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Récit d'un by pass cauchemardesque

47 ans Nancy 1374
Comme annoncé sur mon blog, je partage avec vous le récit de mon by-pass. Celui-ci ne sera certainement pas aussi précis et détaillé que je le voudrais car l’esprit étant  
bien fait, les mauvais moments tendent à être oubliés. Il n’en reste pas moins que ces trois mois d’hospitalisation restent très douloureux pour moi et qu’il m’est difficile et éprouvant de les mettre en mots. Je compte sur toutes celles qui ont suivi de près cette triste période pour compléter mon histoire. Histoire primordiale pour celles et ceux qui ne prennent pas en compte, ou à la légère, les risques d’une telle opération.
Les chirurgiens annoncent environ 5% de complications sur ce type d’intervention alors que les infirmières voient régulièrement passer dans les services de chirurgie digestive des patients avec des soucis importants postopératoires. J’ai l’impression qu’on essaye de les minimiser, au moins du point de vue des chirurgiens…
Revenons, à mon récit.
J’ai pensé à me faire opérer d’un by-pass il y a de cela trois ans, constatant les échecs successifs des régimes et souhaitant une solution que j’estimais plus efficace.
Le parcours a été long, sachant qu’il faut l’accord d’une équipe pluridisciplinaire composée d’une psychiatre, d’une diététicienne, d’un chirurgien, d’un professeur spécialiste de l’obésité. Pour ma part, c’est l’accord de la psychiatre qui a été difficile à obtenir car elle jugeait qu’il serait préférable d’entreprendre auparavant une thérapie avec un psychiatre spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire. Elle n’avait pas tort. Il m’a beaucoup aidé et me soutient encore actuellement.
Trois ans, c’est long me direz-vous, mais il y a eu de nombreux examens, de doutes, de volte-face.
En début de l’année 2009, je me suis décidée à franchir le cap, sachant que je continuais à grossir, que je risquais d’avoir des problèmes cardio-vasculaires et du diabète comme mes parents, que j’avais une scoliose lombaire importante aggravée par mon poids, que je ne savais pas si j’arriverais à me pencher, m’accroupir, m’assoir sur les minis chaises de ma classe dans 10 ans (je suis professeur des écoles).
Le côté esthétique ne me posait pas de problème étant donné que j’avais acquis de plus en plus de confiance en moi grâce à des sites de size-acceptance et, vous vous en doutez, la possibilité de plus en plus large de s’habiller à mon goût grâce à l’essor d’enseignes nationales et internationales de grande taille.
Je suis rentrée à l’hôpital le mardi 7 avril 2009, me sentant invincible. En effet, toutes mes analyses et examens étaient très satisfaisants. Il ne pouvait logiquement rien arriver de mauvais. Ma famille et mes amis étaient au courant de mon projet et, sans pour autant être tous favorables, me soutenaient. Je suis une tête de mule de toute façon. C’est impossible de me faire changer d’avis. J’étais très sereine.
Le soir, j’ai refusé les médicaments pour me détendre et j’ai passé une bonne nuit. Le matin du mercredi 8 avril, vers 8h30, après une bonne douche et un badigeon à la Bétadine, on m’a descendue au bloc. Je continuais à plaisanter comme d’habitude mais prenais quand même le petit atarax. Un peu peur au dernier moment… Le chirurgien pratique l’intervention par le biais d’un robot. Lui est situé dans une cabine 5 mètres plus loin.
Je ne me souviens plus du réveil, je suis restée longtemps dans le gaz. Je savais que tout s’était bien passé. On m’a remontée en soins intensifs où je continuais à comater appareillée d’une perfusion, d’un appareil qui contrôle le rythme cardiaque et la tension, d’une sonde naso-gastrique. Le soir même, on m’annonce que ma tante est atteinte d’un cancer (je tairai le nom de celle qui a eu cette bonne idée), ma tension monte à 19.
Je ne peux pas vous parler du jeudi 9 avril: black-out total ! Je me rappelle seulement avoir quitté les soins intensifs pour regagner une chambre double en service de chirurgie digestive, secteur 3.
Le vendredi 10 avril matin, après visite des chirurgiens, on me permet de prendre une douche. J’ai de tous petits pansements waterproof sur les trous de la célioscopie. Je me sens bien mieux. On me retire la sonde naso-gastrique que je déteste et qui me gêne. J’ai le droit de boire un peu. Je n’ai plus besoin de la pompe à morphine pour la douleur.
L’après-midi, j’ai la visite de ma mère. Je vomis un liquide vert sans arrêt. Un liquide gastrique paraît-il. L’infirmière constate et les médecins n’y voient rien à redire. Ma mère part, je me retrouve seule avec ma voisine de chambre, je commence à avoir des douleurs qui vont en s’amplifiant. La douleur devient terrible, insupportable. Je rappelle ma mère pour qu’elle revienne à l’hôpital car je ne tiens plus. L’infirmière me donne du spasfon qui ne fait aucun effet. Les minutes sont longues. Je pleure, je me mets parfois à crier tant la douleur est intense. J’ai le droit à un perfalgan tout aussi inefficace. Ma mère est là, démunie. J’hurle que je veux mourir. Je délire (et plains ma pauvre colocataire). L’infirmière, quant à elle, trouve que je fais un beau cinéma et que ma mère me soutient dans cette voie. Voyant que je ne me calme pas, elle appelle le soir le chirurgien de garde qui m’envoie passer un scanner. On me rebranche également la pompe à morphine que je sollicite le plus souvent possible. Rien n’apaise ces élancements terribles.
Les brancardiers me descendent au scanner, toujours aussi hurlante et hystérique. Je dois attendre pendant une éternité que ce soit mon tour. La pompe à morphine tombe en panne. Seule l’infirmière du secteur à la clef magique pour la remettre en route mais ne peut (ou ne veut) pas descendre au scanner. C’est épuisée de souffrance que je passe enfin le scanner et que l’on me remonte dans ma chambre.
Tout va alors très vite. Le chirurgien dit à l’infirmière de me préparer pour le bloc. Il explique que je fais une sténose du pied de l’anse. Pour vous schématiser, une suture au niveau de l’intestin grêle s’est resserrée. Celui-ci se tord sur lui-même. Il est tout bleu. Il provoque des ravages dans l’abdomen : des fuites au niveau d’autres raccordements, d’autres sutures lâchent. Il n’y a rien de plus douloureux. Je suis en train de mourir.
Ma mère est en pleine crise de nerf. Elle s’en prend au chirurgien car elle a peur que je ne m’en sorte pas. Je laisse des messages à transmettre à mes enfants qui sont chez leur père au cas où… Je n’ai même pas peur, j’ai trop mal pour cela. Je veux que ça s’arrête. L’arrivée au bloc est une libération.
Je ne reprends conscience que le samedi 11 avril dans le service de réanimation. C’est impressionnant. J’ai des fils reliés partout à mon corps, des drains, des tuyaux. Je suis perdue. Pour résumer, il y a la pompe à morphine, le cathéter artériel au poignet, la voix centrale dans le cou, la sonde naso-gastrique qui entre par le nez et va dans l’estomac, un masque à oxygène, des poches de médicaments et d’alimentation en grand nombre reliés à la voie centrale, des pousse-seringue, une sonde urinaire, des électrodes sur la poitrine. Des drains chirurgicaux et des sondes de pezzer sortent de chaque côté du ventre. Ils sont en aspiration. Les différents liquides recueillis vont dans des sortes de gros bocaux en plastique ou des poches. Cela peut être du liquide gastrique, du pus venant d’infections ou collections, etc, etc…Une pezzer est dans l’estomac neutralisé, l’autre au contact d’une fuite près du petit estomac. Le chirurgien a du faire un sacré ménage mais il faut encore évacuer et drainer.
Autant vous dire que je suis faible, très faible. Pourtant, on ne vous laisse pas vous laisser aller. Le premier jour en réanimation, on me soulève moi et tout mon bazar avec un appareil. Pour cela, on glisse un grand rectangle en tissu synthétique/plastique ultra résistant en dessous de vous. Il est relié à des courroies elles mêmes attachées à un gros élément en métal porteur. Et, ô bonheur, non seulement ça vous soulève et vous déplace, mais de surcroit ça vous pèse. Miracle de la technologie. Vous atterrissez dans un fauteuil super confortable et passez au moins une heure à avoir mal partout et à ne plus sentir votre séant tant vous êtes bien installée.
Je tousse comme une poitrinaire ce qui fait très mal à la cicatrice. J’ai en effet une laparotomie qui va de sous les seins à sous le nombril. Impressionnant ! Et tout cela tient avec une colle chirurgicale. Encore plus impressionnant!
J’ai en fait une pneumopathie au poumon gauche, contractée lors de l’intervention. Une kiné vient tous les jours pour faire des exercices respiratoires avec une machine ou me faire expulser des glaires qui obstruent mes voies respiratoires.
Sachez que je ne peux ni boire, ni manger, ce qui est très difficile à vivre. Il va falloir attendre plus de deux mois avant de pouvoir de nouveau recommencer. Toute une éternité. Je ne peux que me rincer la bouche et recracher. Soit avec de l’eau nature, soit avec un produit répugnant au goût plus prononcé que du dentifrice. Gingival je crois.
Le vendredi 17 avril, alors que je suis assise dans mon fauteuil à regarder la télé, j’ai de nouveau des douleurs violentes au ventre. On diagnostique cette fois-ci une péritonite. Encore une fois, je vais de toute urgence au bloc opératoire.
Moi qui avais réussi à me débarrasser progressivement du masque à oxygène pour les « lunettes », il est pénible de me réveiller le jour même encore avec un masque et plus de drains. Je suis surinfectée et j’ai de la fièvre. Fièvre qui durera des semaines. Cette fois ci j’ai une multitude de points de sutures sur la grande cicatrice de la laparotomie. L’abdomen est couvert de pansements. C’est atroce. Les analyses montrent que j’ai attrapé un citrobacter bien virulent. Mes visiteurs et le personnel soignant doivent porter des gants, des blouses voire des masques pour pouvoir pénétrer dans ma chambre. Je suis en isolement. Suivront un entérocoque et un streptocoque. Ce n’est pas possible les cochonneries que l’on peut attraper dans les hôpitaux !
Concernant les visites, elles sont très réglementées en réanimation. Il y a deux créneaux l’après-midi et seulement deux personnes au maximum peuvent pénétrer dans la chambre.
Je peux dire que j’ai bien été entourée tout le long de mon séjour par ma famille qui vient tous les jours ou se relaie pour être à mon chevet, mes amis, mes collègues. On me rend visite, on m’appelle. C’est incroyable le soutien que je reçois. Certains viennent de loin : ma tante de Strasbourg, mon amie Bérangère d’Orléans, mes amies de VLR (Hotkiss de Lyon ou Nefertiti du Luxembourg). Ssonia, Karen ont appelé et Charlotopoms a mis un point d’honneur à passer un coup de fil chaque jour qu’a duré l’hospitalisation et a tenu au courant de mes péripéties les personnes que je connais de VLR. Mille mercis à tous.
Le plus dur pour moi est de ne pas pouvoir voir mes enfants de 3 ans et demi et 6 ans. Ils sont interdits en réanimation. Cela fait un mois que je ne les ai pas vus. En attendant, ils vivent chez ma mère et mon beau-père à moins d’un kilomètre de l’hôpital.
Un matin, je craque. Ils me manquent trop. Je pleure tout ce que je peux. Mon cœur de mère est brisé. Je n’ai plus le moral. Or le moral est important dans la guérison. Les infirmières et les aides soignants n’arrivent plus à me redonner un peu d’espoir.
Le personnel en réanimation est aux petits soins. Il y a une infirmière et une aide-soignante pour deux patients. Elles sont vraiment sympathiques. Un dimanche de fin d’avril ensoleillé, elles me proposent de me sortir sur une petite terrasse. Cela fait des semaines que je n’ai pas mis le nez dehors. L’après-midi, elles débranchent le maximum de fils et de drains et me transportent en fauteuil avec ma mère sur la fameuse terrasse. Cinq minutes plus tard, je vois mes enfants courir vers moi avec ma sœur, parés de leur blouse trop grande et de leurs gants. Les larmes coulent toutes seules mais j’essaye de me contenir devant eux. Ils m’ont tant manqué ! Ils sont vraiment intrigués par les tuyaux qui ne sont pas tous dissimulés et ont un peu peur de moi. Ils sont attirés par des chats qui vivent dans les parages. Pour ma part, je suis aux anges à observer mon petit garçon et ma petite fille qui coursent les chats. A mon retour, je remercie les médecins, les infirmières et le personnel soignant pour avoir organisé cette surprise et avoir permis une entorse au règlement. Je vous raconte ce passage car encore aujourd’hui, il me rend toute émue. C’est un moment fort dans toute cette souffrance et ce cauchemar.
Les journées et les nuits se suivent en réanimation. La journée commence toujours par des prises de sang, la toilette allongée dans le lit faite en partie par l’aide-soignante, les soins infirmiers, les pansements. Ensuite, le fauteuil, les visites des réanimateurs, des chirurgiens. Aucun repas évidemment.
Les nuits ne sont pas bonnes du tout. On essaye de me calmer avec de l’atarax mais il me fait complètement délirer. On recourt alors à du trangstène pour que je dorme un peu. C’est mission impossible car je suis allongée sur le dos et je ne peux pas bouger d’un centimètre avec tout cet appareillage autour de moi. Et il y a toutes ces angoisses. Je ne sais pas quand je vais sortir, je ne vois pas le bout du tunnel.
Je passe de nouveaux des scanners. En tout, en trois mois, j’en ai eu 17. C’est énorme.
Les scanners sont mauvais. J’ai des infections et des collections de pus dans le côté gauche de l’abdomen si bien que le mercredi 22 avril, on me réopère sous scanner et sous anesthésie locale pour poser des drains radiologiques.
C’est long, cela dure des heures car il faut vérifier que la pose de drains se passe bien, qu’ils sont bien implantés au cœur des collections. L’anesthésie locale marche sur une profondeur de trois centimètres et il faut passer parfois entre des côtes et aller à une profondeur de plus de 7 cm. J’essaye de retenir des cris de douleurs mais je n’y arrive pas. Vive l’anesthésie locale.
A cela s’ajoute cette fièvre qui ne me quitte plus. Je deviens une droguée du perfalgan. Je l’attends toutes les 6 heures pour faire descendre la température. Soit je suis dans mon lit glacée sous mes couvertures, mon corps tremblant de partout. Soit je brûle comme dans une fournaise et ne supporte plus la chaleur intense.
Je passe sans arrêt d’un état à l’autre. Parfois je suis si faible que je n’arrive plus à aligner trois mots. Je ne peux plus parler et il m’est difficile de répondre au téléphone. Le perfalgan fait effet trois heures et il faut attendre trois autres heures bouillante de fièvre.
A la longue, les médecins ne savent plus pourquoi la fièvre persiste. Les antibiotiques ne font pas effet. Les scanners sont un peu meilleurs mais cette fichue fièvre ne me quitte plus.
Un jour, alors que je suis au fauteuil, je me retrouve couverte de pus. Je panique car on ne m’a pas informée que j’avais un abcès de paroi au niveau du nombril. Je suis traumatisée car ça n’en finit plus de couler partout. C’est le début d’une longue série, je suis sujette à ça. Que du bonheur.
On m’enlève quelques drains en me faisant respirer de la kétamine. Mon chirurgien, celui qui m’a opéré du by-pass, est revenu de vacances. Ce n’est pas lui qui a pratiqué les deux autres interventions. Il a peur que mes parents se retournent contre lui car je n’ai pas signé d’accord préalable à l’intervention ; les sutures trop serrées sont peut être responsables de la sténose. Bref, il flippe en voyant la tournure que prennent les choses. Il annonce à mes parents qu’il y en a encore pour trois semaines d’hospitalisation. Eux se raccrochent à cette échéance. Finalement, je ne sortirai que plus de deux mois après…
Je suis restée en tout 26 jours dans le service de réanimation avant mon transfert en secteur 1 de la chirurgie digestive le jeudi 7 mai. Avant de partir, on me retire le cathéter artériel et la voie centrale au bénéfice d’une perfusion.
Cela a été un véritable choc. La chambre est petite et mal agencée alors que tout est très bien rangé et organisé en réa. Je dois me séparer de mon lit de compétition à mon grand regret.
Le personnel soignant est bien moins disponible. Il y a une infirmière et une aide-soignante pour 12 lits. Comme je suis encore en isolement à cause de ce fichu citrobacter que l’on n’arrive pas à éradiquer, il y a un protocole à respecter : on passe toujours me voir en dernier. C’est le début d’un mois de calvaire. Je suis mal soignée ou en tout cas pas dans les temps. J’attends une éternité que ce soit mon tour pour les médicaments alors que je suis à 40 de fièvre. Je pleure parfois pour que mes parents fassent venir l’infirmière bien occupée car je suis au bout du rouleau ou brûlante. Je fais peur à voir. Je dors avec des pains de glace partout sur moi pour faire baisser la température du sang. Tout mon visage est livide et mes lèvres violettes ou alors il est rouge de fièvre. Les médecins préfèrent la seconde option car ça me donne bonne mine. Quelle ironie !
Mes muscles ont fondu, mes mollets et poignets sont tout maigres à force d’être alitée. Pour que je n’aie pas de complications futures, la kiné a commencé à me faire marcher dans le couloir en réa. Une collègue très sympathique a pris la relève en secteur. Parfois, quand elle n’est pas là, une vieille kiné la remplace. Je ne l’aime pas car elle me fait courir pour en finir au plus vite. Rien ne m’irrite plus. C’est expédié au pas de course en deux minutes.
On me débarrasse enfin de la sonde naso-gastrique. Oh bonheur ! Ma sonde urinaire est défaillante : je fais pipi au lit. On me l’enlève également. Commencent alors les joies de l’infection urinaire et du plat bassin. Parfois, j’attends une heure avant qu’on me l’apporte. Quel calvaire. Heureusement, je sympathise avec des aides-soignantes très humaines qui font de leur mieux pour me soulager. L’une d’elle est la maman d’une élève. Elle déploie alors des trésors de bonne volonté.
Une psychologue me suit par ailleurs car mon moral n’est pas au beau fixe. Son écoute et nos échanges me sont précieux. Elle a même contacté mon psychiatre qui m’a rendu visite en réa. Il a téléphoné régulièrement pour que je tienne le coup.
En secteur, le seul point positif, c’est que je peux revoir mes enfants. Un soulagement ! Ils vivent très bien notre séparation chez leurs grands-parents. C’est déjà ça de pris dirons-nous. Ils veulent tout le temps savoir quand je retournerai à la maison. Personne ne le sait malheureusement.
Le fil qui retient mes drains restants lâche souvent. On me recoud donc régulièrement à vif. Je ne suis plus à une douleur près. On me nourrit via une pezzer qui va dans l’estomac et qui était avant en aspiration. Elle sert aussi à faire passer des médicaments. On vous injecte une solution nutritive directement dans l’estomac neutralisé. J’ai le droit à deux poches par jour, soit plus de 2200 calories pour favoriser la cicatrisation.
Les perfusions ne tiennent pas longtemps. Je fais des veinites à répétition. Mes bras et mes mains sont gonflées. J’ai des pansements alcoolisés.
Suite à un TOGD qui n’est pas le premier, on constate enfin que la fuite que j’avais dans le montage est colmatée. Je peux enfin boire et manger de nouveau.
Un TOGD, c’est un examen radiologique durant lequel on boit un produit de contraste écœurant. On suit le parcours de ce liquide dans le système digestif pour repérer les fuites. Le produit m’est insupportable. Je le vomis tout le temps. On est donc obligé de me poser à chaque fois une sonde dans le nez pour injecter le produit. C’est ma hantise les TOGD.
Mon premier repas est un yaourt nature. Je mange la moitié en deux heures. Arrivent ensuite les bonnes purées de l’hôpital et la viande mixée lissée moins bonne que des boîtes pour chat. Ca n’éveille vraiment pas l’appétit.
Les chirurgiens et les réanimateurs décident collégialement de ne plus me donner d’antibiotiques pour isoler les raisons de la fièvre. J’ai le droit à une écho cardiaque afin de vérifier si je n’ai pas une bactérie qui se serait développée sur les valves. Négatif. Scanner des sinus. Négatif. Ils sont démunis. Sans antibiotiques, mon état général empire. Le perfalgan ne fait plus effet. Ma température ne baisse plus. Un soir, en pleurs, je dis à l’infirmière que je veux mourir car je ne trouve plus de repos. Je ne dors plus de jour comme de nuit, je suis souvent dans un état délirant. Tout devient critique.
En désespoir de cause, le jeudi 4 juin, je suis transférée dans un service d’infectiologie. Je n’y resterai pas longtemps.
Le samedi 6 juin, suite à un scanner, une chirurgienne et un interne de chirurgie digestive viennent me chercher et m’annoncent que j’ai une collection de pus qui s’étale sur plus de 20 cm, côté gauche de l’abdomen. Il faut m’opérer de nouveau sous scanner et poser d’autres drains. Je précise qu’on m’en a ôté puis remis régulièrement.
Après l’intervention, on me rapatrie aux soins intensifs de chirurgie digestive. Plus de 40 de fièvre. Ma famille est morte d’inquiétude en me voyant en train de claquer des dents, le corps soulevé de tremblements. C’est un début de septicémie. On me pose de nouveau un cathéter artériel au poignet et une voie centrale dans le cou. Mon cœur bat à plus de 160. Je suis déshydratée. Un médecin de réanimation me dit que mon pronostic vital n’est plus assuré. Cette nuit, ça passe ou ça casse. Super pour la fête des mères… A son départ, je crie « Ce n’est pas possible, je ne peux pas mourir ! J’ai 32 ans et 2 enfants !!! ». Bien que dans un état critique, je décide plus que jamais de ne pas baisser les bras.
Je suis redescendue en réa où on me transfuse trois poches de sang. Toute ma famille et mes amis au courant sont en pleurs. Ils appellent les médecins pour plus de précisions. Mais vous savez quoi ? Je n’ai jamais si bien dormi que cette nuit là. J’étais au bord de l’épuisement total. Durant la même nuit, on m’injecte un antibiotique de dernière génération, très corrosif. Au train où vont les choses, il n’y a rien à perdre de toute façon. Je vois la poche jaune fluo par-dessus mon épaule : la couleur est surnaturelle.
Ce dimanche, mes enfants sont autorisés exceptionnellement à me rendre visite pour m’offrir leur cadeau de la fête des mères. Ca me redonne un peu d’espoir. Je suis si heureuse de les voir.
Par contre, je ne m’autorise pas à fermer l’œil car j’ai peur de partir durant mon sommeil. Les nuits qui suivent sont longues et angoissantes.
Mardi 9 juin, je retourne aux soins intensifs. A mon grand étonnement, la fièvre à disparu. Je n’arrive pas à y croire. Elle m’a accompagnée pendant de longues semaines. C’est obligé, je vais replonger. Mais non ! Je reste une semaine dans ce service et je récupère vite. L’isolement est levé, les antibiotiques ont fait un ménage extraordinaire dans mon organisme. Je repasse un TOGD et refais des examens avec du bleu de méthylène pour s’assurer qu’il n’y a vraiment aucune fuite. Tout est rentré dans l’ordre. Je peux reprendre l’alimentation. Faut dire que les poches de glucose en intraveineuse, c’est lassant à la longue.
Lundi 15 juin, me voilà de nouveau en secteur. Tout se passe à peu près bien si ce n’est que j’apprends que j’ai une phlébite à l’épaule gauche due à la pause de voie centrale. C’est la spirale du malheur comme dit l’interne. Il n’y a pas à dire, il a le don de la formulation. Heureusement pour moi, le caillot est bien accroché à la paroi. J’évite ainsi une thrombose ou un accident vasculaire. En attendant, j’ai deux piqures de Lovenox en curatif. Bonne nouvelle pour une fois, j’ai une autorisation de sortie pour la fête des pères. Cette sortie me fait un drôle d’effet car je n’ai pas mis les pieds dehors depuis des semaines. La nature a changé. Les couleurs sont violentes à mes yeux. Je suis faible et fatiguée mais prends plaisir à me retrouver parmi les miens. Le retour le dimanche 21 au soir est déprimant.
Lundi matin, une chirurgienne vient me voir. Elle inspecte mon dernier drain. Toute heureuse, je montre la poche en disant qu’il n’a rien donné. Je me trompe : il y a du pus qui s’est écoulé. Je me mets alors à déprimer un maximum. Spirale du malheur…Je vais encore avoir des collections, de la fièvre. Un cercle vicieux ! Je pars au scanner en broyant du noir. Je m’attends au pire pour la visite du soir de mon chirurgien. Pourtant, et là c’est vraiment un miracle, le scanner est bon. Je peux sortir le jour qui suit, soit le mardi 23 juin.
Ma sortie n’a duré que 24 h… Mercredi 24 juin au soir, je vomis l’équivalent d’un verre de sang. Il faut retourner à l’hôpital. Je passe une gastroscopie le jeudi matin. Elle révèle un ulcère pas très loin des agrafes. Le traitement préconisé est 80mg d’inexium par jour en pousse-seringue et ce, pendant 4 jours. Je prends donc mon mal en patience et suis enfin autorisée à sortir le samedi 27 au soir avec de l’inexium , des injections et des cachets pour ma phlébite.
Je vais m’arrêter ici pour ce récit. Si vous le souhaitez, je pourrai vous raconter ma sortie de l’hôpital, mon alimentation suite au by-pass et ma perte de poids.
J’espère que mon témoignage vous servira à vous forger une opinion sur l’opération qu’est ce court-circuit gastrique. Moi aussi je pensais que les complications n’arrivent qu’aux autres. Et bien non ! Je l’ai appris à mes dépends…
Alors réfléchissez bien avant de prendre une décision qui peut influencer votre pronostic vital ou chambouler à jamais votre vie.
Je remercie aussi les courageux qui sont allés jusqu’au bout de mon histoire ;-)
57 ans 14650
Je le lu....je suis sans mots.

Quoi dire en fait, je crois rien sans avoir l'air je ne sais meme pas de quoi

Phaedra, je te souhaite de vivre pleinment chaque jour qui se presente et que tu as du de paix et serenité dans ta vie

:kiss:
45 ans Bas Rhin 2894
J'ai aussi lu jusqu'au bout, les larmes pleins les yeux après le passage surprise de tes enfants!

Tant de souffrance et toutes ces bactéries multi résistante des réa...

Je pense que tu dois voir la vie vraiment différemment maintenant...
52 ans 35 10308
Oh... Quel cauchemar.
Je ne trouve pas de mots alors :kiss: et :kiss:
Je suis juste très heureuse de te relire et de revoir ton sourire sur ton blog.
55 ans Mons / Belgique 2229
alors que pas du tout concernée par la chirurgie, j'ai été interpelée par le titre de ton post et ai lu ton récit jusqu'au bout.. et je suis également sans voix, au bord des larmes...

je te souhaite maintenant de très très longues années remplies uniquement de joies et de bonheur !!!!

:kiss:
44 ans Nord 717
Je suis très impressionnée par ce récit, et surtout par ton courage.
Tu as manqué de chance, mais je me demande tout de même s'il n 'y a pas eu une erreur, même minime, à la base de tous tes problèmes.

Je te souhaite plein de bonheur pour les années à venir, et j'espère que tu as bien pu profiter des vacances avec tes enfants.
51 ans 76 10598
Merci, un énorme merci pour avoir pris le temps de raconter dans le détail ce parcours du combattant. J'ai moi aussi versé ma petite larme lors de la visite surprise de tes enfants.

Après toutes ces épreuves, je ne peux que te souhaiter le meilleur.
51 ans Luxembourg 31390
prends bien soins de toi maintenant,une choses est sur entre la Alex de l hospital et celle des photos c est le jour et la nuit...

pleins de Bisous ainsi qu aux enfants ;)
48 ans 8549
bonsoir ,
avant tout je suis désolé pour ce qui t'es arrivé !!! moi qui me pose des questions pour un bypass ou anneau !!! quand je vois ce qui peu arriver !!! je préfère encore vivre avec mon poids en trop qui n'est pas gênant encore niveau de ma santé !!! on verra par la suite !!!
j'espère que tu n'auras pu de soucis et profites bien de la vie et de tes enfants !!!
pleins de gros :kiss:
48 ans Moselle 1923
les larmes coulent...c'est dur et beau cette force que tu as eu :cry: :cry: :cry:

énooooormes bisous :kiss:
39 ans france, dreux 308
eh ba j'ai tout lu jusqu'au bout
j'attendais avec impatience que tu nous raconte cette histoire
j'espere vraiment que ca va mieu

j'ai une question qui me vient toute suite en tete
tu t'es faite opérer ou?

car moi j'ai rdv avec mon chirurgien également pour un by-pass le 1 septembre au chesnay a coté de versailles

pfff quelle histoire
j'ai pleuré en lisant ton récit
ca me touche énormement
on ne se connaitpas mais si j'avais su ca avant je te promet que je serais venu te voir histoire de te remonter le moral ou histoire de discuter ca fait toujours plaisis!

enfin ta famille a été très courageuse tu en a de la chance
38 ans sur terre 1613
C'est vraiment horrible ce qui t'es arrivé...en tout cas bon courage :(
je t'embrasse
38 ans 334
bon sang quelle histoire :shock:

j'en suis toute chamboulée.

tu fais bien d'en parler c'est vrai que rare sont les personnes qui en témoigne

Je pensais à eventuellement me faire poser un anneau bon c'est vrai que c'est beaucoup moins invasif que le bypass et donc pas comparable....

mais ça ma bien refroidie quand même et je me dis que ça vaut pas le coup

enfin quoiqu'il en soit je n'ai qu'une envie (même si on ne se connait pas) c'est de t'envoyer des tas de bises ! ;)
47 ans Nancy 1374
J'ai été opérée à Vandoeuvre-lès-Nancy (Brabois), dans la banlieue de Nancy. C'est un hôpital public universitaire.

J'ai écrit ce récit aujourd'hui de 14h00 à 20h00. Heureusement que les enfants sont en vacances...

J'ai mis du temps avant de pouvoir entreprendre de relater mon histoire. Il y avait une sorte de blocage.

En fin de compte, je réalise que ça fait du bien de l'avoir expulsée. C'est un acte libérateur qui sera utile. J'espère tout du moins...
40 ans valenciennes 11784
oh ma pauvre, je ne sais pas quoi dire, en te lisant j'en avais les larmes aux yeux!
je te souhaite pour la suite que du bonheur, profite de ta vie a fond
je t'embrasse
B I U


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