LuxLisbon a écrit:saralou a écrit:Aphasie, merci,cela me parle vraiment ce que tu viens de dire.
Personnellement l'approche freudienne ne me parle pas du tout.
Michel Onfray m'a convaincue dans son livre "le crépuscule d'une idole" et en lisant le livre noir de la psychanalyse.
C'est pourtant très dommage d'en être réduit à croire ce que des vendeurs de livres veulent nous faire croire. La psychanalyse et la psychologie nous ont aidés à forger notre monde et à mieux connaître l'esprit humain. Il ne s'agit pas d'adhérer à tous les concepts freudiens mais de reconnaître qu'il y a une part de vérité dans ce qu'il a pu dire, et qu'il y a une universalité de la psyché humaine. Comment expliquer que les thérapeutes réussissent leurs thérapies, aident leurs patients, si tout cela n'était que du vent ?
Je crois que Saralou n'a pas du tout voulu dire ça. On peut trouver la psychanalyse et ses idées très intéressantes, ça pour autant que ça nous "parle" comme elle le dit très bien. La psychanalyse est évidemment valable, elle fait partie, à mon sens, d'une "histoire des idées" et en est une composante indispensable. Ce n'est pas la rejeter en bloc que de l'interroger !
J'ai lu récemment, dans le livre du Dr Apfeldorfer,
Je mange donc je suis, Surpoids et troubles du comportement alimentaire, le passage suivant (p. 139-141). L'auteur s'intéresse notamment aux explications "psychanalytiques" de l'obésité, qui trouverait sa source dans un dysfonctionnement lors du "stade oral" théorisé par Freud. Attention ça va être un peu long :
Citation:"Voilà donc le mystère éclairci : un nourrisson qui rate son stade oral ne passe pas au stade suivant. Ou plutôt, il y passe, mais n'ayant pas acquis les rudiments de base, devient cancre au fond de la classe, fait un stade sadique-anal déplorable et est la plupart du temps recalé au stade génital. Désormais fixé au stade oral, il y régressera à la moindre occasion, renouant avec les délices et les affres de l'oralité.
Caricature ? Certes je l'avoue. Mais les explications fondées sur la théorie des stades freudiens ne peuvent guère aujourd'hui avoir d'autre valeur que métaphorique, tant elles sont en contradiction avec les avancées de la biologie et des sciences humaines, voire avec l'évolution des idées au sein même du mouvement psychanalytique. L'idée d'un petit d'homme passif, désarmé, dont le psychisme serait un néant où viendraient s'inscrire les paroles et les actes maternels, ne semble pas correspondre avec ce que l'on sait aujourd'hui de la réalité du nourrisson. Ce dernier et actif et agissant. Il instaure avec sa mère une communication qui est, dès l'origine, réciproque. Loin d'évoluer dans un monde d'illusion, de fantasme fusionnel avec la mère, il est dès le départ de plain-pied dans la réalité. A aucun moment de son évolution, il ne doit renoncer à une toute-puissance illusoire pour se soumettre à un improbable principe de réalité. En fait, le monde dans lequel vit le nourrisson n'est ni plus ni moins réel que le nôtre. Comme pour l'adulte, il s'agit d'un monde auquel son comportement est adapté. Sa réalité du moment vaut la nôtre, et réciproquement".
Il poursuit, en note :
Citation:"La réalité n'est plus comprise aujourd'hui comme un absolu auquel on accèderait peu à peu, au fur et à mesure que l'on parviendrait à se débarrasser de la gangue des fantasmes et des illusions névrotiques. Ce que nous appelons "réalité" s'apparente plutôt à une reconstitution cérébrale composée à partir de données sélectionnées. Il n'existe donc pas une réalité une et indivisible, mais une multitude de reconstructions, de réalités plus ou moins affinées, plus ou moins en congruence avec l'environnement et permettant des comportements plus ou moins adaptés. Vérité tangible lorsqu'on pense à quel point le fait de changer de lieu, de saison, d'interlocuteur, de vêtements, d'aspect physique, modifie notre cadre concpetuel, nos modes de raisonnement, nos images associatives et les formes d'action que nous décidons de mettre en oeuvre? Dans certaines conditions, nous nous montrons logiques et rationnels, dans d'autres superstitieux et illogiques, dans d'autres encore parfaitement incohérents, et ce tout en restant nous-mêmes."
Apfeldorfer cite ensuite les ouvrages et les auteurs qui ont motivé cette position (je peux vous les donner si ça vous intéresse).
Je cite cet exemple non pour dire qu'il a la vérité absolue, mais pour souligner que les idées, les concepts ne sont pas figés, évoluent constamment. En l'occurrence, je suis assez d'accord avec ce qu'il écrit là, ça me "parle" plus que les théories psychanalytiques. Ce qui n'empêche pas par ailleurs que je sois en désaccord avec beaucoup de points de son livre ;) Je prends ce qui m'intéresse, les théories monolithiques me paraissent toujours un peu suspectes ^^
Désolée, on s'éloigne un peu du sujet initial.