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Complètement perdue

38 ans Orgrimmar 6511
Bonjour,

J'ai 26 ans, une licence STAPS (option éducation et motricité)et un BTS opticien lunetier.
J'ai eu plusieurs expériences professionnelles, dans une banque pour des jobs d'été, à l'armée, beaucoup de stages  
avec l'université où j'étais en contact avec des enfants dans le cadre scolaire, et 3 ans en tant qu'opticienne.

Tout le monde me dit que je suis intelligente, je n'ai eu que des bons retours dernièrement par rapport à mes précédents boulots quant à mes compétences et ma motivation (de surface).

Actuellement, je suis au chômage, car j'ai refusé un CDI à l'autre bout de la France (plus rien ne me retenait là bas, j'ai donc préféré rejoindre ma famille).
Un mal pour un bien, puisque j'ai rencontré dans ma région d'origine mon chéri.
Cela fait presque 4mois que je suis sans emploi, et je touche l'aide au retour à l'emploi depuis décembre, aide qui s'élève à 1100 euros environ.
Mon amoureux, lui, est infirmier.

Je vous raconte tout ça parce que je me sens très mal.

D'un côté, je culpabilise de ne pas travailler, car admettons-le, je suis tellement sélective dans mes critères de recherche d'emploi que je me bouche volontairement beaucoup de postes. De plus, je n'aime pas avoir l'impression de "profiter" des aides (bien que j'aie travaillé assez pour y avoir droit), et je déteste encore plus l'idée que mon chéri va au boulot pour payer le loyer et que je ne fais rien de mes journées.

De l'autre côté, je ne PEUX pas repartir dans le métier pour lequel j'ai fait des études. Je m'y sens mal, pas à ma place, le fait de toucher de l'argent à longueur de journée me rebute. Je voulais conseiller et être utile, on me fait vendre à tout prix. Entre autres.

Or, je ne sais quoi faire. Je me sens dans l'impasse la plus totale. J'ai eu un entretien avec un psychologue du CIO, qui comme beaucoup de personnes m'a dit que j'étais trop exigeante face à mon métier.
C'est vrai. Pour moi, gagner de l'argent n'est pas ma priorité (ce que je veux dire, c'est que le SMIC, si je m'épanouis dans ce que je fais, me conviendra, je le sais). La priorité, c'est de ne pas m'ennuyer, d'aimer ce que je fais.
Alors je sais bien que même ceux qui adorent leur boulot ont des moments de ras-le-bol, mais n'empêche, qu'est-ce que je les envie... Et je me dis: pourquoi pas moi?

Je suis pleine de doutes. Ce psy m'a aussi fait prendre conscience que peut-être, je ne serais jamais satisfaite, que je poursuivais une chimère, que ce qu'il faut changer c'est pas le boulot c'est ma façon de le voir.

Oui, peut-être... Mais même si je pense qu’il y a un fond de vérité, je n'arrive pas à me persuader que ce n'est QUE ça.

Alors voilà, je ne sais pas quelle aide vous pourrez m'apporter, mais je suis mal, cette situation me rend folle.

La seule solution que j'aie trouvé actuellement, c'est de chercher un mi-temps (pour sortir de ma culpabilité, ne nous voilons pas la face, juste pour ça, car je pourrais -mais ne veux pas- vivre avec 1100 euros par mois) et combiner une formation à distance.

Mais quelle formation? Les métiers qui seraient susceptibles de m'attirer(éduc spé, ou AMP, ou arachnologue, ou écrivain) me demanderaient 5 ans au minimum, il faudrait que je m'éloigne de mon amour et ça, je sais que je ne peux pas. Je ne me sens pas la force de tout recommencer en sachant que peut etre, au bout, je serai déçue.

Alors voilà, auriez-vous des solutions auxquelles je n'aurais pas pensé? Que feriez vous à ma place? Connaissez vous des formations à distance vraiment intéressantes?

Je sais qu'il y a plus grave dans la vie, je sais qu'il y a plein de gens qui n'ont même pas le loisir de se poser la question "que faire comme boulot pour être bien?" parce qu'ils n'ont pas le choix, mais, voilà, ça me bouffe.
Vraiment.

J'ai toujours bien bossé à l'école, j'ai toujours cru que je trouverais ma voie et serais heureuse dans ce que je fais parce que je m'accrochais et que je donnais le meilleur de moi meme.

Et aujourd'hui, je suis complètement perdue.

Help :(
35 ans Dans le sud ;) 5608
Arf comme je te comprends !

Tu peux passer plusieurs concours avec ta licence qui te dispenseraient des études , psychomotricien par exemple , c'est le seul qui me vient en tête mais je sais qu'il y en a beaucoup d'autres qui te feront en effet te sentir plus " utile " auprès des gens
38 ans Orgrimmar 6511
Ah oui c'est vrai que je n'ai pas pensé aux "passerelles" possibles avec ma licence...
Si quelqu'un a d'autres infos sur ça également?
2137
MademoiselleK a écrit:
Arf comme je te comprends !

Tu peux passer plusieurs concours avec ta licence qui te dispenseraient des études , psychomotricien par exemple , c'est le seul qui me vient en tête mais je sais qu'il y en a beaucoup d'autres qui te feront en effet te sentir plus " utile " auprès des gens


+1
pourquoi pas prof de sport aussi?
38 ans Orgrimmar 6511
Prof de sport je ne peux pas, je n'ai pas le niveau physique pour les concours (je ne l'avais déjà pas quand je suis sortie de ma licence alors que j'étais très sportive...).

Bon apparemment les passerelles ne font sauter "que" la 1ere année (normal en meme temps), du coup il reste le problème que je ne veux pas bouger de là où je suis.
2137
Mais l'optique ca ne te plait plus?
38 ans Orgrimmar 6511
Non, plus du tout.

J'ai du mal à trouver les passerelles existant entre staps et autre chose...

J'aimerais me tourner vers un métier où je me sentirais utile, mais pas trop médicalisé (j'ai un peu le syndrome de la blouse blanche).
48 ans 1805
et maîtresse?

J'ai eu un parcours un peu comme le tien: à me relancer dans les études (business et gestion...) après avoir eu une licence de langues et avoir été secrétaire trilingue (ou je me faisais profondément ch....)

Et... waouuuuuuh....quelle déception : l'école ou je me suis reformée était remplie d'élèves puants et tellement attirés par l'argent déjà (sans compter leur attirance pour une Norme, un manque de recul sur beaucoup de choses de la vie, bref,...). Le boulot que j'ai trouvé à la suite de cette re-formation était certes plein de responsabilités et bien payé....mais tellement PAS pour moi...: un boulot ou tu fais de l'argent toute la journée et ou on te tape sur les doigts si tu n'as pas assez arnaqué ton fournisseur...

Du coup je me suis dis à 28 balais (après le décès de mon père) qu'il fallait vite que je me sorte de là (encore! Je suis en perpétuelle recherche): il me fallait aussi un boulot ou je me sente utile et sans ce rapport d'argent. J'ai conservé mon boulot, préparé le concours de maîtresse en même temps par le cned, et je l'ai eu (non sans mal et sans dégât pour ma santé mais je l'ai eu...). Aujourd'hui, je suis maîtresse et j'aime ce que je fais. Certes c'est loin d'être rose tous les jours contrairement à ce que beaucoup de gens pensent (c'est un métier usant clairement contrairement à l'époque ou j'étais acheteuse dans les bureaux) mais cela me correspond tellement mieux....

Courage Yuutsu, je suis sure que tu trouveras ce qui te conviens le mieux ;)
49 ans Paris 9874
Yuutsu a écrit:
le fait de toucher de l'argent à longueur de journée me rebute. Je voulais conseiller et être utile, on me fait vendre à tout prix. Entre autres.


Et tenter de travailler sur cette représentation du monde tout blanc ou tout noir, les métiers "utiles" et les métiers "pognon"?
Tu ne crois pas qu'il est possible de combiner ces objectifs (à condition bien sûr d'accepter qu'aucun des deux ne sera rempli à 100%)? et que c'est possible justement par l'expérience, le temps passé dans un métier, la sagesse acquise quant aux fins et moyens?
L'intelligence c'est important, mais la souplesse intellectuelle c'est encore plus utile. S'adapter, observer, savoir attendre avant que les choses soient à peu près comme on le souhaite. C'est court 3 ans dans un métier.

Sinon, un bac +3 t'ouvre plein de concours de la fonction publique (Etat + territoriale)... tu as déjà tout passé en revue?
38 ans Orgrimmar 6511
MuseaLaGrenadine, j'ai fait aussi une année d'IUFM en vue d'être professeur des écoles, mais ça ne m'a pas du tout plu.
J'aimais le contact avec les gamins, mais j'avais l'impression de ne pas pouvoir travailler avec chacun d'entre eux, bref, de faire avancer la masse en laissant les boulets derrière.
De ne pas avoir le temps de m'occuper cas par cas des élèves en difficulté, ceux qui retenaient le plus mon attention, en fait.
En tout cas merci pour tes encouragements, ça fait chaud au coeur... :)

Poupoule, toujours franche, et j'aime ça :) Quand je dis que les autres me trouvent "intelligente", c'est qu'ils me le sortent tout le temps comme si ça suffisait et ça m'énerve.
1/ je ne me sens pas plus intelligente que ça faut pas déconner, c'est pas parce qu'on a fait des études qu'on l'est.
2/ je manque cruellement comme tu dis de souplesse intellectuelle, moi j'appelais ça "l'intelligence quotidienne", mais c'est tout à fait ça. Et c'est ça qu'il faut pour avancer.
Je t'assure, j'essaie.

Le psy que j'ai vu tenait à peu près le même discours que toi, et sur le fonds je suis complètement d'accord, mais je n'y arrive pas.
3 ans dans un métier c'est court,mais ça m'a suffi pour m'ennuyer, tourner en rond et déprimer (j'ai fait 3 boites différentes, pourtant).

Pour la fonction publique... J'avoue que je n'ai même pas regardé. Parce que je les ai quand même laissés en plan 2 fois (j'ai arrêté en fin d'année IUFM sans meme passer le concours, et j'ai rompu mon contrat avec l'armée), je pense que je suis légèrement "fichée"... En tout cas c'est ce que de nombreuses personnes me disent.
38 ans Orgrimmar 6511
Il faut savoir aussi que j'ai une confiance en moi proche de 0 sur ce point.

Le psy m'a aussi dit que je paraissais allergique aux contraintes.
Ca n'a fait que rajouter un doute en moi.
Je pense que j'accepte les contraintes dans la vie, mais il faut que d'autres choses contrebalancent, c'est tout.

J'ai peur de ne jamais trouver ma voie.
C'est ma plus grande peur actuellement, et depuis un bout de temps déjà.
48 ans 1805
Yuutsu,
Je ne me lancerai pas dans le débat sur les enfants en difficulté scolaire, parce qu'il est long, très théorique c'est sûr mais il n'est surtout pas appliqué par beaucoup dans le corps professoral (pour des raisons justifiées ou non)...donc bref...

Pourquoi ne pas monter ta boîte?
Ou, je ne sais pas, faire de ta passion, ton travail, non,
T'as bien une passion?
38 ans Orgrimmar 6511
J'aime beaucoup écrire et lire. Ainsi que la culture japonaise.
Pour le transformer en travail faut s'accrocher ;)

Je me renseigne quand même actuellement sur une formation à distance pour devenir correctrice-relectrice.
49 ans Paris 9874
Eh! c'était pas une vanne de ma part la remarque sur l'intelligence hein! J'espère que tu ne l'as pas prise comme telle.

Je suis convaincue:
1) que tu es intelligente (pas besoin de lire 3 pages du forum pour le comprendre);
2) que l'intelligence sans la souplesse c'est presque un poison (Pascal appelle ça "l'esprit de géométrie" et "l'esprit de finesse"... texte passionnant).

Tu disposes de temps et tu n'es pas à la rue, c'est le moment idéal pour remettre à plat les questions de "représentations" par rapport à ce que tu es et à une vie professionnelle satisfaisante. Au lieu de culpabiliser de bénéficier d'allocs (ça va 5 min le sarkozysme à deux balles), profite de ce temps pour remettre à plat tes idées, tes représentations. Il ne s'agit pas de réfléchir sur les choix professionnels, mais en amont. D'abord on travaille sur les représentations (qu'est-ce que je pense? qu'est-ce qui me fait peur? qu'entends-je par culpabilité? souplesse? pognon? utilité?) et ensuite on peut passer au choix d'une voie professionnelle. Tu es toujours en thérapie? tu parles de ça? c'est le moment ma belle! ;)

Allez, je ne résiste pas :D

"Il y a beaucoup de différence entre l'esprit de Géométrie et l'esprit de finesse. En l'un les principes sont palpables, mais éloignez de l'usage commun, de sorte qu'on a peine à tourner la teste de ce côté là par manque d'habitude ; mais pour peu qu'on s'y tourne on voit les principes à plein ; et il faudrait avoir tout à fait l'esprit faux pour mal raisonner sur des principes si gros qu'il est presque impossible qu'ils échappent.
Mais dans l'esprit de finesse les principes sont dans l'usage commun, et devant les yeux de tout le monde. On n'a que faire de tourner la teste ni de se faire violence. Il n'est question que d'avoir bonne vue : mais il faut l'avoir bonne ; car les principes en sont si déliés et en si grand nombre, qu'il est presque impossible qu'il n'en échappe. Or l'omission d'un principe mène à l'erreur : ainsi il faut avoir la vue bien nette, pour voir tous les principes ; et ensuite l'esprit juste, pour ne pas raisonner faussement sur des principes connus.
Tous les géomètres seraient donc fins, s'ils avaient la vue bonne ; car ils ne raisonnent pas faux sur les principes qu'ils connaissent : et les esprits fins seraient géomètres, s'ils pouvaient plier leur vue vers les principes inaccoutumés de Géométrie.
Ce qui fait donc que certains esprits fins ne sont pas géomètres, c'est qu'ils ne peuvent du tout se tourner vers les principes de Géométrie : mais ce qui fait que des géomètres ne sont pas fins, c'est qu'ils ne voient pas ce qui est devant eux, et qu'étant accoutumés aux principes nets et grossiers de Géométrie, et à ne raisonner qu'après avoir bien vu et manié leurs principes, ils se perdent dans les choses de finesse, où les principes ne se laissent pas ainsi manier. On les voit à peine : on les sent plutôt qu'on ne les voit : on a des peines infinies à les faire sentir à ceux qui ne les sentent pas d'eux-mêmes : ce sont choses tellement délicates et si nombreuses, qu'il faut un sens bien délicat et bien net pour les sentir, et sans pouvoir le plus souvent les démontrer par ordre comme en Géométrie, parce qu'on n'en possède pas ainsi les principes, et que ce serait une chose infinie de l'entreprendre. Il faut tout d'un coup voir la chose d'un seul regard, et non par progrès de raisonnement, au moins jusqu'à un certain degré. et ainsi il est rare que les géomètres soient fins, et que les fins soient géomètres ; à cause que les géomètres veulent traiter géométriquement les choses fines, et se rendent ridicules, voulant commencer par les définitions, et ensuite par les principes, ce qui n'est pas la manière d'agir en cette sorte de raisonnement. Ce n'est pas que l'esprit ne le fasse ; mais il le fait tacitement, naturellement, et sans art ; car l'expression en passe tous les hommes, et le sentiment n'en appartient qu'à peu.
Et les esprits fins au contraire ayant ainsi accoutumé de juger d'une seule vue, sont si étonnez quand on leur présente des propositions où ils ne comprennent rien, et où pour entrer il faut passer par des définitions et des principes stériles et qu'ils n'ont point accoutumé de voir ainsi en détail, qu'ils s'en rebutent et s'en dégoûtent. Mais les esprit faux ne sont jamais ni fins ni géomètres.

Les géomètres qui ne sont que géomètres ont donc l'esprit droit, mais pourvu qu'on leur explique bien toutes choses par définitions et par principes ; autrement ils sont faux et insupportables ; car ils ne sont droits que sur les principes bien éclaircis. Et les fins qui ne sont que fins ne peuvent avoir la patience de descendre jusqu'aux premiers principes des choses spéculatives et d'imagination qu'ils n'ont jamais vues dans le monde et dans l'usage."
38 ans Orgrimmar 6511
Texte effectivement très intéressant, merci de l'avoir fait partager!Il faudrait décidément que je me refasse faire une meilleure paire de lunettes, histoire d'améliorer ma vue ;)

Je ne suis pas en thérapie, c'était quelque part une séance gratuite au CIO (au début on ne parlait que boulot concret, et après ça a dévié sur un bon échange où le côté psy ressortait pas mal^^). Mais peut-être que je devrais en discuter avec une autre personne, pas forcément psy(j'avoue que là, on n'a pas trop de sous à mettre dans une thérapie, un emménagement ça coûte très cher :/).

En tout cas je suis ta piste de questionnements, c'est vrai qu'il me manque des questions pour trouver des réponses en moi. Je ne sais pas si je suis très claire :oops:
Je ne sais pas par où recommencer ma recherche.

Pour aujourd'hui, je vais répondre à la question "qu'est-ce qui me fait peur", histoire de partager avec vous ce qui se passe dans ma tête.

Globalement, j'ai peur de ne pas trouver de sens à ma vie. Il parait qu'il ne fait pas chercher le sens, mais le bonheur. Dans ce cas, j'ai peur de ne pas trouver le bonheur.
Et comme le travail fait (grande) partie de la vie, c'est sur ce point que mes peurs se cristallisent. En effet, je n'ai pas (plus, en fait) de grande passion dont certains sont animés, et je me concentre donc sur le travail.

J'ai peur de ne pas avoir les capacités/qualités en moi pour trouver le bonheur dans des choses simples, et donc plus dans une façon de concevoir un boulot que dans le boulot lui même.
Ce qui va dans le même sens qu'une autre peur: celle de m'ennuyer, ou pire, de bafouer mes "principes" dans mon boulot.
J'ai peur d'être trop idéaliste pour ce monde.

Et plus terre à terre: j'ai peur de me faire entretenir sans avoir aucune ressource à moi, j'ai peur de manquer (d'argent, de reconnaissance).

J'ai peur de m'embarquer encore une fois dans des études. Mais tellement envie aussi.

Bon. voilà. Pâté suffisant pour ce post. Je vais réfléchir à ma vision manichéenne de métier à pognon/métier utile.
B I U