Chère amie
J'ai bien examiné votre cas et l'affection dont vous semblez souffrir ne me laisse aucun doute: Effectivement vous nous faites une petite déprime. (D'ailleurs quand j'utilise ce verbe faire, un des plus utilisés de la langue française, je ne veux pas l'employer dans le même sens que quand on fait les gros yeux, qu'on a fait la Grèce, qu'on va faire la fête ou qu'on a envie de faire pipi). Bref, vous déprimez. Un peu.
Pas l'envie de vous lever, ce désir violent de tenir compagnie à vos oreillers, cet état particulièrement "à fleur de peau" qui vous fait passer du rire aux larmes, tout ça est un symptôme bien répandu. Tout le monde peut en être victime. Même Mulhouse. L'autre jour par exemple, il était un peu comme vous, (sauf qu'il passait pas du rire aux larmes, vu qu'il sait pas rire). Je le croyais malade, j'ai pensé qu'il avait mangé un chat avarié. Ben non ! Rien de tout ça ! Il déprimait, tout seul dans son coin, et même ses croquettes ne savaient pas se donner ce côté attrayant qu'elles ont habituellement. Et même son hérisson en plastique lui semblait pousser des pouic-pouic moins amusants que d'habitude. Alors comment faire pour vous sortir de ce mauvais pas ? Nous allons y réfléchir ensemble, si vous le voulez bien, chère Liebling.
Sous les fenêtres du roi Louis XVI, juste avant la révolution.
Le peuple : _ On a faim, on a faim !
Le Roi : _ Ben il faut manger !
Le peuple : _ On peut pas, on peut pas !
Le Roi : _ Ben faut vous forcer !
A que notre bon Roi était plein de bons sens ! Il savait ce qui est bon pour nous les gens de la France d'en bas. Il faut vous forcer Liebling, parce que sinon, personne ne le fera pour vous.
Donc voici trois exercices que je vous suggère et que vous me ferez le plaisir de mettre en application dès aujourd'hui.
1/ Allez vous promenez en foret en famille et poussez des cris de bêtes, le plus fort possible. Vous prendrez soin de mettre dans vos cris toute la colère et l'énergie que votre état de déprime vous empêche d'exprimer. Faites un concours, le premier qui réussit à faire peur aux oiseaux ou à faire se déplacer la police marque 1000 points.
2/ Faites pour la famille un gros cassoulet. Attendez quelques temps, puis toujours en extérieur, (sémieu, qu'en appartement, ça pourrait décoller les tapisseries), essayez chacun votre tour, de réussir à reproduire la première mesure de la Marseillaise en pétant. Bien sur, vu le caractère cosmopolite de votre famille, si un autre hymne national vous paraît plus adapté, ça marche aussi.
3/ Allez acheter des pistolets à eau, mettez des habits d'agents secrets (costume pour les garçons et robes du soir pour les filles) et rendez-vous dans le jardin public le plus proche, pour faire un remake de "Jamais plus jamais" ou de "James Bond contre le Docteur No". Vous pouvez aussi tenter la reconstitution historique de la bataille de Verdun, chacun dans sa tranchée, mais en remplaçant les bombes par des petits suisses, et les gaz mortels par des lancers de boules puantes.
Et puis aussi, ("Ceci n'est pas un exercice, je répète, ceci n'est pas un exercice") même si aujourd'hui, vous avez encore du mal à bien saisir la puissance de ce dicton, essayez de vous en persuader quand même :
Après la pluie sous les draps, vient le beau temps entre les cuisses.
Voilà. Je repasse demain pour ramasser les copies.