12 mars 2007 Tatouages éphémères noirs à base de henné : mise en garde Catherine Desmares Directrice de l'évaluation de la publicité, des produits cosmétiques etbiocides A l'approche de l'été, l'Afssaps entreprend une campagne de mise en garde des consommateurs vis-
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vis des tatouages temporaires noirs à base de henné, à l'origine de cas d'allergies cutanées potentiellementgraves. Contexte Depuis 3 ans, les dermatologues et allergologues signalent à l'Afssaps des cas d'eczéma de contact qui surviennent dans un délai de quelques jours à quelques semaines après l'application de tatouages éphémères pratiqués avec du henné contenant de la paraphénylènediamine (PPD). Cette substance est ajoutée illégalement au henné afin de donner une couleur noire aux tatouages. Les tatouages noirs temporaires sont le plus souvent proposés aux vacanciers sur les plages, dans les centres de vacances ou sur les marchés et rencontrent beaucoup de succès, car leur coloration noire est plus appréciée que la teinte habituelle du henné qui varie du brun à l'orange. Cette pratique est également répandue dans d'autres pays d'Europe et a conduit le Conseil de l'Europe à se saisir du sujet. Il a ainsi invité les autorités sanitaires à réaliser une information des consommateurs sur lesrisques liés à ce type de pratique.Données de cosmétovigilance La cosmétovigilance permet le recueil et le traitement des effets indésirables graves liés à l'utilisation de produits cosmétiques et de tatouage. Ils sont déclarés par les professionnels de santé à l'Afssaps. Ce système mis en place par la loi du 9 août 2004 permet à l'Afssaps d'exercer ses missions de sécurité sanitaire, au regard des signalements reçus, notamment par des actions d'information des consommateurs et par des actions de surveillance du marché dans le cadre de sa coopération avec les services de la direction générale de la concurrence, consommation et répression des fraudes(DGCCRF). Le système de cosmétovigilance rapporte 8 déclarations d'effets indésirables survenus avec des tatouages éphémères à base de henné en 2004, 9 en 2005 et 16 en 2006. Compte tenu du caractère récent de ce dispositif mis en place par l'Afssaps, ces chiffres sont vraisemblablement en dessous du nombre réel de cas d'eczémas constatés. Ces cas d'eczémas peuvent entraîner des réactions violentes, nécessitant parfois une intervention médicale urgente voire une hospitalisation. Ils peuvent être limités à la zone tatouée ou s'étendre à la zone avoisinante voire à tout le corps. Ces réactions peuvent également conduire à une polysensibilisation, notamment à des caoutchoucs et colorants vestimentaires ou à des teintures capillaires et empêcher la pratique de certaines professions comme celle de coiffeur par exemple. Ces sensibilisations sont de plus en plus préoccupantes, parce qu'elles affectent principalement des enfants ou des adolescents et sont susceptibles d'avoir des incidences dans leur vie quotidienne et/
ou professionnelle. En dernier lieu, il est utile de rappeler que l'inductionde sensibilisation a un caractère irréversible.La substance mise en cause : la paraphénylènediamine (PPD) La PPD est une substance qui est autorisée dans les produits cosmétiques, uniquement dans les teintures capillaires, à une concentration ne pouvant excéder 6%. La PPD est également utilisée pour colorer les textiles notamment. Les tatouages temporaires à l'origine des nombreux cas de sensibilisation sont réalisés avec du henné auquel est ajouté de façon illicite la PPD. Une concentration élevée en PPD accentue la coloration noire du tatouage, augmente sa longévité et accroit les risques de sensibilisation. En revanche, les tatouages pratiqués avec du henné pur sans adjonction de PPD donnent une coloration qui va du rouge châtain à l'orange. Le délai d'imprégnation est plus long et s'estompe plus rapidement qu'avec du henné additionné en PPD.La direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), saisie par l'Afssaps, a réalisé une enquête au cours de l'été 2005. Les résultats de cette enquête montrent que de nombreux produits de tatouage temporaire à base de henné, intégrant de laPPD à des concentrations allant jusqu'à 26%, sont commercialisés principalement via internet.Les autorités sanitaires françaises mettent en garde Compte tenu des cas d'eczéma allergique signalés, des difficultés de contrôle du circuit de distribution des produits et des lieux de réalisation des tatouages, l'Afssaps met en garde contre les risques et déconseille l'application de tatouage noir temporaire. La France a alerté le comité d'experts du Conseil de l'Europe afin notamment que les Etats Membres réalisent des actions de communication vers les consommateurs. Un communiqué de presse a été diffusé par l'Afssaps en juin 2006 et une nouvelle campagne de communication est engagée pour l'été 2007. L'Afssaps va s'adresser aux professionnels de santé (dermatologues, médecins généralistes), afin qu'ils informent leurs patients sur les risques liés à ces tatouages et qu'ils puissent identifier une éventuelle allergie à une substance colorante autre que la PPD liée à la réalisation d'un tatouage éphémère noir. Par ailleurs, une affichette illustrant les risques inhérents à la réalisation de ce type de tatouages va être diffusée auprès des médecins, des agences de voyage et des offices de tourisme pour informer le public. L'Afssaps rappelle que toute réaction cutanée faisant suite à la réalisation d'un tatouage noirtemporaire doit être signalée à un professionnel de santé.