Je ne crois plus aux régimes et je vais vous dire pourquoi.
J'ai fait mon premier régime à 14 ans. Je faisais dans les 60 ou 65 kilos pour 1m62. Pour
mon médecin de famille ça n'était pas acceptable, mes parents ont suivi et m'ont mises au régime 1200 calories.
J'ai perdu à tout cassé 3 kg et hop j'ai pris, pris, pris. On m'a accusé de me goinfrer en cachette.
Puis, mon père a fait le régime Montignac parce qu'il avait beaucoup grossi (représentant, resto tout les midis), ça a tellement bien marché sur lui qu'il m'a convaincu d'essayer. Je n'ai même pas perdu 1g, j'ai pris du poids direct. Conclusion: je ne respectais pas, forcément...
J'ai ensuite eu droit à "régime d'hopital" donné par une copine, de copine, de copine infirmière. En gros un seul plat par repas et un dessert light, pas d'entrée, plat, dessert. ça a marché un mois et puis j'ai repris.
Je crois que c'est là que j'ai commencé à être angoissée par la nourriture. A 18 ans quand j'ai quitté la maison pour mes études, je continuait de grossir et je suis partie faire des études de mode avec comme grande ambition de créer des fringues pour les grosses, parce que je n'en pouvais plus de m'habiller en jean /chemise toute mon adolescence.
Cette année là un médecin m'a donné du Lévothyrox (pour les personnes ayant un problème de Thyroide) alors que je n'en avais pas. J'ai perdu du poids. Je me sentais mieux.
Puis j'ai repris.
Un autre médecin m'a dit que j'étais anorexique et boulimique, dû au stress des études. Je suis allée voir le psy qu'il m'a conseillé. Je n'ai jamais été ni anorexique, ni boulimique, je n'y suis pas retourné.
J'ai fait d'autres régimes débiles.
A la fin de mes études, je me suis retrouvée en stage non rémunérée plus d'un an, exploitée, obligée de prendre un boulot à mi temps pour vivre et de squatter chez des parents à 1h30 de trajet de mon boulot déprimant de secretaire médicale. Je suis montée à 99kg.
Il faut dire que avant d'arriver à 99kg je m'étais mise au régime avec une dieteticienne et un psy alimentaire dans un hopital. La diététicienne m'accusait une fois de plus de ne pas respecter son régime. Ce qui était absurde c'est que son régime m'obligeait à manger plus qu'avant. J'étais compétement dégoutée de la nourriture. Je ne me nourrissait plus que de salades et de fruits, par obligation, l'idée de manger me dégoutait.
Le psy a eu deux avantages: 1/ j'ai appris à ne pas finir mon assiette quand je n'avais plus faim, vous savez la culpabilisation quand vous êtes petits et qu'il faut finir son assiette à cause des Biafrats qui n'ont rien à manger ... 2/ J'ai pris conscience que je me laissais obligée à trop de choses.
Et j'ai pété les plombs. Le boulot nul, la vie nulle (j'avais 20 ans et je ne sortait jamais), la prise de poids, les insultes de ma famille ("Regarde toi t'es un monstre, mais réagis, fais quelques chose !), la diététicienne qui refusait de me croire et l'échec malgré tout mes efforts. Le dégout de tout.
J'ai tout plaqué. C'était ça ou j'y laissais ma peau. Je suis partie bosser pour un club de vacances à l'étranger. Je vous dis tout de suite pour moi ça n'était pas des vacances, je bossais 80h par semaine, payées 35. Mais je faisais le métier que j'aimais, je voyais pleins de monde et je sortais tous les soirs.
Le premier jour devant tous les buffets fabuleux, j'ai dit: non, ça suffit les régimes, je mange ce que j'ai envie de manger. J'ai mangé des gateaux (je n'en avais pas mangé depuis au moins deux ans) et bu des cocktails ( je ne buvais pas d'alcool oooh ça fait grossir). J'ai aussi recommencé à manger tout ce que je m'étais interdit depuis longtemps des pates, des pizzas, du fromage, du pain et de la glace. J'ai fait la fête, dansé, rit et je me sentais valorisée dans mon travail et entourée d'amis.
J'ai perdu 12 kilos en 2 mois, 22 en 4 mois.
Je ne m'en suis aperçue qu'en rentrant en France au bout de 2 mois, en me regardant dans MON miroir, dans MA salle de bain. J'ai dû racheter une garde robe. Mes pantalons passaient les hanches sans les ouvrir. Comment ais je pu de pas m'en rendre compte avant ????
Je suis repartie pour un autre pays, pas de balance mais j'ai encore rachetée ma garde robe. Je suis descencue du 50 avant mon premier départ au 42/44 à mon retour de mon dernier voyage. Ma famille me reconnaissait à peine. Ce n'est que quand j'ai repris que j'ai pris conscience combien j'avais perdu.
J'ai recommencé à grossir dès mon retour en France. Mais dans ce club de vacances, j'avais réappris à manger et prendre plaisir à manger. A la gourmandise. Etre gourmand ça n'est pas se goinfrer de trucs dégeux, c'est sélectionner le meilleur et l'apprécier. ça n'est pas un plaisir coupable, ni un péché. C'est bon d'être gourmand, conscient de ce qu'on mange.
La nourriture m'obsédait malgré tout. Je me suis mise au Bio, et à tout faire maison, même le pain et les yaourts. L'idée de toutes les choses cachées à mon insu dans la nourriture que j'achetais m'angoissait.
Je me suis acharnée à avoir une nourriture équilibrée, avec de tout dedans et sans rien supprimer. Les régimes ont formatés beaucoup de réflexes: des interdits sur le pain, le gras, les sucres. Aucune trace de quoi que ce soit qui fasse grossir et pourtant ça montait encore...
Et puis j'ai encore tenté un régime index glycemique. Sans résultats. J'ai continué à grossir.
J'ai retrouvé un 50/52. J'ai averti mon médecin de ne pas ouvrir sa bouche sur mon poids et aucune mention de régime sinon je me fache. Et j'ai à nouveau tout arrêté.
J'ai stagné pendant deux ans au moins, ni grossi ni maigri. Et j'ai essayé d'écouter mon corps, et de manger ce qui me faisait envie. Parfois je mange plus, parfois peu. J'ai souvent l'impression de manger beaucoup moins que mes collègues de bureau. Pourquoi je grossis alors ? Les hormones ? Ma nature ? Le stress ?
Cette année, j'ai une super ambiance au boulot, et un même temps un gros stress dans la vie personnelle et je me rend soudain compte que je ne fais plus qu'un 46, sauf la poitrine qui est resté au 50.
Peut être que si je n'avais pas fait de régime à 14 ans je serais resté à mes 60kg, peut être que je n'aurais pas toute cette psychose autour de la nourriture. Je n'étais pas une grosse mangeuse, et j'étais très sportive, 60kg ça n'était rien d'anormal. Qu'est ce qui a pris à mon médecin ? J'ai réduit le sport mais je n'ai jamais arrêté. Tous les régimes m'ont fais grossir et à chaque fois que j'ai dis M... aux régles alimentaires j'ai maigris. Le sport n' a rien changé. Certains blocages alimentaires dus aux régimes sont gravés dans mon esprit. Dans certains cas, ce sont les régimes qui provoquent des troubles alimentaires.
Je ne prétends pas qu'en mangeant tout ce qu'on veut quand on veut on maigrit, mais je me dis que quelque part quand j'ai boycotté les règles, mon corps a trouvé tout seul ce dont il avait besoin sans excès et sans restrictions.
Je sais que je retomberais dans les régimes quand j'en aurais marre de regrossir à nouveau. Parce que ça reviendra forcément, non ? En plus j'ai des intolérances alimentaires LOL.
Je voudrais que les médecins arrêtent de croire que si on est gros c'est forcément qu'on s'empiffre. Ils devraient être moins idiots que ça, non ? Je crois profondément que la nourriture industrielle est tellement modifiée que nos corps ne savent plus y réagir et font n'importe quoi.
Je peux ouvrir un magasin du 42 au 52 avec tout ce que je garde dans mes boites au cas ou je maigrisse, au cas ou je grossisse, au cas ou quoi ?
Ma bonne résolution: ne plus jamais me laisser entrainer à faire un régime. Jusqu'au prochain ;)
Voilà, c'est peut être un peu décousu, mais j'avais envie de cracher ce que j'avais sur l'estomac.
Merci