Trouvé sur le site de la Leche League ;)
Traduction du feuillet n° 23 du Dr Jack Newman, MD, FRCPC
© 2003
« Breastfeeding your Adopted Baby ».
Révisé en janvier 2003
Allaiter votre bébé adopté
Vous vous préparez à adopter un bébé et vous souhaitez l'allaiter ? Merveilleux ! Non seulement c'est possible, mais c'est relativement facile, et de plus, vous avez de bonnes chances de produire une certaine quantité de lait. Cependant, ce n'est pas comme allaiter un bébé que vous auriez porté neuf mois.
L'allaitement et le lait maternel
L'allaitement d'un bébé adopté dépend de deux facteurs. Le premier est d'apprendre au bébé à prendre le sein. Le second est de produire du lait. Il est nécessaire d'avoir des attentes réalistes. L'allaitement, c'est bien plus que le lait maternel, et nombre de mères se satisfont d'allaiter, sans s'attendre à produire tout le lait dont le bébé aura besoin. C'est la relation toute spéciale, le rapprochement, l'attachement biologique fourni par l'allaitement que recherchent bien des mères. Comme disait une mère adoptive : « Je veux allaiter. Si en plus le bébé reçoit du lait maternel, fantastique. »
Apprendre au bébé à prendre le sein
Même si beaucoup de gens croient que l'alimentation au biberon, même au début, ne gêne pas l'allaitement, l'introduction d'une tétine peut vraiment nuire. Plus le bébé est mis au sein tôt après la naissance, meilleurs seront les résultats. Mais il faut que du lait coule pour que le bébé reste au sein et continue de téter, surtout s'il s'est habitué au débit d'un biberon ou à une autre méthode d'alimentation (tasse, alimentation au doigt). Que faire alors ?
Parlez au personnel de l'hôpital où doit naître le bébé, et précisez bien à l'infirmière-chef ou à la consultante en lactation que vous voulez allaiter le bébé. On devrait vous permettre de nourrir le bébé à la tasse ou au doigt, si vous ne pouvez pas le mettre au sein immédiatement après sa naissance. D'ailleurs, de plus en plus souvent, on prend les mesures nécessaires pour que la mère adoptive soit présente à l'accouchement et puisse allaiter le bébé immédiatement. Plus vous commencez tôt, mieux c'est.
Certaines mères biologiques acceptent d'allaiter le bébé pendant les premiers jours. Des travailleurs sociaux, entre autres, craignent toutefois que cela incite la mère biologique à changer d'idée. C'est possible, et vous pourriez ne pas vouloir prendre ce risque. Cependant, c’est possible et l'avantage est que le bébé peut être allaité et boire du colostrum, en plus de ne pas recevoir dès le départ un lait industriel.
Une bonne prise du sein est encore plus importante lorsque la mère n'a pas une sécrétion lactée abondante. Une bonne prise signifie des tétées sans douleur. Elle signifie aussi que le bébé recevra davantage de votre lait, que la sécrétion lactée soit ou non abondante. (Voir le feuillet Effectuer la mise au sein).
S'il faut donner un supplément au bébé, il faut le faire avec un DAL (dispositif d'aide à la lactation), pendant que le bébé est au sein (voir le feuillet n° 5, Utilisation d'un dispositif d'aide à la lactation). C'est à force de prendre le sein que les bébés apprennent à téter, pas en étant nourris à la tasse, au doigt ou au biberon. Bien entendu, le supplément donné peut être votre propre lait, extrait préalablement. Si vous pouvez en trouver, du lait provenant d’un lactarium est ce qu’il y a de mieux après votre propre lait.
Si vous avez de la difficulté à mettre le bébé au sein, consultez aussi vite que possible.
Produire du lait maternel
Dès que l'arrivée du bébé est en vue, contactez une consultation de lactation et préparez-vous à produire du lait. Il faut bien comprendre que vous ne produirez peut-être jamais suffisamment de lait pour nourrir le bébé de façon exclusive, mais c'est possible. Il ne faut pas se décourager à la vue des quantités extraites avant la naissance du bébé ; un tire-lait n'est jamais aussi efficace qu'un bébé qui tète bien et qui est bien mis au sein. L'expression du lait avant la naissance du bébé a pour principal objectif de préparer les seins à sécréter du lait, non de constituer des réserves de lait, même si c'est une bonne idée si vous le pouvez.
Si vous savez suffisamment tôt quand arrivera le bébé, par exemple 6 ou 7 mois à l’avance, un traitement combinant l’œstrogène et la progestérone (comme les contraceptifs oraux, mais sans interruption) ainsi que du dompéridone peut simuler un peu la grossesse et vous permettre de produire davantage de lait. Renseignez-vous sur ce protocole auprès de votre consultation.
a.Expression du lait. Si possible, louez un tire-lait électrique à double pompage, d'abord parce qu'il faut évidemment deux fois moins de temps pour tirer du lait des deux seins à la fois, mais aussi parce que la production de lait sera accrue. Commencez à stimuler les seins dès que l'arrivée du bébé est en vue, même si cela signifie que vous devrez le faire pendant quatre mois. Il n'est pas nécessaire d’exprimer fréquemment ou de suivre un horaire. Faites de votre mieux. Si deux fois par jour est ce qu'il vous est possible de faire au début, faites-le deux fois par jour. Si vous le pouvez une fois par jour pendant la semaine, et six fois pendant la fin de semaine, tant mieux. Le conjoint peut aussi aider en stimulant les mamelons pendant les rapports sexuels.
b.Dompéridone (voir article n° 19, Dompéridone). Ce médicament peut vous aider à augmenter votre production de lait. Il n'est pas nécessaire d'y avoir recours pour allaiter un bébé adopté, mais il peut aider à augmenter plus rapidement la sécrétion lactée. Il n'y a pas de médicament inoffensif à 100%. Si vous décidez de prendre du dompéridone, la dose est de 20 mg, quatre fois par jour. Lisez le feuillet correspondant pour en savoir davantage et consultez une consultation d’allaitement. Avec le tire-lait et le dompéridone, la plupart des mères adoptives commencent à produire des gouttes de lait après deux à quatre semaines.
Est-ce que je produirai tout le lait dont mon bébé aura besoin?
Peut-être, mais n'y comptez pas. Si non, allaitez tout de même votre bébé, et permettez-vous, à tous les deux, de jouir de cette relation si spéciale. Un peu de lait, c'est mieux que pas du tout.
Veuillez noter : Si vous décidez de prendre les médicaments (hormones et/ou dompéridone), votre médecin de famille doit être avisé de ce que vous prenez et pourquoi. Des effets secondaires importants sont extrêmement rares, mais ceci ne veut pas dire qu’ils n’existent pas. Votre médecin doit vous suivre, et une fois que votre bébé sera avec vous, le médecin de votre bébé doit savoir que vous l’allaitez et suivre ses progrès comme il/elle le ferait pour tout autre bébé.