Flore intestinale et obésité

pipelette a écrit:

Je ne connaissais pas, j'avoue que je suis assez sceptique, je vais chercher d'autres sources sur ce thème. Merci en tout cas d'avoir ouvert une discussion sur le sujet.

On fait bien avaler des antibiotiques aux animaux d'élevage pour qu'il grossissent plus vite (je ne sais pas si ça se fait encore, mais ça a existé). C'est bien que la flore intestinale joue un rôle là-dedans.

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne je n'ai rien sur le 2ème lien.

Sinon, j'avais déjà lu un article qui mettait en évidence un lien de causalité entre le surpoids et certaines bactéries présentes dans les yaourts. C'était en 2008. Bizarrement, ça n'a jamais vraiment fait la une. Pourtant les résultats ont l'air d'être assez probants.

D'un autre côté, tous les gens mangeant des yaourts ne sont pas obèses ou en surpoids. Donc je ne sais pas trop.

Pour apporter ma petite pierre à l'édifice, je suis atteinte d'une maladie intestinale. Il s'agit d'une maladie auto-immune où, sans que l'on sache vraiment pourquoi, nos anti-corps attaquent les 'bonnes' bactéries présentent dans l'intestin. Sur une discussion portant sur ce sujet (ici même, sur VLR), une intervenante faisait remarquer que les gens qu'elle connait ayant cette maladie sont tous soit très maigres soit très gros. J'ai moi-même constaté la même chose. Se pourrait-il qu'il y ait une corrélation avec l'étude que tu as citée? :-k

Poupee_Russe a écrit:

Oui bien sûr ! A 100%.

Pour les yaourts il ne faut pas comprendre : les yaourts font grossir mais certaines bactéries colonisant la flore intestinale présentes dans certains yaourt font grossir en permettant de dégrader une partie des aliments ingérés qui ne seraient pas digérés sinon.

Je fais des recherches à droite à gauche sur ce thème en ce moment et j'avais déjà croisé pas mal d'infos sur les maladies auto-imunes avant.

Pour l'instant la recherche fondamentale tatonne pas mal et leurs résultats ne sont pas encore beaucoup transcrits de façon vulgarisée et exploitable.

J'essaye d'extirper des infos que je puisse retransmettre ici et confronter aux recherches d'autres membres du forum.

Pour l'instant j'ai cru comprendre que :

Les obèses ont souvent moitié moins de Bacteroidetes que les autres et infiniment plus de firmicutes.
En gros les obèses auraient une proportion de bacteroidete de 1 contre 100 firmicute dans leur flore intestinale quand les autres seraient à 1 contre 10.

L'enjeu serait donc de modifier sa flore intestinale pour limiter les firmicutes et permettre aux bacteroidetes de se developper sachant que les antibiotiques viennent mettre un joyeux bazar là-dedans. La maladie de Crohn par exemple est très liée à la flore intestinale, à un moment on parlait d'elle comme de la maladie de l'eau "trop propre" (= contenant pas assez de bactéries ou de telle ou telle bactérie)

Pour l'instant tout ce que j'ai reussi à dénicher d'exploitable serait d'éviter les farines et sucres raffinés (privilégier les céréales complètes et les sucres bruts). Il semblerait que perdre 2% de sa masse corporelle en limitant les sucres permettrait déjà je modifier sa flore intestinale (en limitant les graisses il faudrait perdre 6% de sa masse corporelle).

Toutes ses infos sont sous reserve que les études que j'ai lues soient pertinentes et que je les aie bien comprises.

Et vous que savez-vous ou que trouvez-vous comme infos sur le sujet ?

Le meilleur article que j'aie déniché pour l'instant est là :
http://www.farm.ucl.ac...texts-FARM/Delzenne-2008-2.pdf

Le hic c'est qu'il n'est pas évident à décrypter... avis aux amateurs de synthèse vulgarisante...

Je vous cite ce que Zermati m'a répondu sur la question :

La flore intestinale fait effectivement beaucoup parler d'elle en ce moment. Les premières recherches sont récentes et datent de 2006. Elles ont commencé par la découverte suivante : l'introduction dans l'intestin stérilisé d'une souris de la flore intestinale d'une souris obése entraine une prise de poids supérieure à celle obtenue par le transfert de la flore d'un animal normal.

On a également montré que la surconsommation alimentaire entrainait une modification rapide de la flore intestinale se traduisant par l'élimination plus importante des calories dans les selles. Le biotope jouerai ainsi un rôle d'adaptation à la surconsommation alimentaire permettant à l'organisme de se maintenir à son poids d'équilibre. Ce qui permet à certaines personnes possédant un certain biotope de finalement manger plus sans prendre de poids. Ces mécanismes sont réversibles et disparaissent lors du retour à une alimentation normocalorique.

Pour le moment, nous ne sommes pas encore en mesure d'en tirer des recommandations pratiques. Notamment, comment modifier le biotope pour influencer l'efficacité de l'absorption calorique. Mais les recherches avancent très vite et nous en saurons sans doute plus dans les moins ou les années qui viennent.

Merci Pipelette pour avoir partagé sa réponse. Je trouve cela très intéressant et ça ouvre de nouvelles perspectives de traitement à la fois pour certaines maladies intestinales (maladie de Crohn et RCH) et pour l'obésité.

pipelette a écrit:

En résumé : ils constatent que les souris obèses ont davantage de Firmicutes et moins de Bacteroidetes que les souris de poids normal (comme dit précédemment), et ils expliquent par quels mécanismes ces différences de flore peuvent influer sur le poids et la régulation de la glycémie (utilisation des glucides non digestibles, diminution de la FIAF qui entraîne une augmentation de la LPL qui augmente l’absorption des acides gras, libération de lipopolysaccharides qui entraîne une réaction inflammatoire et qui aurait un lien avec le diabète de type 2)
Ils concluent en disant que pour modifier cette flore intestinale, on peut utiliser des prébiotiques (par ex les fructanes, qui diminuent le taux de ghréline (une hormone qui favorise la prise de poids) et qui permettent de produire du GLP-1 qui diminuent l'appétit) ou des probiotiques (apports de bactéries qui sont censées se fixer dans l'intestin) notamment par l'apport de Bifidobacterium (contrairement à l'article sur les yaourts, plus haut, qui prétend qu'une trop grande quantité de cette bactérie entraînerait une prise de poids).
Ils disent également qu'ils ne peuvent pas savoir si c'est la modification de la flore intestinale qui provoque l'obésité, ou si c'est l'obésité qui provoque la modification de la flore intestinale (même s'ils disent qu'un régime hyperlipidique modifie la flore intestinale), mais il y a une corrélation évidente.

En très résumé : il y a un lien entre flore intestinale et obésité, et pour rétablir un certain équilibre, il faut manger des fructanes (une sorte de fibres alimentaires) et des probiotiques (type yaourts au bifidus actif).

J'ai voulu essayer de tester mais mon "expérimentation" est tout sauf rigoureuse. Comme fructane je n'ai su dégotter que l'inuline. On en trouve dans la chicorée, le chocolat, un grand nombre de légumes notamment. J'avais même découvert une tisane "U" avec de l'inuline. J'ai essayé mais pas longtemps... Pour cause...

J'ai perdu du poids (un peu) mais ça pourrait être dû :
- à ma rééducation alimentaire (je suis inscrite à line coaching)
- ma (nouvelle) pratique du sport
- mes tatonnements pour essayer de changer ma flore intestinale

Bref j'avais à peine attaqué l'inuline sous forme de tisane que je me suis retrouvée avec une tendinite de derrière les fagots. Heureusement la plus brève (contrairement à d'autres, comme celle du coude qui est épouvantablement longue à guérir).
Il se trouve que je cumulais toutes les causes pouvant les favoriser, donc, pour la soigner j'ai modifié mon alimentation (l'une des principales causes en plus des mouvements inhabituels répétés) et donc préféré me priver de thé et de chocolat.
Ma tendinite est guérie, je n'ai pas encore osé reprendre mes expérimentations sur la flore intestinale mais mon poids continue à baisser tout doucement.

Seul, mon témoignage ne vaut rien, il y a trop de paramètres en jeu, mais si d'autres faisaient des expériences, pourraient-il les relater ici ?

Ecoute, s'il faut manger du chocolat, je veux bien me dévouer ma foi :lol: .

Plus sérieusement, je ne suis pas assez rigoureuse pour te suivre. Mais j'attends ton témoignage, et celui d'autres personnes éventuellement avec impatience. Je trouve tout ça très intéressant.

Poupee_Russe a écrit:

J'ai surtout l'impression que mes changements d'alimentation causés par mes expérimentation sur l'inuline et ma RA on fichu un sacré bazar dans ma flore intestinale(pour le meilleur dans l'avenir j'espère).

Concrètement j'ai surtout vraiment beaucoup diminué ma consommation de viande et énormément augmenté celle de chocolat noir à 75% ainsi que de thé vert et de tisanes diverses (dont l'une contenant de l'inuline).

Beaucoup moins de viande induit je présume une diminution de la flore dite, sur des sites de vulgarisation, "de putréfaction". Peut-être que cela a laissé dans un 1er temps de la place permettant à des bactéries, virus, ou autres machins pathogènes de se développer. En traduction peut-être que cela a pu me rendre plus receptive aux gastros hivernales, ce qui expliquerait que je sois clouée au lit en ce moment précis...

Une autre question que je me pose c'est si parler de flore de fermentation / flore de putréfaction revient à parler de Firmicutes et de Bacteroidetes ou si cela n'a rien à voir. S'agit-il d'appellation "vulgaire", appelation "savante" ou de deux types de choses sans rapport ?

J'avais lu que l'apport d'inuline pour des cas "normaux" ne faisait pas d'effet mais pouvait provoquer de grands chamboulements pour ceux qui était disons, "en déséquilibre" (flore intestinale, constipation...)

Bref en conclusion je ne comprends rien à ce qui m'arrive, ni si c'est bien ou non à long terme mais je peux dire que je me trouve "détraquée" en ce moment mais ai perdu des kilos.

Des infos scientifiques ou des cobayes seraient les bienvenus :-) Ne serait-ce que pour manger du chocolat très noir à volonté :-D

oh génial, de la bactériologie pour comprendre l'obésité!! :D
(l'étudiante en biologie vient de se réveiller!)

est-ce que ça signifierait qu'il faudrait limiter la consommation de yaourt? :?
affaire à suivre! j'veux bien tenter l'expérience XD

Tout d'abord je m'excuse auprès de Lwena que j'ai oublié de remercier pour la qualité de son résumé de l'article.

Maiadi a écrit:
J'ai mis un peu de temps à retrouver la réponse. Ce que je vous résume ou cite vient de la revue 60 millions de consommateurs.
1)"longtemps les antibiotiques ont été utilisés dans l'élevage intensif comme activateurs de croissance, on avait remarqué que leur usage stimulait la prise de poids des animaux (porcs, volailles...) Depuis 2006, cette pratique est interdite par l'UE" mais ils ajoutent qu'il est facile de contourner cet interdit(hors série oct-nov 2011)
2)les antibios altèrent notre flore, notamment en tuant les bactéries utiles à la régulation du poids. (oct 2011)

Nous sommes des animaux, ce qui marche sur eux, a de bonnes chances d'être vrai pour nous aussi...
Merci docteur de me gaver d'antibios et de me reprocher d'être trop grosse !

Non mais, il y a antibios et antibios ! Il n'est nulle part avéré que tous les antibios ont un effet sur l'obésité. Comme toujours Pipelette, tu prends des raccourcis pour généraliser des cas bien particuliers.

Je ne dis pas qu'un jour on ne fera pas la relation d'un lien systématique entre antibiotiques et obésité, je te dis juste que tant que la preuve n'est pas établie, on ne sait pas si c'est vrai ou pas. L'établissement de cette preuve, c'est des années de recherche fondamentale à grande échelle. Ça coûte très cher et ça mobilise des gens hyper qualifiés.
En science comme pour tout, dire pour vrai quelque chose qu'on croit savoir sans vraiment le savoir, ça s'appelle raconter des conneries. Les théoriciens du complot jouent beaucoup là-dessus, et tes modes de raisonnement se rapprochent des leurs. C'est bien de comprendre et dénoncer, mais si tu le fais mal tu te leurres, tu vas dans le mur et peux entraîner d'autres personnes avec toi.