Il n'y a pas de sagesse naturelle chez les animaux. Ils ne font pas le choix conscient de cesser d'engendrer une descendance. C'est la nature qui s'occupe de réguler tout cela. Ainsi, certaines espèces perdent la capacité de procréer, ou l'excitation nécessaire à la reproduction, lorsque les conditions de vie deviennent difficiles. D'autres espèces encore voient leur "réserve de parfum" s'épuiser. Le rejeton, qui n'aura donc pas été en contact avec l'odeur maternelle sera vu comme un étranger et tué.
Il n'y a pas de sagesse animale, mais une régulation naturelle. Qui n'existe pas (ou d'une moins pas d'une manière aussi efficace) chez les hommes.
Donc, pour cesser d'engendrer, les hommes doivent en faire le choix conscient. Et, pour cela, il faut la connaissance nécessaire, d'abord. Sachant que l'éducation sexuelle est trèès loin d'être une priorité dans les milieux les plus défavorisés, d'autant plus lorsqu'il s'agit de pays pauvres. C'est un rapport de cause à conséquence qui a toujours été vérifié : lorsque les femmes accèdent à l'éducation (et, surtout, y gagnent l'espoir d'une autre vie), le nombre d'enfants chute.
Omondieu, c'est fou, on en a de la chance d'être allées à l'école!
Ensuite, en avoir les moyens. C'est bien beau de décider n'avoir pas d'enfants mais quoi? Si tu n'as pas accès à la contraception, tu cesses toute une vie de faire l'amour? Demander ça à une femme, encore, admettons. Quoique l'idée est déjà absurde. Mais à un homme, dans un milieu où les viols et la prostitution sont monnaie courante?
"Alors on est d'accord mon gars, je sais que tu as une libido, tout ça, mais tu dois bien comprendre que tu es un être humain. Donc, pour le bien de la population mondiale -qui pense vachement à toi et à ton bonheur, oui, maintenant que tu en parles-, tu cesses de réagir à tes besoins primaires et tu mets ton zizi en veille le temps que la population retrouve des proportions décentes. Ou tu te trouves une femme ménopausée."
Et puis, tu regardes cela avec ta vision d'occidentale. Les populations les plus pauvres considèrent souvent les enfants comme leur seule richesse. Des bras supplémentaires, oui, mais pas seulement. C'est aussi les enfants qui permettront aux parents de survivre lorsque ceux ci n'auront plus la capacité physique de continuer à travailler. Un raisonnement logique, sans l'espoir d'une retraite. Personne ne veut mourir seul, comme un déchet, après une vie à trimer. C'est d'ailleurs ce qui guide les abandons d'enfants, en chine : une fille est un enfant inutile, puisque non seulement elle sera une bouche à nourrir mais elle appartiendra suite à son mariage à la belle-famille. Un garçon, lui, continuera à s'occuper de ses parents. Donc, puisqu'on ne peut avoir qu'un enfant, il faut absolument un garçon. Logique. Affreux, mais logique.
En fait, le plus affreux là-dedans, c'est que puisque les habitants des pays pauvres ne peuvent généralement se réguler automatiquement quant aux naissances, l'abandon d'enfants est ce qui apparait comme le plus proche de cette "sagesse naturelle visant à limiter le nombre d'individus" qu'auraient les animaux, après l'infanticide. Bé oui, bonne mère. Un enfant abandonné, c'est un enfant qui a plus de chances de décéder rapidement. Les enfants ne sont pas un choix, pour beaucoup. Donc la phrase
"Mais pourquoi font-ils des enfants si c'est pour les abandonner ensuite?" n'a aucun sens dans ces circonstances. Ce serait plutôt
"pourquoi garder des enfants dont on a pas forcément voulu et qui, par leurs besoins matériels, nous plongent un peu plus dans la misère?". Evidemment, je ne légitime pas. Il s'agit juste de montrer l'absurdité d'un tel raisonnement, trop rapide et trop facile.
Au final, le seul espoir de limiter durablement la surpopulation reste donc l'éducation.
Parce que les guerres et les famines ont été un temps des solutions à court terme, mais qu'aujourd'hui les pays occidentaux interviennent dans ce processus. Pas pour les aider à sortir de leur merde, hein, non, faut pas pousser. Juste les tenir en vie. Histoire de se donner bonne conscience. Et ils peuvent joyeusement continuer à procréer de jolis marmots qui, a leur tour, pataugeront dans la misère et participeront à l'angoissante croissance démographique.
Après, il y a dans nos pays des femmes qui n'ont pas conscience de l'impact que va avoir un bébé dans leur vie et font un enfant comme on fait une bêtise. Mais c'est un sujet plus individuel, qui n'a pas grand chose à voir avec la surpopulation, plutôt avec le développement personnel, à la fois de la mère et de l'enfant. En fait, tu as lancé deux sujets pas totalement incompatibles mais qui doivent bien être différenciés.
[Les avis exprimés ci-dessus n'engagent que leur auteure. C'est dit, c'est fait, on en parle plus.]