France. La
directive Bolkestein, bien sûr, qui n'a jamais été retirée : elle est
actuellement en discussion au Parlement et va revenir devant la
Commission (qui n'a pas renoncé au principe du pays d'origine) et le
Conseil. Une directive sur les aides publiques aux entreprises, où la
France sera sur la défensive. La directive sur les transports en
commun, qui mettra la RATP et la SNCF en concurrence avec des sociétés
privées en Ile-de-France. Et, pour couronner le tout, une directive
visant à faire passer de 48 à 65 heures la durée maximale hebdomadaire
du travail en Europe. Par un malencontreux hasard du calendrier, cette
directive vient devant le Parlement européen ce mercredi 11 mai,
presque trois semaines trop tôt...

Au ministère de l'économie et des finances, même opération de sur-place
jusqu'au référendum : la privatisation de Gaz de France aura seulement
lieu après le 29 mai, de même que l'annonce de l'augmentation des
tarifs d'EDF.

Curieusement, les tenants du « oui de gauche » ne sont pas bavards sur
ces échéances reportées. C'est bien l'union sacrée de Bruxelles à
Bercy, en passant par la Rue de Solférino...

Bernard Cassen

Titulaire d'une chaire européenne Jean-Monnet de sciences politiques,
Bernard Cassen est professeur émérite à l'Institut d'études européennes
de l'université Paris 8. Il est par ailleurs journaliste et directeur
général du "Monde diplomatique". Chaque jour, il propose sur Yahoo
Actualités des analyses critiques sur le traité établissant une
Constitution sur l'Europe et sur le débat qu'elle provoque en France et
dans le reste de l'Europe.
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