Une autre source, qui ne parle pas que des complications mais évoque clairement l'efficacité modérée de la chirurgie bariatrique :
http://www.anorexie-et...130-chirurgie-de-l-obesite.htm
et
http://www.anorexie-et...e-toutes-les-obesites-nbsp.htm
C'est à destination des professionnels de santé mais très clair, compréhensible et ça dit bien (enfin !!) la réalité des repas "aucun vrai repas n'est plus possible".
Extrait :
"7.3. Prise alimentaire
La plupart des patients ont des difficultés à ingérer de la viande, du poisson, des crudités, des légumes et des fruits et à un moindre degré des fromages à pâte dure. Beaucoup calment leur faim à l’aide de produits liquides sucrés-gras (crèmes glacées, crèmes desserts, sodas) et 71 % des malades disent encore vomir plusieurs fois par semaine un à trois ans après l’intervention.
Dans l’ensemble, les résultats nutritionnels de la chirurgie gastrique de l’obésité ne sont donc pas satisfaisants. En effet, nombre de malades adoptent une alimentation assez ou très pauvre en protéines, du fait de la réduction de la consommation de viandes et de poissons (qui ne passent pas). Beaucoup réduisent leurs apports en vitamines anti-oxydantes (anti-vieillissement) : vitamine A et rétinoïdes, C, E et caroténoïdes, réduisent à rien leurs apports en fibres, solubles et a fortiori insolubles, et en eau, du fait de l’exclusion des fruits et légumes, notamment crus.. Les malades, assez souvent, boivent peu. Leur tendance spontanée devient celle de couvrir leurs besoins énergétiques par des produits manufacturés prêts à l’emploi et denses en énergie (sucré-gras, type barres chocolatées).
La poche néoformée se dilate souvent au fil du temps. C’est ce qui fait que les malades mangent plus, 3 ans plus tard, qu’au début. Les vomissements, constants au début, tendent à s’atténuer. Mais ils ne disparaissent pas tout à fait dans plus de deux tiers des cas.
Les conséquences sur le comportement alimentaire et l’émergence de troubles du comportement alimentaire paraissent importantes. Un tiers des malades auraient un trouble du comportement alimentaire. Il s’agit surtout de compulsions alimentaires et de tendances à soulager l’angoisse par l’alimentation (plus d’un quart des malades). La peur de manger, des pensées dichotomiques rigides apparaissent dans un certain nombre de cas (un malade sur sept à dix ?). Les patients qui avaient une nette tendance aux troubles du comportement alimentaires avant l’opération la gardent ou la renforcent ensuite, surtout s’il s’y associe des traits anxieux ou un état dépressif. Les compulsions nocturnes touchent 27 % des patients après chirurgie gastrique de l’obésité.
En fait, il est évident que le comportement alimentaire ne peut être que très perturbé : temps du « repas » insuffisant, structure du « repas » éclatée, diversité alimentaire réduite, sensations autour du repas (faim, rassasiement) très modifiée. Le trouble le plus fréquent est la compulsion alimentaire liquide ou semi-liquide sévère, faite de sodas, crèmes glacées, yaourts liquides… Elle est le mécanisme principal de l’échec à long terme de la chirurgie gastrique de l’obésité. Elle touche peut-être 6 à 8 % des malades.
8. Les résultats à long terme
L’évolution du poids, au delà des 5 premières années, est moins satisfaisante : un malade sur six ou sept (15 %) reprend une partie ou la totalité du poids perdu.
Certes, ce sont de meilleurs résultats que ceux du sous traitement médical, mais qu’en sera-t-il 5 ans plus tard (à 10 ans) ?
L’évolution, à 10 ans ou plus, de la composition corporelle, du comportement alimentaire et des complications associées n’est pas connue.
Y aura-t-il à long terme une altération de l’estomac ? Qu’en sera-il de l’état de la muqueuse gastrique : gastrite, infection par Hélicobacter pylori ?
Le risque de mortalité à long terme est inconnu. Il est probable qu’il n’est pas nul. En effet, un certain nombre de malades sont ou seront dénutris du fait de la chirurgie bariatrique. Or, cette dénutrition, qui peut intéresser tout autant le secteur protéique et musculaire que certaines fonctions en rapport avec des carences vitaminiques ou minérales, sera difficile à mettre en évidence. Il s’agit en effet d’une dénutrition par carence d’apport liée à la forte restriction alimentaire en aliments protéiques et riches en minéraux ou vitamines (magnésium, fer, folates, zinc, vitamines A et E en particulier). Et l’on sait que ce type de dénutrition est, dans d’autres circonstances, responsable d’environ 10 % de décès à long terme (10 ans ou plus) sans que les marqueurs usuels de la dénutrition (albuminémie, pré-albuminémie, hémoglobine, calcémie...) ne la diagnostique facilement.
8.1. Les lésions endoscopiques
Il n’y a pas eu d’études endoscopiques systématiques permettant de préciser la fréquence des lésions oesogastriques. L’oesophagite de reflux est connue. Les lésions gastriques le sont moins. L’étroitesse du chenal ne permet pas d’explorer l’estomac d’aval.
9. Les perspectives
Il faut respecter strictement les indications :
1. Obésité massive (IMC > 40 kg/(m)2 ou fortement compliquée
2. Echec d’un traitement médical et diététique bien conduit (un an au moins de suivi)
3. Consultation d’endocrinologie ou de Nutrition pour dépister une hypothyroïdie notamment
4. Consultation psychiatrique pour exclure les affections à risque d’échec ou de complications : avant tout les troubles du comportement alimentaire et les psychoses et pour préparer les malades aux conséquences, inconfortables, d’une telle réduction du volume gastrique (aucun repas vrai n’est plus possible)
5. Consultation diététique à telle fin de préparer le malade au régime qu’il aura à suivre ensuite
Il faut continuer à évaluer cette chirurgie bariatrique gastrique. Il faudra être plus attentif aux contre indications et à leur diagnostic : il n’est pas facile de déceler un trouble du comportement alimentaire chez l’obèse. On sait que ces troubles touchent le plus souvent des femmes (70 % des cas) et ce sont elles qu’on opère le plus souvent (plus de 75 % des cas). De même, il faudrait déceler et traiter les troubles du comportement alimentaire après l’opération. Il faudrait pouvoir les prédire. Ce ne sera pas facile.
Il faudra aussi faire évoluer l’alimentation de ces malades qui ne peuvent plus s’alimenter comme avant, pour éviter les carences en eau, protéines, minéraux, vitamines et oligo-éléments. Des suppléments (liquides) devraient peut-être être prescrits d’emblée.
Il faut enfin veiller à éviter leur exclusion sociale ou familiale."