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Refus d'inséminer une femme avec le sperme de son mari mort

45 ans 2419
Mais dans cette affaire, n'y-a-t-il pas aussi une certaine crainte "d"ouvrir la voie" à d'autres demandes? Ex: des embryons congelés? ( je ne sais pas du tout ce qu'il advient  
d'eux quand un des parents décède).

La demande de cette femme est touchante, on ne peut pas lui reprocher de vouloir un enfant de l'homme qu'elle aime.Je comprends qu'avoir tout "à portée de main" (le sperme, la médecine) et ne pas pouvoir concrétiser son rêve doit être terrible pour elle.
44 ans 77 5703
oui c est ce que j ai dis, il pourrait y avoir jurisprudence et les choses deviendraient difficilement "contrôlables"...

par contre, j ai guetté le reportage sur les Mères porteuses. et j ai vu cette Maman qui rejoignait un mari (sa femme n avait pu se liberer) dans une chambre d hotel. Lui s était masturbé dans la salle de bains et elle, après, avec une pipette, s était "injecté" la semance. manifestement cette première fois avait été la bonne puisqu elle est tombée enceinte.

personne ne l empêcherai de faire ceci? ou de se procurer le sperme de son mari et d aller à l étranger ou que sai je?
45 ans 2419
Justement, je crois que le jugement porte sur la restitution du sperme. Il est gardé par le Cecos en attendant de savoir quoi en faire.
48 ans 10768
Freudette a écrit:
Je suis complétement contre le fait qu'on s'insémine avec le sperme d'un proche décédé.
C'est vouloir prolonger la vie d'un mort dans la vie d'un vivant, c'est ne pas respecter le statut d'être unique de l'enfant à naître, c'est lui faire porter un poids trop lourd qu'il n'a pas à porter

Je n'aurais pas pu mieux dire... Faire porter une telle signification à un enfant, c'est injuste et certainement pas mal destructeur pour lui...

Comme the toad, même si je peux comprendre sa détresse, je pense que cette femme doit se tourner vers autre chose pour faire son deuil, et surtout le faire, ce deuil, plutôt que de se tourner vers la conception d'un "enfant-souvenir" (c'est un peu fort comme terme mais c'est comme ça que je le vois, perso...)... :-k...
2122
je comprends cette décision mais cette femme à tout mon soutien.
56 ans 9077
Sincèrement je ne sais pas quoi penser...
La seule certitude que j'ai c'est qu'il y a 30 ans en arrière cette femme ne se serait même pas posé la question d'une insémination post mortem... elle aurait beaucoup pleuré la mort de son homme... et c'est tout.
A
112 ans 6176
ridouane a écrit:
Moi j'ai voté 2 je trouve que c'est pas une horreur ( y a bcps plus horrible) mais c'est vraiment contre nature...toutes cette technologie est désastreuse, meme si j'adore la sciences et j'étudie les sciences (ingénieurie )

toute cette technologie désatreuse? reviens me parler de ça le jour où toi ou ta femme souffrirez de stérilité :evil:

_Roaaa_ a écrit:

Je ne répond que du point de vue légal, les débats de moralité je préfère m'abstenir.

Donc d'un point de vue légal, cet homme n'a pas fait de don de sperme, au moment du don son sperme lui appartiens toujours et il a des droit sur les enfants qui naîtrons de ce sperme. Il a le droit de décider si il souhaite l'utiliser ou non, et de quelle façon.

Il est décédé, le sperme n'en devient pas pour autant la propriété de sa femme. Il n'aurai pu être utilisé que si il en avait donné l'accord, hors il ne peut donner son accord, il est donc logique qu'il ne soit pas autorisé d'insémination.

Par contre je ne suis pas sure que les personnes célibataires soit écartée du don de sperme, quelqu'un a une information sûre la dessus ?


+1 avec Roaaa . Certes, les paillettes sont conservéees actuellement au cecos qui est le centre de conservation entre autres des dons mais il ne s'agit pas ici à proprement parler d'un don, puisqu'il s'agit d'une auto-conservation (pour son propre usage donc). D'un point de vue légal, ces paillettes n'etaient donc que la propriété de Mr. une fois disparus, elles n'ont pas etre utilisées par qui que ce soit et devraient etre détruites.
Sans parler que d''un point de vue successoral, aussi, une descendance, non existante aujourd'hui, changerait tout.

D'un point de vue moral, je rejoins d'une part ce qu'a dit Toad et d'autre part, si Mr de son vivant voulait un enfant avec madame, qu'est-ce qui dit qu'il aurait voulu qu'elle puisse avoir un enfant, seule, avec ses paillettes et mettre ainsi au monde un orphelin ?

Autant je peux comprendre une femme célibataire qui veuille un enfant seule, autant là, dans ce contexte très particulier je trouve ça quelque peu malsain de vouloir prolonger la vie d'un homme et d'un amour disparu au travers d'un enfant qui n'a pas à porter ce genre de fardeau psychologique.

Pour répondre à Roaaa, la pma n'est pas accessible aux célibataires en France. Seuls les couples mariés et ceux justifiant de 2 ans de concubinage peuvent y pretendre, sous reserve de justifier de problèmes de stérilité ou d'infertilité . Ce critère est de mise également pour le don.
S
38 ans 1093
trisss a écrit:


Pour répondre à Roaaa, la pma n'est pas accessible aux célibataires en France. Seuls les couples mariés et ceux justifiant de 2 ans de concubinage peuvent y pretendre, sous reserve de justifier de problèmes de stérilité ou d'infertilité . Ce critère est de mise également pour le don.


Merci pour l'info :)

Je pensai que le don de sperme était plus libre que les PMA classiques pour les célibataires.

Je n'avais pas pensé à la dimension successorale, c'est aussi un problème. Surtout si la succession est déjà faite, dans ce cas cet enfant n'aura auccun droit, sauf si on la refait (ce qui me semble inimaginable).
35 ans Montréal (Qc) 1292
Izadora a écrit:
Toad a écrit:
Ce qui me pose un problème, dans cette histoire, c'est l'idée que cette femme s'accroche à son mari mort d'une façon qu me fait un peu peur et qui m'attriste.

Quand on perd quelqu'un il parait qu'il faut aller de l'avant, continuer à vivre. avoir un enfant de son époux décédé ne me parait pas une bonne façon de se tourner vers l'avenir. C'est très facile à dire de ma part, mais cette dame doit faire son deuil, rencontrer quelqu'un et avec cette personne, avoir des enfants qui auront leurs deux parents...


Que les 2 parents soient vivant lors de la conception n'est pas une garantie que l'enfant aura ses 2 parents. Une femme enceinte dont le conjoint décède ne décide-t-elle pas d'en faire un orphelin de père si elle ne fait pas une IVG ? Un couple dont le père fout le camps et ne reconnaît pas l'enfant n'en fait-il pas volontairement un orphelin de père ? Des orphelins de père ou mère volontaire sont fait régulièrement et personne ne monte aux barricades.

Cette femme de 39 ans voulais un enfant de cet homme, ou peut-être juste un autre enfant. Comme elle avait du sperme en réserve de son mari elle se dit "tiens c'est mieux avec ça que faire un coup d'un soir pour tomber enceinte, au moins j'ai aimé cet homme" Personne ne lui a demandé ses raisons de vouloir un enfant.

Il y a des pays qui autorise les dons à des femmes célibataires, est-ce que ces pays sont "moins bons" que la France ?


Je suis entièrement d'accord avec toi !
A
112 ans 6176
_Roaaa_ a écrit:
trisss a écrit:


Pour répondre à Roaaa, la pma n'est pas accessible aux célibataires en France. Seuls les couples mariés et ceux justifiant de 2 ans de concubinage peuvent y pretendre, sous reserve de justifier de problèmes de stérilité ou d'infertilité . Ce critère est de mise également pour le don.


Merci pour l'info :)

Je pensai que le don de sperme était plus libre que les PMA classiques pour les célibataires.

Je n'avais pas pensé à la dimension successorale, c'est aussi un problème. Surtout si la succession est déjà faite, dans ce cas cet enfant n'aura auccun droit, sauf si on la refait (ce qui me semble inimaginable).


En toute logique, le don en France ne peut pas etre plus libre puisque pour pouvoir l'utiliser, on doit recourir aux techniques de pma ( même une insémination simple est une technique pma).

Pour l'aspect successoral, il semble effectivement inimaginable que cet enfant n'ait aucun droit sur la succession de son père. Ici je ne doute pas que cette femme veuille faire ça par amour, et non dans une optique de succession mais si on ouvrait la possibilité de cette paternité post-mortem, dans d'autres cas où il pourrait y avoir un patrimoine plus conséquent, rien ne garantirait que certaines n'en abusent pas ( ok ok je regarde peut-etre un peu trop ugly betty mais les personnes vénales existent bel et bien, on en a tous connus).

Pour répondre à Iza, qu'on ouvre la possibilité aux célibataires d'avoir des enfants par le don, ne me gène pas mais faire un enfant avec le sperme d'un homme décédé dans l'optique de vouloir quelque part prolonger son existence parmi nous et une histoire d'amour, ça me semble beaucoup demandé psychologiquement à un enfant.

D'ailleurs, ça me semble aussi absurde que quand un trou du cul du gouvernement ose emettre l'idée que chaque enfant francais doive porter le souvenir d'un petit enfant juif mort pendant la guerre, ou quand des parents font un enfant pour "remplacer" le 1er décédé. :roll:
113 ans 2475
Si j'avais du être celle qui décide si oui ou non cette femme aurait eu le droit de se faire inséminer, j'aurai sûrement refusé. Mais uniquement parce que je me demande comment l'enfant réagirait en apprenant qu'il a été conçu avec un papa décédé depuis X temps... Psychologiquement, je me demande quel pourrait en être l'impact. Mais je n'ai rien contre cette femme hein...
F
41 ans Lorraine 791
trisss a écrit:

D'ailleurs, ça me semble aussi absurde que quand un trou du cul du gouvernement ose emettre l'idée que chaque enfant francais doive porter le souvenir d'un petit enfant juif mort pendant la guerre, ou quand des parents font un enfant pour "remplacer" le 1er décédé. :roll:


Tu lis dans mes pensées?
Je suis justement ce qu'on appelle dans le jargon psy "un enfant de remplacement" et ce poids de devoir sa vie à la mort de quelqu'un, ce poids d'avoir l'impression d'être regardé à travers, que les parents voient quelqu'un d'autre par delà soi même ne devrait être porté par aucun enfant. Quand le justice peut le faire, je pense qu'elle doit protéger le mental des enfants. Certaines personnes s'en sortent, mais cela est généralement une énorme douleur.

Je vous donne quelques noms d'enfants de remplacement connus:

Adolf Hitler a été conçu après que sa mère ait perdu trois enfants en moins de deux mois.

Beethoven.

Salvador Dali (En 1984 il essaye de se suicider en mettant le feu à son lit, il était régulièrement victime d’hallucinations, il est considéré comme psychotique).
Salvador Dali écrira : Citation:
"Avant ma naissance venait de mourir un frère à moi : de méningite... et ce frère, mes parents l'adoraient. Quand je suis venu au monde, ils ont fait des choses affreuses et sublimes à la fois : ils m'ont donné le même nom que lui, Salvador. À cause de cela, j'ai vécu toute mon enfance et toute mon adolescence en portant agrippée à mon corps et à mon âme l'image de mon frère mort, donc, je n'étais pas moi" (Saint-Jarre, 1994, p. 190).
« Moi, j'ai connu la mort avant de vivre la vie... Désespérés, mon père et ma mère ne trouvèrent de consolation qu'à mon arrivée au monde. Mais leur malheur imprégnait les cellules de leur corps. Dans le ventre de ma mère, je ressentais déjà leur angoisse... elle ne m'a pas quitté. Ce frère mort dont le fantôme m'a accueilli en guise de bienvenue était, si l'on veut, le premier diable dalinien. Je le considère comme un essai de moi-même, une sorte de génie extrême. Ce n'est pas un hasard, s'il se nommait Salvador comme mon père, Salvador y Cusi, et comme moi. Il était le bien-aimé : moi, on m'aima trop. En naissant, j'ai mis mes pas dans les pas d'un mort adoré, qu'on continua d'aimer à travers moi, davantage encore peut-être ... j'ai appris à vivre en remplissant le vide de l'affection qu'on ne me portait pas vraiment ... »


Vincent Van Gogh: Il porte le prénom de son frère né et décédé jour pour jour un an avant sa naissance, schizophrène, il se tranche l’oreille et se suicide quelques mois après que son frère ait un fils qu’il prénomme Vincent.

Louis Althusser (1992, p.48) dont le prénom commémorait la mémoire du premier amour de sa mère, qu'elle ne cessa jamais d'aimer et qui mourut à la guerre disait dans les mêmes termes que ma patiente : Citation:
"En face de ma mère et hors d'elle, je me sentais toujours accablé de ne pas exister par moi-même et pour moi-même. J'ai toujours eu le sentiment qu'il y avait eu maldonne, et que ce n'était pas vraiment moi qu'elle aimait ni même regardait... Quand elle me regardait, ce n'était sans doute pas moi qu'elle voyait, mais, derrière mon dos, à l'infini d'un ciel imaginaire à jamais marqué par la mort, un autre, cet autre Louis dont je portais le nom mais que je n'étais pas... J'étais traversé par son regard, je disparaissais pour moi dans le regard qui me survolait pour rejoindre dans le lointain de la mort le visage d'un Louis qui n'était pas moi, qui ne serait jamais moi."

La patiente Madame B. http://www.appq.com/colloques/textes/tx_david.htm

Didier Anzieu (1986), lui-même enfant de remplacement, écrit dans son livre Une peau pour les pensées : (pp. 8-9). Le même sort avait été celui de sa mère, Marguerite Anzieu alias le célèbre cas de Jacques Lacan. Anzieu dit de sa mère : Citation:
"Elle était comme une morte-vivante. Elle portait le même prénom que sa sœur morte brûlée vive. Sa dépression provient de ce rôle intenable. Elle avait différé sa dépression après la naissance de sa petite fille, ma sœur morte elle aussi. Et ma naissance réussie a réactivé la menace insupportable"
(p. 16). Aimée-Marguerite sombrera quelques années plus tard dans une psychose délirante de type paranoïaque.

Je vous met les diverses sources:

[url]http://www.psychopsy.com/mort.html [/url]
[url]
http://www.relation-ai...ription.php?id=28&cat=11[/url]

[url]http://www.appq.com/colloques/textes/tx_david.htm [/url]

http://www.sojazz.org/monk/reflections15.html
[url]
http://www.cairn.info/...logue-2003-2-page-53.htm[/url]

http://psydoc-fr.broca...ce01/Theorie/Glossaire/g03.htm

http://www.cairn.info/...ur-la-mort-2001-1-page-117.htm

http://www.sngenealogi...ts_de_remplacement_celebre.htm

http://rsmq.cam.org/filigrane/archives/syndrom.htm

Ce n'est pas beau, ce n'est pas un hommage, ce n'est pas la vie qui continue, c'est vouloir faire porter la mort à un enfant.

Je suis vraiment désolée pour cette femme, pour sa douleur, la perte de son mari qu'elle aiamait vraiment de toute évidence, mais on ne doit pas laisser faire ça par respect pour les enfants.
516
Ce genre de décision doit bien évidemment être prise au cas par cas par la justice.

Dans le cas de cette femme, son mari a fait congeler son sperme car son traitement risquait de le rendre stérile. Ils ont donc décidé de congeler le sperme et d'attendre des jours meilleurs malheureusement ils n'en ont pas eu le temps, mais tous 2 voulaient cet enfant. Dans ce cas précis je pense que j'aurais autorisé cette insémination après examen psychologique de la (potentielle) future maman pour vérifier qu'elle ne fera pas de cet enfant le prolongement de la vie de son défun époux.
45 ans 04 5576
karen a écrit:


Pour en revenir à la question d'origine, je ne vois rien de malsain ou de morbide dans le fait de vouloir concrétiser un tel projet qu'on avait quand on était deux... ça me fait penser au mariage posthume, donc on avait parlé il y a quelques mois... mais personnellement, je n'y trouve rien à venir, ou alors il faudrait obliger à avorter les femmes qui perdent leur conjoint pendant leur grossesse, ou enlever les enfants des familles monoparentales, etc...

Toutes les situations familiales sont différentes, toutes ont plus ou moins leurs difficultés... et alors ? Il me semble que c'est au nom des mêmes idées qu'on refuse l'adoption par les familles homo, "dans l'intérêt de l'enfant"... mais est-ce qu'on est devin, pour savoir comment cette femme considèrera cet enfant ? comment elle l'aimera ? comment elle lui expliquera comment il a été conçu ? Je trouve qu'on est bien promptes à juger... mais pourquoi ne pas accepter l'idée que cette femme souhaite juste aller au bout de ce projet d'enfant, qu'elle avait souhaité avec son mari ?


Je ne me suis pas positionnée sur la question de "doit elle ou a t elle raison de la faire", je pense juste que cela implique trop de choses.

Je pense qu'elle aurait aimé ce bébé de tout son être mais je pense aussi qu'il aurait repoussé la fin de deuil. De combien de temps, je ne sais pas.

Je ne suis pas d'accord avec ton parallèle sur les femes qui perdent leurs conjoints pendant leur grossesse. De la même façon que vouloir un enfant d'un conjoint decédé, interrompre une grossesse parce que son conjoint meurt revient à ne pas continuer à vivre.

Je ne vois pas non plus le parallèle avec les familles homo. Les familles homo veulent, comme tout le monde, des enfants pour vivre, pas pour vivre un souvenir.
Pour la mariage posthume...je trouve cela très romantique, mais de la même manière, j'espere que le conjoint "survivant" a continué de construire sa vie.

Le sujet me touche car je reste LA spécialiste du "je suis incapable d'avancer parce que je ne sais pas faire de deuil". Je n'ai pas su faire le deuil de la non expression de l'amour de mes parents, pas non plus celui de mes diverses relations amoureuses, même pas celui de mon chat. Et je stagne. Je n'ose même pas imaginer ce qui se passerait dans ma tête si je devais être dans sa situation. Je ferai sans doute exactement pareil, et ne vivrais plus que pour cet enfant. C'est bien mieux que rien, mais si cette femme a une possibilité de reconstruire sa vie, je pense qu'il faut qu'elle la saisisse.
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Merci pour tous ces liens très interessants freudette.
B I U