Je fais remonter ce post, car je suis un peu déprimée aujourd'hui. J'ai un frère schizophrène moi aussi, et ça me mine terriblement.
Il a 32 ans et est malade depuis une bonne douzaine d'années (peut-être même plus, mais le diagnostique a été posé il y a 10-12 ans). Dans les débuts de sa maladie, je pensais qu'il était dépressif et anxieux: il n'avait aucune énergie, avait l'air absent, parfois angoissé. Je n'avais jamais remarqué un signe positif de schizophrénie (hallucinations par exemple), mais il est vrai qu'il était difficile de savoir vu qu'il ne communiquait pas beaucoup.
Je passe sur les années de traitement, les séjours en HP alternés avec des périodes de répis où il va assez bien, s'active, fait du sport, etc. Il n'a pratiquement pas travaillé ni étudié, il s'est contenté de vivoter.
Je crois que pendant les dix premières années de traitement, il n'a jamais arrêté les médicaments. Il l'a fait une première fois il y a trois ans, et c'est là qu'on a vu ce qu'était une hallucination et l'agitation due à cet arrêt. Apparemment, il s'est aussi fâché avec son psychiatre, à tel point que celui-ci ne veut plus le voir (difficile de savoir ce qu'il en est précisément). Ça a plutôt été un bien finalement, car celle qui l'a remplacé semblait beaucoup plus dynamique, plus gentille, plus jeune aussi, moins ancrée dans son train-train. Je n'ai jamais vu mon frère évoluer autant que quand il avait cette psy. Malheureusement, elle a trouvé un autre poste à sept-cents kilomètres, et mon frère a changé à nouveau de praticien (pas le premier).
Entre-temps, il a rencontré une fille à l'HP. Ça semblait se passer bien entre eux, et ils ont décidé de vivre ensemble. Dans les premiers mois, cette fille était encore hospitalisée en semaine, et ne partageait donc la vie de mon frère que le week-end. Mais voilà, elle est sortie définitivement, et la vie de couple est beaucoup plus dure qu'à temps partiel, surtout pour deux personnes qui n'ont pas de travail.
Mon frère a dû être hospitalisé hier, et il paraît qu'aujourd'hui sa copine a pris des médicaments avec de l'alcool, assez pour se retrouver aux urgences.
Cette situation me fait très peur. Je ne sais pas comment ça va évoluer. A chaque fois qu'on sent un changement positif, quelque chose se passe qui fait que ça ne marche pas bien.
Par moment, je suis comme pétrifiée par tout ça, paralysée. Pour l'instant, mes parents ne sont pas encore vieux, ils n'habitent pas loin de chez mon frère, et il y a le reste de la famille aussi qui peut nous soutenir. Mais j'ai peur du moment où mes parents n'y arriveront plus, j'ai aussi très peur de ne pas réussir à les aider si l'un d'eux tombe malade et que l'autre est obligé d'assumer les deux malades de la famille. Je me dis que ça peut durer encore dix ans, mais guère plus, après mes parents entreront bel et bien dans la vieillesse, même si elle est active.
Et je me sens mal de ne pas trouver un bon boulot qui me permette de mettre de l'argent de côté et de voir l'avenir sereinement. Bien sûr, on ne peut pas tout mettre sur le dos de la schizophrénie, mais le moins qu'on puisse dire, c'est que ça ne m'aide pas à avancer. Je me sens impuissante. J'ai déjà consulté moi-même un psy, ça m'a permis de relativiser, mais concrètement je n'avance pas beaucoup, c'est un cercle vicieux.
A la relecture, c'est un peu brouillon ce que j'ai écrit, mais j'avais besoin de vider mon sac! Je pourrais continuer comme ça longtemps, mais je vais m'arrêter là. Merci à celles et ceux qui m'ont lue!