Je vais te donner le point de vue d'une femme qui a arrêté d'y croire.
Parce qu'en fait, tu le sens quand ça va arriver. Au fur et à mesure des cycles qui passent tu ne rêves plus, tu n'y crois plus vraiment. Arrive un stade où faire les traitements devient plus qu'une contrainte : c'est carrément une entrave à ta liberté. Tu en as marre d'être tout le temps les pattes écartées devant un tas de gens, marre d'avoir le derrière d'un schtroumpf à cause des piqûres, marre des bleus laissés sur ton bras par les prises de sang, marre de la sollicitude des autres, marre !
Tu te rebelles contre tout, contre la médecine qui fait avoir des enfants aux femmes de 60 ans mais pas à toi, contre ta voisine alcoolo et son bonhomme du même moule qui font un gosse tous les ans, contre la moindre femme enceinte qui passe.
La vue d'une seringue te donne envie de taper dans tout ce qui remue. L'évocation du gynéco te donne envie de te foutre par la fenêtre. Quant à faire des galipettes... Même plus envie non plus.
Ce qui était avant tout une aide pour que tu sois maman devietn une saloperie qui te bousille le moral, le physique, et pour rien en plus. Et tu n'as qu'une envie, dire merde à tout ça. Et un jour tu le fais !
Voilà. Tant que tu n'es es pas là, ne te pose pas la question "comment toujours y croire" car tu y crois encore. ;) Même s'il y a des baisses de régime, même si par moment tu penses tout ça mais que le lendemain tu te dis "ben oui mais si la prochaine fois..." tu y crois. Il n'y a pas de méthode pour y croire. On y croit ou on n'y croit plus. Mais je te promets que quand on n'y croit vraiment plus, on le sait et renoncer n'est pas un sacrifice mais une délivrance.
Bien sûr je ne parle pas pour les femmes qui arrêtent les traitement car elles y sont obligées, même si ça a été mon cas. Mais les dernières fois vraiment je n'y croyais plus et je n'en pouvais plus, je me suis même cachée comme une gosse un jour quand l'infirmière est venue me piquer. Parce que l'échec ça va un temps. Et après un il y a un temps pour autre chose, sinon on y laisse trop de soi.
Mais quand on y croit encore, il faut continuer, même si la volonté vacille parfois. Ce n'est pas grave, c'est juste la machine qui encaisse, mais elle repart après. ;)