MENU Le Forum Vive les rondes Connexion

Sentiment d'être une intruse face à la mort d'un proche

38 ans 1226
J'ai regardé sur le forum, mais ca n'a rien donné.

Donc voilà. Mon Grand-Père est mort hier, dans sa chambre de la maison de retraite. Nous nous y attendions. Ses 3  
enfants étaient à son chevet quand il est parti. C'est mon seul réconfort à vrai dire.

Ca me boulverse et en même temps, j'ai l'impression que je ne devrais pas souffrir comme ça. Je me sens coupable d'avoir mal, alors qu'il s'agit du père de mon père. Que mon père, lui, a terriblement mal face à cette situation.

Des gens m'ont dit que je ne devrais pas tant m'en faire, qu'il ne s'agit pas de mon père à moi, mais de celui de mon père. Et là, je me demande si ma peine n'est pas de trop. Je redoute un peu l'enterrement. Ses enfants seront là, et je crainds de ne pas être à la hauteur face à eux.

Même mon père. J'aimerai le réconforter, mais là, il est parti voir son frère et sa soeur, et j'ai l'impression qu'il n'a pas besoin de moi, d'être une intruse dans ce décès et pourtant, je n'arrive pas à accepter.

Une autre chose a du mal à passer. Dans ma famille, ils sont croyants, mais pas moi. Mon Grand-Père a passé ses dernières années à vouloir rejoindre sa femme. Maintenant, comme réconfort, on me dit qu'au moins, il a pu la rejoindre, qu'ils sont ensemble pour toujours, qu'ils veillent sur nous. Au fond de moi, je n'y crois pas du tout, c'est dur, mais je fais semblant d'y croire pour les rassurer.

Je me demande comment réagir face à ma famille, à mon père. Comment réussir à mieux accepter?
60 ans 117
tout d'abord bloupinette, toutes mes condoléances, la mort d'un propre quel qu'il soit est toujours une terrible épreuve, mais tu as le droit d'exprimer ta douleur. je pense que ton père a des choses à effectuer comme s'occuper de l'enterrement ainsi que de la tonne de paparasse que cela engendre, peut-etre aussi qu'il est enfermé dans sa propre douleur, et qu'il ne s'aperçoit pas de la tienne, excuse le et des que tu en as la possibilité parle en avec lui, ce sont les meilleurs moments pour se rapprocher des siens, quand à tes croyances personnelles, tu as le droit d'avoir tes propres opinions, je ne pense pas que ce soit à cause de ça, je viens de perdre mon mari il y as peu de temps, je sors de la brume que depuis peu...Et tu viens d'ouvrir mes yeux, quand à mes propres enfants, ma propre douleur m'a empechée de voir la leur...
52 ans 35 10308
Tout d'abord je t'adresse toutes mes pensées de réconfort dans ce moment difficile. Mon grand-père est décédé en juin 2007 et ça a été vraiment très dur pour moi, je l'adorais.

Bloupinette a écrit:
(...)
Ca me boulverse et en même temps, j'ai l'impression que je ne devrais pas souffrir comme ça. Je me sens coupable d'avoir mal (...)
Des gens m'ont dit que je ne devrais pas tant m'en faire, qu'il ne s'agit pas de mon père à moi, mais de celui de mon père.


Je dois dire que je suis assez... choquée de ces réflexions. Qui sont ces gens? Ta famille, ou d'autres personnes? Ta peine est tout aussi légitime que celle de n'importe qui d'autre, puisque c'est ce que tu ressens! Tu n'as pas à te sentir coupable d'être triste. Quels que soient vos liens du sang ton grand-père est quelqu'un qui fait partie de ta vie, qui a de l'importance dans ton histoire, dans ton enfance.
Même si ce n'est pas la même chose que perdre un parent, il est normal de souffrir à la perte d'un proche, de quelqu'un qu'on aime... Et perdre un grand-père (surtout à ton age) c'est aussi un peu la fin d'une histoire, un bout de son enfance qui s'en va. N'ai pas honte de ton chagrin, il est normal et légitime, et si tu as besoin qu'il s'exprime il faut le faire.

Par contre, je pense qu'il est normal que ton père trouve son réconfort auprès de ses frères et soeurs. Je ne connais pas votre relation mais il me semble que dans cette situation ce n'est sans doute effectivement pas à toi de le réconforter, ce n'est pas ton rôle. Laisse le gérer ce moment difficile de sa vie comme il l'entend, surtout dans ces premiers jours. C'est peut-être aussi sa manière à lui de te protéger.

Je ne comprend pas bien ce que tu redoutes en disant "je crains de ne pas être à la hauteur face à eux". As-tu peur qu'on te reproche par exemple de manquer de dignité par un chagrin trop démonstratif? La douleur ne se calcule pas malheureusement... As tu des cousins/cousines avec qui tu pourrais parler?

En tout cas tu n'as pas à te sentir "intruse", tu fais partie de la famille dans ses bons moments mais aussi dans ces jours difficiles. Ca va te sembler bizarre mais malgré ma peine je garde aussi un bon souvenir de l'enterrement de mon grand-père parce que la famille a vraiment partagé sa peine, plusieurs petits-enfants (dont moi) n'ont pas cherché à retenir leurs larmes et savoir que sa douleur est comprise par les autres est aussi très réconfortant.

Je te souhaite beaucoup de courage. Mais surtout surtout n'ai pas honte de ta peine.
3431
Toutes mes condoléances.
Je trouve que ta souffrance est normale même s'il ne s'agit pas de ton père mais de ton grand-père. De toute façon le "degré de parenté" avec le défunt n'a pas d'importance. A partir du moment où tu aimais beaucoup ton grand-père, tu souffriras de sa perte et c'est normal.
Quand j'ai perdu mon grand-père, j'ai beaucoup pleuré au début. Mais avec le temps on s'habitue.
En ce qui concerne ta question sur ta réaction à avoir vis à vis de ta famille, je ne vois pas où est le problème. Tu as ta souffrance, ils ont la leur. Reste toi-même.
Bon courage.
44 ans Nord 717
Tout mon soutien te va, bloupinette.
j'ai perdu comme toi ma grand-mère à 22ans, et ce n'est pas parce que ce n'était que ma grand-mère que je n'en ai pas souffert. A vrai dire, j'en souffre encore, et pourtant nous n'étions pas extrêmement proches. Tu as parfaitement le droit de souffrir de ce décès et d'exprimer cette souffrance, mais comme le dit Sarnia, il faut aussi que tu laisses ton père gérer son chagrin comme il le veut ou le peut. Pour avoir participé à l'organisation de l'enterrement de ma grand-mère, je peux te dire que c'est un moment difficile à gérer, surtout qu'on n'a pas le temps et qu'on est un peu paumé.
Par contre, même si tu n'es pas croyante, rien ne t'empêche, si ton père et sa fratrie sont d'accord, de participer à la préparation de la cérémonie à l'église et de lire un texte lors de celle-ci. Si le curé n'est pas c**, il te proposera des poèmes, et pas que des textes religieux.
A l'enterrement de ma grand-mère, j'avais lu ainsi lu un poème. J'ai tenu bon jusqu'à la fin, puis j'ai fondu en larmes, mais personne ne m'en a fait le reproche, au contraire.

Je te souhaite plein de courage pour les jours à venir.
44 ans Campagne poitevine 2254
Je ne sais pas trop quoi te dire car j'ai vécu exactement la même chose il y a quelques années. Le papa de mon papa nous a quittés quand j'avais 15 ans et à l'époque, je me suis cachée pour pleurer (je crois bien que mon père ne m'a pas vue pleurer du tout), car ma mère m'avait dit qu'il ne fallait pas faire de sensiblerie... je l'avais assez mal pris sur le moment, mais je crois aussi qu'elle ne savait pas combien j'aimais mon grand-père. Sur le moment, je ne voulais effectivement pas alourdir la peine de mon père mais avec le recul, la peine de chacun est différente et je dirais que ce n'est pas parce ce n'est pas ton père à toi qui est parti que tu dois te sentir coupable d'être triste.
Tu as tout à fait le droit d'avoir de la peine et de le montrer. Si dans le même temps, tu es malgré tout capable d'épauler ton papa dans cette épreuve difficile, c'est bien, mais si tu ne t'en sens pas la force, je ne pense pas qu'il t'en voudra. Peut-être seras-tu plus à même de l'aider un peu plus tard, quand tu auras toi-même un peu "cicatrisé".
Bon courage en tout cas.
38 ans 1226
Merci pour vos réponses, vos mots de soutien, vos témoignages. Ils m'aident à avancer.

@ aenigma :
Il est vrai que je ne me rends pas compte de ce que doit faire mon père avant l'enterrement. Parait-il que mon Grand-Père avait tout prévu, jusqu'à la plaque avec sa photo qui ira sur la pierre tombale
Peut-être avais-je une tout autre idée du deuil? Que l'on traverserait ça tous ensemble pour moins souffrir. Mais j'ai l'impression que c'est quelques choses qui est tres individuel. Que l'on doit être seul pour mieux affronter le monde ensuite. A vrai dire, je ne sais toujours pas.
Je suis touchée aussi par la perte de ton mari, mais j'espère qu'avec le temps, vous réussirez, tes enfants et toi, à exprimer les uns avec les autres ce que vous avez vécu dans cette épreuve commune. En tout cas, je ne crois pas que ça puisse être trop tard.
Bon courage pour la suite.

@ Sarnia:

Les gens qui m'ont fait les réflexions sont des gens proches.
Pour ce qui est de ne pas être à la hauteur, c'est de craquer alors que je veux quand même être forte, réussir à capter les importants moments de cette journée sans me laisser trop dépasser par la tristesse. De me sentir égoïste alors que mon père a certainement besoin de gens qui soient là pour lui, pour le soutenir. Mais comme tu dis, ces gens ne sont peut-être pas moi.
Dans la famille coté paternel, nous n'avons pas de supers rapports avec les cousins/cousines. Je ne me sens pas proche du tout d'eux.

Tes mots m'ont fait comprendre certaines choses. L'enterrement sera cerainement inoubliable. J'espère que les souvenirs ne seront pas négatifs.

@ leela_turanga:
Merci pour ton message.

@ Milmi :
Pour participer à la cérémonie religieuse, je ne m'en sentirai pas capable. J'avais pensé faire une piece florale de deuil, et pourtant, là, c'est impossible. Par contre, avec un peu plus de temps, je souhaite lui réaliser une composition pour la tombe. Lui qui était fou de cactus.

@ noplacetohide :
Merci pour le témoignage.

C'est surement le temps qui calmera un peu nos coeurs. Il était prévu que j'aille passer la fin de semaine chez mes parents. Ca sera l'occasion pour se parler un peu, même si ca fait un peu juste.
52 ans 35 10308
Bloupinette a écrit:

@ Sarnia:

Les gens qui m'ont fait les réflexions sont des gens proches.
Pour ce qui est de ne pas être à la hauteur, c'est de craquer alors que je veux quand même être forte, réussir à capter les importants moments de cette journée sans me laisser trop dépasser par la tristesse. De me sentir égoïste alors que mon père a certainement besoin de gens qui soient là pour lui, pour le soutenir. Mais comme tu dis, ces gens ne sont peut-être pas moi.
Dans la famille coté paternel, nous n'avons pas de supers rapports avec les cousins/cousines. Je ne me sens pas proche du tout d'eux.

Tes mots m'ont fait comprendre certaines choses. L'enterrement sera cerainement inoubliable. J'espère que les souvenirs ne seront pas négatifs.


Tant mieux si j'ai pu t'aider.

Le deuil c'est très compliqué, et oui je pense que c'est très personnel. Quelqu'un te disait de rester toi-même face à tes proches et c'est très juste, soit naturelle, ne force rien dans un sens ni dans l'autre, c'est la meilleure chose pour tes proches mais aussi pour toi. Dis simplement à ton père que tu es là si il a besoin de toi, et laisse le gérer ensuite.

A l'enterrement de mon grand-père (protestant donc cérémonie au temple), ses enfants mais aussi certains petits-enfants ont pris la parole pour raconter qui il était, le souvenir qu'ils garderaient de lui. Il s'est dit des choses importantes en particulier par ses fils. Je n'aurais pas pu les aider par mes mots, mais je sais qu'il était important pour eux qu'on soit tous là pour les écouter. Malgré le chagrin et des moments difficiles, je garde de cette journée un souvenir apaisé, c'est un peu difficile à expliquer.
60 ans 117
merci petite bloupinette, je suis de tout coeur avec toi dans cette épreuve, meme si je n'en suis pas encore à "il est mieux au paradis" chaque jour est un autre jour, c'est un combat de chaque instant pour ne pas l'oublier, mais surtout pour ne pas oublier l'homme , le mari, et le pere merveilleux qu'il a été, tu aura aussi cette petite place dans ton coeur pour ton grand pere que tu aimera d'une façon differente, et tu vois dis toi qu'il doit etre fier de sa petite fille qui l'aime de tout son coeur, je suis comme toi quand à dire qu'il y a une autre vie après la mort, j'essaye déjà de croire en celle ci, qui n'est pas de tout repos, mais dis toi que tu es la trace qu'il a laisse et qui fait qu'il reste vivant quoi qu'il en soit...ET moi, je suis toujours là si tu as besoin de parler...bisous à toi :kiss:
47 ans Sous le chant des cigales ^^ 3642
A chaque deuil dans ma famille, j'ai beaucoup pleuré, en cachette face à mon père (il a perdu ses parents, son petit frère) et je me suis lachée devant mon homme car j'avais besoin que qqun me console.
Je ne comprends pas les reflexion de ces gens qui estiment que tu ne devrais pas tant souffrir.
En effet ton rôle est peut être un peu de soutenir ton père dans sa douleur si tu en as la force mais pas de la cacher pour autant !

Je t'envoie mes condoléances et je sais bien à quel point tu peux être malheureuse ...
Excuses ton père qui dans sa douleur t'oublie, c'est sûrement un comportement classique.
48 ans 27
la mort du père c'est indescriptible comme sentiment. Moi aussi ça m'avait rendu bêtement égoïste, j'avais par exemple envie de casser les dents des gens qui le pleuraient sans être de la famille, parce que je me figurais qu'ils ne pouvaient pas savoir ce que je ressentait, et je prenais leur détresse pour une mascarade :oops:
la disparition du père, pour un mec, ça doit toucher pas mal l'égo, on se sent investi de quelque chose, de sa mémoire, de la douleur de sa mère ect... Ton père doit se sentir devant un trou béant, surtout que manifestement il à déjà perdu sa mère, je ne suis pas étonné qu'il passe à côté de tes sentiments. C'est évident que ce n'est pas par mépris mais par aveuglement, il doit même penser te préserver en te dispensant d'assister à son chagrin.

j'ai grandi dans une famille nombreuse, j'ai vécu sous le même toit que mes grands parents et ma grand-mère était mon référent féminin plus que ma mère (qu'elle ma pardonne !), parce qu'elle était la plus équilibrée et la plus humaine. Mais quand on est môme on garde ça pour soi. Un jour je rentre de vacances, j'ai 16 ans et on me dit gentiment que mémé est morte. j'étais asphyxié de chagrin et mes proches semblaient de ne pas comprendre, "ce n'était que ma grand-mère". La vérité c'est que même les gens concernés ne peuvent pas savoir les liens qui se tissent entre elles, même moi je ne savais pas que je l'aimais autant.
Ce que je veux dire c'est que ta pudeur t'honore mais tu à le droit de revendiquer une part du deuil et ça se fait en famille. T'est pas obligé d'attendre que tlm est fini de pleurer pour lever le doigt
1147
toute mes condoléances Bloupinette :kiss:

Une souffrance c'est très personnelle et n'est pas honte de la vivre parce que si tu la refoules ça peut être pire

Les autres ne les écoutent pas parce que toi seule tu savais ce que ton grand-père représentait pour toi.
38 ans 1226
Voilà. L'enterrement est passé.
J'ai essayé de suivre vos conseils du mieux que je pouvais. De toutes façons, je crois que même s'il y avait la gêne, je ne suis pas de ceux qui réussissent à lutter contre leurs sentiments car (excusez moi le terme)putain qu'est ce que ça fait mal.

Le sentiment d'être une intruse , ca ne vient pas seulement de moi. Du côté paternel , il y a beaucoup de distance(entre notre famille et le restant de sa famille). J'ose dire que ça nous a rapproché l'espace d'un instant.

Mon père avait déjà perdu sa mère, sa mère de coeur, qu'il connaissait depuis ses 7 ans. Depuis qu'il ne voyait plus sa mère bio. Là, après 40 ans, ils vont enfin se revoir. Je crois que je le comprends. C'est aussi une façon de se dire qu'il lui reste quelqu'un. Pas facile toutes les histoires de famille, et c'est souvent dans ces moments que des nouvelles choses ressortent.

En fait, la réflexion venait de mon homme. Mais finalement, à en voir ses gestes, ce n'était que des mots dits sans réfléchir. Il a été d'un soutien exemplaire et a lui-même été touché même s'il n'est venu me rejoindre qu'à partir de l'église. Son premier enterrement en 27 ans. Je crois que ca lui a appris des choses. Je crois qu'à travers son départ, il nous aura appris à chacun des choses importantes.

Dans tous les cas, je remercie chacun de vous pour avoir pris le temps de m'aider et de me faire partager des moments de vie.
35 ans 495
J'ai beaucoup souffert de la mort de mon grand-père. J'étais assez jeune et ce n'était pas mon père à moi, alors je crois que c'est pour ça que ma famille ne s'est pas rendu compte que c'était si terrible.

Ils ne m'ont pas proposé d'aller à l'enterrement par exemple. Je leur en veux un peu...

Ta douleur est légitime, comme d'autres l'ont dit, tu sais, et il faut pardonner à ton père de ne pas s'en rendre compte pour le moment.
B I U