ptitefleur44 a écrit:Moi ma fille n'est même pas encore née que je me prends déjà des réflexions... :evil:
Son poids de naissance est estimé à 4kg-4.5kg. Ma belle belle mère n'a rien trouvé de mieux à dire que "elle sera potelée comme sa mère"... :evil:
Absurde. Profondément absurde.
Mon frère est né rond. Très rond. Aujourd'hui, revoir les photos de sa petite enfance m'est toujours prétexte à rire (Oui. Je suis une soeur. Je ne prétends pas être toujours tendre, bien au contraire.). Parce qu'à présent, il est mince. Très mince. Limite maigre, si l'on s'en réfère aux médecins. Et son rapport à la nourriture est bien plus sain que le mien ne l'a jamais été, moi qui suis pourtant née plus "mince", si ce terme a la moindre signification concernant un bébé.
Pour répondre au sujet, (et n'ayant pas d'enfants, je parlerai de mon expérience personnelle) je n'ai pas souffert de comparaisons. Peut-être n'y en a-t-il pas eut. Sans doute ont-elles été plutôt faites dans mon dos. Mon frère était mince, j'étais ronde. En vérité, je le voyais à peine. Parfois, il en usait pour me taquiner, mais cela s'arrêtait là. Il connaissait la limite. Il a réellement toujours fait preuve d'une délicatesse surprenante chez un petit garçon. Avec le recul, je pense que l'autorité maternelle avait dû passer par là. Elle est bien, ma maman.
Le fait qu'il soit un garçon, et non une fille, a beaucoup aidé, je suppose. Je n'étais pas en compétition pour "qui sera la plus belle ce soir". J'ai toujours remercié le ciel pour n'avoir pas eu de soeur. Cette salope aurait probablement volé mes copines, salopé mes cahiers et, comble de l'indécence, pesé largement moins que moi. La connasse. J'aurais sûrement souffert de la voir, elle, entrer dans un 36.
Le fait aussi que, malgré sa minceur, il ait ses défauts physiques. Pas de malentendus, il est mon frère et il a tout pour plaire, mais j'aurais probablement moins supporté s'il avait eu une gueule de beau gosse, tendance prince charmant. Nous ne sommes tous deux ni beaux ni laids, chacun à notre façon, et c'est très bien ainsi. Justice est sauve.
Le fait, enfin, que nos parents nous aient élevés dans une inconscience totale de la beauté. Nous n'y réfléchissions même pas. En fait, s'il y a eut des remarques, je n'ai pas du les relever. J'ai gardé longtemps ce merveilleux trésor qu'est l'innocence. (Bon. Lorsque je l'ai perdu, cela a été très violent. Un véritable raz de marée de petits cons et de vieilles peaux de vaches. Surtout de petits cons. Qu'ils crèvent. Mais des années de complexes m'ont été épargnées, et c'est une chance que je ne sous-estime pas.)
En vérité, j'ai une profonde reconnaissance envers mes parents pour n'avoir pas surveillé mon poids, du moins pas ouvertement, et envers ma famille dans son ensemble pour n'avoir jamais fait le moindre commentaire concernant ma corpulence (face à moi, j'entends, encore une fois). J'ai eu la chance d'être entourée de gens extremement respectueux. Ils ont été un refuge, lorsque le reste du monde s'acharnait à me classer parmi les rondes, moi qui l'était pourtant à peine.
J'emmerde les gens. Les critiques viennent généralement de personnes en souffrance vis à vis de leur propre corps, qui rejettent leurs angoisses et complexes sur d'autres moins chanceux. Attaquer dans un réflexe de défense préventif absurde et égoïste.
"Regarde le, lui! Non, pas moi, ne regarde pas moi, regarde lui! Il est pire, tavu? Hein, hein? Trop pas de bol, le mec. Ouaaais, trop. On va fumer une clope?" Bref. C'est assez évident dans les cours de collèges, mais cela ne s'arrête pas par la suite. Ca devient juste plus subtil, plus vicieux. Parfois. D'autres restent des connards prévisibles à vie. Tous mes voeux de bonheur à eux. Loin de moi.
Mon petit frère est mince, et je suis à la fois très fière et très heureuse qu'il le soit. Que personne ne puisse jamais le faire souffrir comme j'ai souffert, moi. Et que personne ne puisse jamais venir reprocher à mes parents de n'avoir pas surveillé l'alimentation de leurs enfants.