Citation:ELLES AVAIENT DISPARU LA VEILLE DE NOEL
Enola et sa mère retrouvées mortes
Virginie et sa fille Enola, 5 ans, ont été repêchées dans le port de Saint-Valery-en-Caux, hier matin. Les autopsies doivent confirmer le suicide de la mère avec sa fille.
Devant l'Albarquel, un vieux gréement jaune et bleu accosté quai du Havre à Saint-Valery-en-Caux, une nuée de gendarmes s'agite autour d'une voiture, retenue par les treuils d'une grue : une Renault 19 bleue marine, immatriculée 6598 RB 76. Seuls les véhicules des enquêteurs peuvent se frayer un chemin sur le parking qui longe le bassin de plaisance. Les autres automobilistes sont invités à stationner leur voiture un peu plus loin. « Une enquête est en cours, vous devez circuler. »
Hier matin, après quinze jours de recherches, les gendarmes de la compagnie de Fécamp ont retrouvé Virginie Boust, 37 ans, et sa petite fille, Enola, 5 ans. Mortes dans leur voiture immergée dans le port de Saint-Valery-en-Caux. Ce sont les plongeurs de la brigade fluviale qui ont découvert la Renault 19 au fond de l'eau. A l'aplomb du quai.
Dans la nuit de Noël ?
La mère et sa fillette avaient disparu depuis le 24 décembre, à Saint-Aubin-sur-Mer, dans la région dieppoise (lire nos éditions précédentes). Alors qu'elles devaient passer le réveillon de Noël en famille, Elona et Virginie Boust s'étaient évanouies dans la nature. Dès le début de leurs investigations, les gendarmes demeuraient très discrets sur les raisons éventuelles de cette absence soudaine, leurs craintes d'un dénouement malheureux semblaient bien réelles.
« Malheureusement, il semble que la mère se soit bel et bien suicidée avec sa petite fille. Nous pensons même qu'elle est passée à l'acte quelques heures à peine après leur disparition. Dans la soirée, ou la nuit de Noël », précise une source judiciaire. « Il faut toutefois rester prudent. Dans les heures prochaines, les autopsies des deux corps et le travail de police scientifique sur la voiture permettront de confirmer cette piste », indique un autre interlocuteur.
« Bizarre ces derniers temps »
Selon nos informations, Virginie Boust était une jeune femme dépressive. En instance de divorce, elle supportait mal sa séparation et le fait de devoir laisser l'enfant à son père, un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. A La Gaillarde, petit village de 472 âmes près de Fontaine-le-Dun où résidaient Virginie Boust et Enola, une voisine, Carole, semblait inquiète, lorsqu'elle a appris leur disparition : « Virginie était bizarre ces derniers temps. Le week-end précédant Noël, elle s'était carrément enfermée chez elle. Sa fille n'était pas là. Par ailleurs, au mois d'août, elle m'avait appelée pour me dire qu'elle venait de faire une bêtise : elle avait avalé des cachets. »
« Elle l'aime trop »
Le père d'Enola, Sébastien Guéroult, 37 ans, redoutait également un dénouement tragique. Malgré l'espoir d'une fugue et de retrouvailles, il envisageait le pire. Dans un entretien accordé à notre journal (lire nos éditions d'hier), il avait confié que son ex-femme n'avait pas encore fait le deuil de leur couple. « Bien sûr, l'éventualité de la mort doit être envisagée. Pour autant, je crois qu'elle ne pourrait pas faire de mal à notre fille. Elle l'aime trop. » Malheureusement, hier, les faits lui ont donné tort. Son ex-femme s'est probablement donnée la mort, avec sa petite fille.
Baptiste Laureau