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Pourquoi il faut bannir le régime chez les enfants

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Excellente idée ce post !

Ma maman ne voulait pas d'enfant, et a vécu une grossesse instable et insécurisante (mon père était au service militaire, elle était hébergée par des amis,  
ses parents ne voulaient plus la voir, pas de suivi médical...). Sa découverte de la maternité a été un déchirement, un traumatisme. Elle a fait une dépression post-partum (c'est mon analyse à partir de ses récits et de ses impressions). Elle paniquait quand je pleurais, et je pleurais beaucoup. Alors elle me nourrissait, dès que je pleurais. Encore aujourd'hui, quand elle en parle, elle panique "tu comprends ma chérie, il n'y avait que ça qui te calmait, je ne savais plus quoi faire, et ton père n'était jamais là la nuit" (il bossait de nuit).

En grandissant, la nourriture était un plaisir, et comme j'étais une petite fille très sportive, ma tendance naturelle à l'embonpoint (toute ma famille paternelle est obèse) ne s'est pas manifestée. A 9 ans, j'ai été victime d'agression sexuelle par le grand-père de ma copine, alors que je passais des vacances avec elle et sa famille. Je n'ai pas osé en parler, j'avais tellement honte... je suis tombée dans un état de sidération et de mélancolie, et la nourriture est devenue une béquille, je l'utilisais comme anxiolytique. Je mangeais la nuit (je ne dormais que très peu, la nuit me terrorisait), je cachais des gâteaux sous mon lit, dans mon bureau, dans mes peluches...

A 13 ans, au collège, j'ai été agressée par une petite bande de garçons de ma classe, en plein cours. La prof n'a rien dit, elle était terrorisée. J'en ai parlé à mes parents (bon j'avais des gros hématomes au visage et mes vêtements étaient déchirés). Ils m'ont protégée, ont fait ce qu'il fallait, mais j'ai plongé la tête la première dans une profonde dépression et les TCA ont pris beaucoup de place dans ma vie. J'ai également voulu mourir.

Mes parents ne savaient pas comment réagir face à ma souffrance. Ils étaient vraiment désarmés, se sentaient impuissants. Ils n'ont pas été en capacité de me permettre d'accéder à un suivi psy. Je crois que c'était trop dur pour eux.Enfin mon papa était et est toujours papillon, il n'est pas vraiment là, donc c'était essentiellement ma mère vs moi.

Pour ma maman, qui a été longtemps anorexique, me voir "bouffer", "me baffrer", trouver de la nourriture cachée dans ma chambre, c'était très très dur. Je la dégoûtais. Elle hurlait que j'étais sale et grosse et dégoûtante de manger comme ça, comme un animal.

L'ambiance à la maison devenait trop tendue, je suis partie en pension, une excellente décision. M'éloigner de la maison, être avec des filles de mon âge, partager la bouffe, les fringues, ne pas me coucher seule mais dans un petit dortoir, c'était bien tout ça.

Puis je suis rentrée à la maison (la pension était chère, et je commençais le lycée). Ma mère n'y tenant plus, elle m'a amenée chez un médecin qui m'a dit "oh lala, 1m64 et 64 kilos, il faut perdre au moins 10 kilos" et hop, régime fromage blanc O%/ blanc de poulet/légumes verts.

Et là la machine s'est emballée sacrément, comme dit Chacha, -10/+15, -15+/+20, etc... jusqu'à enfin, il y a presque dix ans, dire stop, j'arrête, mon corps ne souffrira plus de ma main. Ca c'était la décision, la mise en oeuvre a été laborieuse et a pris beaucoup de temps :lol:

Et pouvoir dire à ma maman "c'est toi qui a un problème avec mon corps, pas mon corps qui pose problème. Si tu veux être dans ma vie, règle tes soucis. Si tu me fais encore souffrir avec tes réflexions qui sont le fruit de tes névroses, je ferai le choix de ne plus te voir". Elle a commencé une thérapie, et nos relations se sont apaisées.

Et après des années de thérapies, je vais beaucoup mieux, j'ai trouvé mon équilibre et on peut s'en sortir, il n'y a pas de fatalité !!


Désolée pour le pavé et le côté "je vous balance du lourd dans les dents". Mon message, s'il y en a, c'est : non, on ne met pas un gosse au régime. Un gamin ou une gamine dont le rapport à la nourriture est douloureux a besoin de soutien, d'écoute et d'aide, pas d'un régime.
56 ans Région nîmoise 1567
Citation:
Et pouvoir dire à ma maman "c'est toi qui a un problème avec mon corps, pas mon corps qui pose problème. Si tu veux être dans ma vie, règle tes soucis. Si tu me fais encore souffrir avec tes réflexions qui sont le fruit de tes névroses, je ferai le choix de ne plus te voir". Elle a commencé une thérapie, et nos relations se sont apaisées.

Et après des années de thérapies, je vais beaucoup mieux, j'ai trouvé mon équilibre et on peut s'en sortir, il n'y a pas de fatalité !!


Lénore t'as eu une putain de parcours existentiel...mais comme toi je crois qu'il n'y a pas de fatalité.
Et tu mets pile poil le doigt sur ce qui est souvent une réalité dans les relations familiales, à savoir que ce qu'on croit être notre problème est en fait celui de l'autre qui non seulement ne l'a pas résolu mais nous le transmet, consciemment ou inconsciemment.
Je pense pouvoir dire que j'ai eu des parents très aimants en dépit de leurs innombrables conneries éducatives, et la difficulté réside à faire la part entre l'amour que je leur porte, ce que je veux garder d'eux et ce que je refuse absolument. C'est le lot de beaucoup d'entre nous me semble-t-il...
943
sandydidou a écrit:
Citation:
Et pouvoir dire à ma maman "c'est toi qui a un problème avec mon corps, pas mon corps qui pose problème. Si tu veux être dans ma vie, règle tes soucis. Si tu me fais encore souffrir avec tes réflexions qui sont le fruit de tes névroses, je ferai le choix de ne plus te voir". Elle a commencé une thérapie, et nos relations se sont apaisées.

Et après des années de thérapies, je vais beaucoup mieux, j'ai trouvé mon équilibre et on peut s'en sortir, il n'y a pas de fatalité !!


Lénore t'as eu une putain de parcours existentiel...mais comme toi je crois qu'il n'y a pas de fatalité.
Et tu mets pile poil le doigt sur ce qui est souvent une réalité dans les relations familiales, à savoir que ce qu'on croit être notre problème est en fait celui de l'autre qui non seulement ne l'a pas résolu mais nous le transmet, consciemment ou inconsciemment.
Je pense pouvoir dire que j'ai eu des parents très aimants en dépit de leurs innombrables conneries éducatives, et la difficulté réside à faire la part entre l'amour que je leur porte, ce que je veux garder d'eux et ce que je refuse absolument. C'est le lot de beaucoup d'entre nous me semble-t-il...


Ce moment-là où j'ai pu dire à ma mère où se situait sa responsabilité (et pas sa culpabilité), a été pour moi puissant, intense, libérateur.

Moi aussi j'aime profondément mes parents, ils ont fait et font encore ce qu'ils peuvent, avec ce qu'ils sont, et ils essaient d'être meilleurs, chacun avec ses capacités. J'espère que mon fils pourra en dire autant de moi.

Et oui, "faire la part entre l'amour que je leur porte, ce que je veux garder d'eux et ce que je refuse absolument", c'est l'affaire d'une vie, mais c'est une belle affaire :p
Et ne pas le faire, c'est vivre un peu dans le brouillard je trouve, pas réellement en conscience... et c'est une des clefs pour pouvoir les laisser partir quand l'heure est venue, sans trop de souffrance. Enfin je crois...
42 ans 4079
Vos histoires sont quand même sacrément touchantes.

Pour ma part j'ai toujours été ronde, j'ai toujours eu du bidou même quand je faisais du sport à haut niveau, et mon premier "régime" a été vers 10 ans. Fromage blanc / salade pour ma part. Original, non ? :)

Depuis je n'ai jamais vraiment cessé d'être au régime.

En fait je crois que ca s'est vraiment emballé quand je suis arrivée au lycée. J'avais 16 ans, il n'y avait plus de cantine pour le midi et tout le monde sortait manger dehors. Mes parents ne me donnaient pas d'argent pour déjeuner, je ne sais plus si c'était de leur volonté ou si c'était moi qui n'osait pas demander ; mon père buvait de plus en plus et tout les soirs n'étaient remplis que de reproches et de violence envers moi ou ma mère, son poids, l'argent qu'elle dépensait pour les trucs nécessaires, bref, j'ai passé 4 ans en ne mangeant que le soir très tard, parfois à minuit puisque j'attendais que mon père soit couché pour ne pas me faire emmerder.

Et puis ensuite, j'ai pris 50 kilos en un an.
Et puis ensuite, j'ai perdu 30 kilos.
Et puis ensuite, j'ai repris 60 kilos.
Et puis ensuite, j'ai perdu 30 kilos.

Toutes ces fluctuations de poids ont été ponctuées d'hyperphagie nocturne, d'anorexie, de boulimie vomitive, de régimes drastiques, d'anneau gastrique, et de beaucoup de tristesse, et de beaucoup d'amertume.

J'ai passé ma vie à voir ma mère au régime, torturée par une chimère inaccessible, de charlatans en charlatans et de pilules en produits miracles. Aujourd'hui à presque 60 ans, elle y croit toujours, toujours dans un régime qu'un médecin lui a prescrit, et elle est toujours ronde.

Pour ma part je suis persuadée que si on m'avait lâché la grappe (mon père ou l'entourage ou les personnes qui se pensaient bien intentionnées, ou pas), je serai juste restée avec mon bidou et je ne vomirai pas ma salade tout les soirs.

Enfin, avec des "si", hein...

Le pire c'est qu'avec le temps, on se croit blindée et parée à affronter les réflexions, nonobstant je me suis effondrée comme une morue quand la gynéco de la PMA m'a dit que c'était complétement inconscient de faire un enfant à mon poids, qu'elle n'acceptait donc pas de nous aider et que "Vous avez pensé au by-pass ?".

Je crois qu'il faut bannir le régime chez les enfants parce que ce n'est pas vraiment leur donner une chance d'être heureux, bien au contraire.
39 ans 3170
Ohio a écrit:
Vos histoires sont quand même sacrément touchantes.

Pour ma part j'ai toujours été ronde, j'ai toujours eu du bidou même quand je faisais du sport à haut niveau, et mon premier "régime" a été vers 10 ans. Fromage blanc / salade pour ma part. Original, non ? :)

Depuis je n'ai jamais vraiment cessé d'être au régime.

En fait je crois que ca s'est vraiment emballé quand je suis arrivée au lycée. J'avais 16 ans, il n'y avait plus de cantine pour le midi et tout le monde sortait manger dehors. Mes parents ne me donnaient pas d'argent pour déjeuner, je ne sais plus si c'était de leur volonté ou si c'était moi qui n'osait pas demander ; mon père buvait de plus en plus et tout les soirs n'étaient remplis que de reproches et de violence envers moi ou ma mère, son poids, l'argent qu'elle dépensait pour les trucs nécessaires, bref, j'ai passé 4 ans en ne mangeant que le soir très tard, parfois à minuit puisque j'attendais que mon père soit couché pour ne pas me faire emmerder.

Et puis ensuite, j'ai pris 50 kilos en un an.
Et puis ensuite, j'ai perdu 30 kilos.
Et puis ensuite, j'ai repris 60 kilos.
Et puis ensuite, j'ai perdu 30 kilos.

Toutes ces fluctuations de poids ont été ponctuées d'hyperphagie nocturne, d'anorexie, de boulimie vomitive, de régimes drastiques, d'anneau gastrique, et de beaucoup de tristesse, et de beaucoup d'amertume.

J'ai passé ma vie à voir ma mère au régime, torturée par une chimère inaccessible, de charlatans en charlatans et de pilules en produits miracles. Aujourd'hui à presque 60 ans, elle y croit toujours, toujours dans un régime qu'un médecin lui a prescrit, et elle est toujours ronde.

Pour ma part je suis persuadée que si on m'avait lâché la grappe (mon père ou l'entourage ou les personnes qui se pensaient bien intentionnées, ou pas), je serai juste restée avec mon bidou et je ne vomirai pas ma salade tout les soirs.

Enfin, avec des "si", hein...

Le pire c'est qu'avec le temps, on se croit blindée et parée à affronter les réflexions, nonobstant je me suis effondrée comme une morue quand la gynéco de la PMA m'a dit que c'était complétement inconscient de faire un enfant à mon poids, qu'elle n'acceptait donc pas de nous aider et que "Vous avez pensé au by-pass ?".

Je crois qu'il faut bannir le régime chez les enfants parce que ce n'est pas vraiment leur donner une chance d'être heureux, bien au contraire.


Oh Ohio :( C'est qu'une conne ta gynéco... Va faire un tour dans le post "à toutes les mamans rondes" pour que tu te rendes compte que tu peux être en grand surpoids et réussir du premier coup l'essai bébé et avoir une belle grossesse
http://www.vivelesrondes.com/forum/viewtopic_359311.htm

On galère à faire des bébés quand on a un soucis médical en rapport avec la conception et pas en surpoids. Tu essaies naturellement une année et si ça ne vient pas, et bien tu consultes pour voir où ça coince. Si on te prouve clairement qu'il faut perdre du poids pour que ça fonctionne, tu fera en conséquence et si c'est autre chose, et bien c'est autre chose.

P.. de gynéco :evil:

bref, tu as transféré tes problèmes de la vie en problème de nourriture.
J'espère que tu as pu faire la paix avec ton passé .
39 ans 3170
J'ai oublié le bisou :kiss: :kiss:
50 ans 95 353
enfance un peu bizarre avec un père qui buvait et mon frère ainé qui est venu vivre avec nous quand j'avais six ans (perdu mon statut d'ainée): je me rappelle avoir eu des envies de sucré, j'ai même un peu volé dans les magasins car on n'avait aucun superflu (bonbons, gâteaux) à disposition à la maison. Mais j'étais juste un peu plus dodue que les autres.
Vers 11-12 ans, des problèmes hormonaux, cycle irrégulier, alimentation normale, je pesais 68 kilos pour 1,58m.
à 12 ans, ma cousine qui avait 20 ans faisait un énième régime, m'a entrainée avec elle, et j'ai eu l'impression que mon entourage me poussait. au jour d'aujourd'hui je ne sais pas trop si c'était le cas. mais au bout de plusieurs mois de régime dur, j'étais à 62 et ma mère m'a encouragée à continuer sur ma lancée et là j'ai cru qu'il me faudrait encore perdre 10 kilos pour être normale et j'ai craqué. Ensuite toute la vie, c'est une période de régime et ensuite une période où je mange en cachette, plus les quantités habituelles aux repas, le ventre toujours plein.
Après chaque régime, je reprenais beaucoup plus de poids. Aujourd'hui j'ai un rapport totalement anormal à la nourriture.

Mon neveu de 8 ans a été mis au régime à 2 ans par le médecin, pas droit à la viande le soir, beaucoup de restrictions. Aujourd'hui il a une corpulence normale, mais lors des fêtes de famille, il profite pour venir prendre souvent quelquechose à table en cachette des parents. Même s'il s'amuse bien il n'oublie jamais de venir régulièrement s'assurer qu'il n'a pas manqué un plat. que va t-il devenir au collège quand il se retrouvera seul chez lui ?
49 ans Paris 9874
navy a écrit:
Même s'il s'amuse bien il n'oublie jamais de venir régulièrement s'assurer qu'il n'a pas manqué un plat.


Oh que c'est triste cette inquiétude!
Un régime à deux ans! :shock:
B I U