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Refus d'inséminer une femme avec le sperme de son mari mort

45 ans 04 5576
J'ajoute un truc.. je ne sais pas trop comment expliquer le lien entre les deux, peut être le saisirez vous : nous avons discuté un jour, à mon initiative mais  
inspirée d'un de tes posts, Karen, du poids que pouvait représenter pour un enfant le simple choix du prénom que font les parents à sa naissance.

Ce qui ressortait beaucoup des réponses et d'un article que tu nous avais transmis, c'est l'écrasante lourdeur que pouvait avoir sur un enfant le choix d'un prénom ayant une histoire forte dans la famille. Qu'en serait il pour un enfant dont peut être le nom, mais plus encore l'existence même, s'inscriraient dans le deuil d'un homme aimé et mort dans la force de l'âge ?
L
40 ans Bruxelles 1086
Si mon cher et tendre disparaissait, dans ma détresse je demanderai un bébé de lui, un prolongement de ce que l'on a vécu quelques part un souvenir vivant. Je me raccrocherai à cet espoir d'enfant comme à une bouée pour ne pas voir qu'il est mort.
Et cela ne serait que quand un juge me dit que non je ne pourrai pas avoir cet enfant, que je pourrai enfin faire mon deuil, que je ne me focaliserai plus sur la lutte que pour me concentrer sur ma douleur pour pouvoir un jour la dépassé.


Et pour moi il y a une grande différence entre une femme veut faire un enfant avec un homme et l'homme est pris de lâcheté et s'en fuit et le fait que l'homme soit mort. On ne sais jamais si le père vivra ou restera ou autre. Mais là on sait que le père sera jamais là. Et tout le monde sait qu'élever un enfant totalement seul c'est dur. Porter le deuil aussi c'est dur, faire les deux cela devient vraiment difficile. Alors oui les accidents cela arrive et parfois la mère ou le père doit faire les deux à la fois mais si on peut éviter cette difficulté pour l'enfant en connaissance de cause on doit le faire.
F
41 ans Lorraine 791
Toad a écrit:
Qu'en serait il pour un enfant dont peut être le nom, mais plus encore l'existence même, s'inscriraient dans le deuil d'un homme aimé et mort dans la force de l'âge ?


Louis Althusser (1992, p.48) dont le prénom commémorait la mémoire du premier amour de sa mère, qu'elle ne cessa jamais d'aimer et qui mourut à la guerre disait dans les mêmes termes que ma patiente : Citation:
"En face de ma mère et hors d'elle, je me sentais toujours accablé de ne pas exister par moi-même et pour moi-même. J'ai toujours eu le sentiment qu'il y avait eu maldonne, et que ce n'était pas vraiment moi qu'elle aimait ni même regardait... Quand elle me regardait, ce n'était sans doute pas moi qu'elle voyait, mais, derrière mon dos, à l'infini d'un ciel imaginaire à jamais marqué par la mort, un autre, cet autre Louis dont je portais le nom mais que je n'étais pas... J'étais traversé par son regard, je disparaissais pour moi dans le regard qui me survolait pour rejoindre dans le lointain de la mort le visage d'un Louis qui n'était pas moi, qui ne serait jamais moi."

La patiente Madame B. http://www.appq.com/colloques/textes/tx_david.htm
Et là il ne doit que son prénom au premier amour de sa mère, pas sa vie à la mort de l'autre.

italiana a écrit:
Merci pour tous ces liens très interessants freudette.

De rien, de toute façon je les avais dans mon PC, j'ai tout gardé car je vais entamer des démarches pour changer de prénom.

Toad a écrit:

Je ne suis pas d'accord avec ton parallèle sur les femes qui perdent leurs conjoints pendant leur grossesse. De la même façon que vouloir un enfant d'un conjoint decédé, interrompre une grossesse parce que son conjoint meurt revient à ne pas continuer à vivre.

Je ne vois pas non plus le parallèle avec les familles homo. Les familles homo veulent, comme tout le monde, des enfants pour vivre, pas pour vivre un souvenir.


Effectivement ce n'est pas du tout pareil, dans un cas on a le choix, dans l'autre non. La base de la vie de l'enfant n'est pas la même.
53 ans strasbourg 6049
pourquoi pas... la fiv en elle mm est quelque chose de "contre" nature si on prend ca au sens littéral, pourtant on est bien contents quand on a du mal à avoir des enfants que cela existe. je vois pas ce que ca change que monsieur vienne de décéder ou non.

la maman s'accroche ptete trop à son défunt mais ca c un autre débat, ca n'empêche pas qu'elle veuille un enfant de cet homme.
40 ans Niort, Deux-Sèvres 3657
Il y a quelques temps, la justioce avait accepté de marier un couple dont l'homme était décédé (il était policier) alors pourquoi refuser dans ce cas? Après tout, l'homme n'avait pas fait congeler son sperme pour en faire des glaces non? Si on part du principe qu'il aurait pu changer d'avis, il aurait fallut partir du même principe pour le mariage à titre postum.
68 ans nice 3117
je pense que c'est different lorsque une jeune femme en age de procréer ne peut pas pour raisons X, que l'on puisse reparer ce probleme de la nature - la pma je pense est un parcours qui se fait a deux, c'est un acte d'amour au meme titre que faire un enfant de façon classique et souvent a lire certains post , il faut encore plus d'amour et de courage !!

par contre faire un enfant a plus de 60 ans, ou d'un homme décedé , la je dis que l'on pousse trop les limites de la science - meme si je comprends cette femme , quoique que personnellement je le ferais pas !

en 81 mon mari a eu un grave accident au risque vital , et au contraire ,j'etais contente de ne pas avoir d'enfant encore -

un enfant ne m'aurait pas "consolé" , presque le contraire !

je sais , bizarre !!!!!
F
41 ans Lorraine 791
louis_cyfer a écrit:
pourquoi pas... la fiv en elle mm est quelque chose de "contre" nature si on prend ca au sens littéral, pourtant on est bien contents quand on a du mal à avoir des enfants que cela existe. je vois pas ce que ca change que monsieur vienne de décéder ou non.


Ca change la représentation que l'enfant peut avoir de la base, de la source de sa vie:
Dans le cas du couple vivant avec FIV, le message inconscient est celui-là: "Ton père et moi on s'aime, on voulait avoir un enfant mais naturellement on ne pouvait pas, donc on a été aidé par la médecine pour t'avoir, un petit coup de pouce".
Dans le cas de l'enfant créé à partir du sperm d'un père déjà mort: "Ton père et moi on s'aimait, on voulait avoir un enfant mais il est mort, j'ai pu te faire, tant que tu sera là, il ne sera pas totalement mort, tu n'as pas le droit de me quitter, de m'abandonner comme il l'a fait"
(Quand j'utilise le terme abandonner ce n'est pas le choix du mort, mais quand on perd un proche on se sent abandonné, et quand je dis "celui-là" c'est en général et à peu près, c'est pas une vérité absolue).

La mère, va vouloir choyer, garder précieusement la dernière chose qui lui reste de son mari, à ton avis, comment va-t-elle l'éduquer? En lui enseignant à s'autonomiser, à s'épanouir seul ou à rester avec elle, bien à l'abri?

Et l'enfant quand il saura comment fonctionne la conception, qu'en fonction du moment, à un chouilla près, le spermatozoïde qui aurait fécondé l'ovule n'aurait pas été le même, et avec les démarches à quelques mois près lui aussi aurait été différent, alors comment peut-il penser autre chose que: J'existe car mon père est mort.
Je t'assure que même si ça ne parait pas rationnel, c'est tout à fait le genre de choses que peuvent penser les enfants de remplacement (et pas seulement à travers mon expérience, j'ai aussi beaucoup lu sur le sujet).

La différence essentielle est ce qui se passe au niveau inconscient, à des niveaux subtils qui peuvent être dévastateurs.
F
41 ans Lorraine 791
MaryMorgane a écrit:
Il y a quelques temps, la justioce avait accepté de marier un couple dont l'homme était décédé (il était policier) alors pourquoi refuser dans ce cas? Après tout, l'homme n'avait pas fait congeler son sperme pour en faire des glaces non? Si on part du principe qu'il aurait pu changer d'avis, il aurait fallut partir du même principe pour le mariage à titre postum.


Je suis contre mais pas parce qu'il aurait pu changer d'avis mais parce qu'on a pas a aider les gens à fabriquer des enfants pour remplacer quelqu'un, parce qu'il faut penser aux enfants.

Pour le mariage postum, je comprends mais cette fois-ci je serai plutôt pour (si ça ne change rien à la succession).
A
112 ans 6176
L'homme était d'accord pour faire un enfant de son vivant à priori.

Vous pensez vraiment qu'il a fait congelé son sperme dans l'optique que sa femme puisse avoir un enfant de lui, même après son décès?

A sa place, ce serait non. je me refuserai à ce que mon conjoint ait un enfant de moi alors que je suis decédée.

ps: j'en profite pour répondre à la personne qui parlait d'embryons congelés en cas de décès d'un des 2, ils ne sont plus utilisables car les 2 parents doivent etre consentants le jour du tranfert.
44 ans 77 5703
je l ai vue aux infos dans la nuit (impossible de dormir, reportage la banquise et sa faune auront disparus dans 10 ans, pas moyen de dodo, j ai poussé loin dans la nuit et je suis tombée au moins 3 fois sur des infos...)

et j y ai réfléchi.

mais je me mets à la place du gosse... que Maman m explique que mon Papa est mort, je connais, n ayant pas de souvenirs d avoir sauté sur ses genoux, le traumatisme est moindre. si on m avait expliqué que mon Papa on ne peut pas savoir qui c est car c est un don de sperme, ça devient compliqué. je ne critique pas malement les personnes qui y ont recours hein.
mais si on m explique que Maman et Papa s aimaient trés fort, ont vécu des choses tellement fortes que les mots manquent, que la maladie a entravé ma venue au monde, donc le fruit de leur Amour, mais que je suis là parce que cet Amour là est plus fort que tout, ben malgrè les supposées guelantes que je pourrai pousser parce que le schéma n est pas "classique", je trouve que c est pas malsain.
46 ans brest 3644
Moi ça me choque, même si je la comprend.


-Le père a t'il accordé le droit à sa femme d'utiliser son sperme après sa mort?

-elle parle de projet commun, mais ce projet n'était t'il pas d'avoir cet enfant ensemble? Cela devient donc SON projet a elle et non pas le leur.

-je bénéficie moi même des progres de la médecine pour avoir un enfant, mais la science doit avoir des limites, pour moi la 1ère des limites est de ne pas jouer avec la mort. J'espère que les morts ne feront jamais d'enfant!
53 ans strasbourg 6049
Freudette a écrit:
louis_cyfer a écrit:
pourquoi pas... la fiv en elle mm est quelque chose de "contre" nature si on prend ca au sens littéral, pourtant on est bien contents quand on a du mal à avoir des enfants que cela existe. je vois pas ce que ca change que monsieur vienne de décéder ou non.


Ca change la représentation que l'enfant peut avoir de la base, de la source de sa vie:
Dans le cas du couple vivant avec FIV, le message inconscient est celui-là: "Ton père et moi on s'aime, on voulait avoir un enfant mais naturellement on ne pouvait pas, donc on a été aidé par la médecine pour t'avoir, un petit coup de pouce".
Dans le cas de l'enfant créé à partir du sperm d'un père déjà mort: "Ton père et moi on s'aimait, on voulait avoir un enfant mais il est mort, j'ai pu te faire, tant que tu sera là, il ne sera pas totalement mort, tu n'as pas le droit de me quitter, de m'abandonner comme il l'a fait"
(Quand j'utilise le terme abandonner ce n'est pas le choix du mort, mais quand on perd un proche on se sent abandonné, et quand je dis "celui-là" c'est en général et à peu près, c'est pas une vérité absolue).

La mère, va vouloir choyer, garder précieusement la dernière chose qui lui reste de son mari, à ton avis, comment va-t-elle l'éduquer? En lui enseignant à s'autonomiser, à s'épanouir seul ou à rester avec elle, bien à l'abri?

Et l'enfant quand il saura comment fonctionne la conception, qu'en fonction du moment, à un chouilla près, le spermatozoïde qui aurait fécondé l'ovule n'aurait pas été le même, et avec les démarches à quelques mois près lui aussi aurait été différent, alors comment peut-il penser autre chose que: J'existe car mon père est mort.
Je t'assure que même si ça ne parait pas rationnel, c'est tout à fait le genre de choses que peuvent penser les enfants de remplacement (et pas seulement à travers mon expérience, j'ai aussi beaucoup lu sur le sujet).

La différence essentielle est ce qui se passe au niveau inconscient, à des niveaux subtils qui peuvent être dévastateurs.


mais globalement faire un enfant c'est toujours un choix d'adultes en fait. le fat que monsieur soit mort avant de procréer ne change rien à ce choix.

je veux dire par là tous les ados (ou presque) passent par la phase, je suis adopté ou j'ai pas demandé à vivre etc. ben là la phase sera certes plus difficile mais pas impossible. elle peut aussi expliquer que c'est un ultime acte d'amour, et qu'elle aimera toujours papa éternellement?

bon ce n'est qu'une théorie bien sur mais après tout pourquoi pas? tu dis que la FIV est plus percue comme un coup de pouce de la médecine ou mais c pareil en fait. "normalement" l'enfant n'aurait pas du être concu, donc il peut aussi se percevoir comme une erreur et que tout soit la faute de ses parents si sa vie se déroule mal. qu'ils n'auraient jamais du l'avoir et que donc il est le responsable pour un divorce, maladie, ou que sais je quoi encore qui peut survenir.

je crois aps que la surprotection soit différente entre un bébé né sous fiv et ce bébé là. ce sont des enfants plus que désirés, des vrais miracles et cadeaux de la vie. tout parent, je pense, ne peut qu'en être exalté et protecteur. c'est l'amour de leur vie qu'on leur offre...
53 ans strasbourg 6049
discogrenouille a écrit:
-je bénéficie moi même des progres de la médecine pour avoir un enfant, mais la science doit avoir des limites, pour moi la 1ère des limites est de ne pas jouer avec la mort. J'espère que les morts ne feront jamais d'enfant!


et pourtant nous tendons vers cela avec le clonage.
40 ans Niort, Deux-Sèvres 3657
Mais vaut-il mieux un enfant conçu à partir du sperme congelé de son défunt père mais voulu par ses deux parents qu'un gamin qu'elle irait concevoir avec le premier venu et qui, non seulement ne connaitrait pas son père mais n'aurait pas été désiré par ses parents?
49 ans 17521
Toad a écrit:
J'ajoute un truc.. je ne sais pas trop comment expliquer le lien entre les deux, peut être le saisirez vous : nous avons discuté un jour, à mon initiative mais inspirée d'un de tes posts, Karen, du poids que pouvait représenter pour un enfant le simple choix du prénom que font les parents à sa naissance.

Ce qui ressortait beaucoup des réponses et d'un article que tu nous avais transmis, c'est l'écrasante lourdeur que pouvait avoir sur un enfant le choix d'un prénom ayant une histoire forte dans la famille. Qu'en serait il pour un enfant dont peut être le nom, mais plus encore l'existence même, s'inscriraient dans le deuil d'un homme aimé et mort dans la force de l'âge ?


Mais justement, pour moi, ça n'a rien à voir !

L'histoire du prénom, y a vraiment un effet de remplacement, une négation de l'individualité de l'enfant né, à qui on donne le nom du précédent qui est mort, par ex...

Là, dans l'histoire dont nous parlons, je ne vois qu'une histoire de pma classique, sauf que la père est décédé... ce qui est pour moi un détail, dans la mesure où ils avaient pris leur décision de prélèvement de sperme ensembles, dans un projet commun... alors d'accord, c'était soit-disant au cas où la chimio le rende stérile... mais dans la mesure où l'insémination "post mortem" est pratiquée dans d'autres pays, qu'on ne vienne pas me dire qu'ils n'avaient pas envisagé la possibilité ensembles... simplement ils n'ont pas été malins, car ils ont certainement pensé que ça ne poserait pas de soucis... sinon ils auraient fait faire le prélèvement et le stockage à l'étranger...

Je trouve étrange que vous partiez du principe que forcement, elle veut cet enfant pour s'enfermer dans le souvenir du défunt, en remplacement... Or je ne vois, moi, qu'une volonté d'aller au bout du projet commun, et que la vie continue, justement...

Encore une fois, de nombreuses femmes se retrouvent seules alors qu'elles sont enceintes, ou sont abandonnées par leur conjoint... un certain nombre d'entre-elles vivent dans le passé et l'enfant peut servir parfois de substitut... mais ce n'est pas la majorité, je pense que la majorité continue à vivre... comme cette femme pourrait également le faire...

Et comme Djaga, je ne vois pas le traumatisme que cet enfant pourrait ressentir en apprenant qu'il est le résultat de l'amour de ses parents, qui ont juste du se faire un peu aider par la science... :roll: Il est surement plus difficile d'apprendre qu'on a été adopté (et donc qu'on a eu une mère biologique qui nous a abandonné) ou que notre père s'est barré en apprenant que notre mère était enceinte de nous...
B I U