C'est drôle car j'associe assez peu le végétarisme à une forme de militantisme, alors que d'après ce que vous dîtes, ça a l'air très présent dans les motivations, et dans l'admiration que ça peut susciter ou ce qui peut être agaçant.
Ça me ferait bizarre que quelqu'un vienne me féliciter ou me reprocher d'essayer de manger en fonction de mon corps et plus en fonction des idées nutritionnelles qui circulent. Je ne le vis pas comme une revendication anti-quelque ou pro-quoi-que-ce-soit. C'est un régime alimentaire que j'espère adopter et intégrer au quotidien, en dehors de croyances collectives, c'est pour moi absolument dépendant de mon histoire et de mes expériences.
Je ne compare pas la RA et le végétarisme dans leur contenu mais plus dans la démarche d'apprendre une façon de s'alimenter qui apporte de nouvelles contraintes et qui ne soit pas spontané au moment où on choisit de l'adopter.
Du coup je perçois des choix de régime alimentaire spécifique plus comme une démarche personnelle, quelque chose d'intime, peut être aussi parce que l'alimentation est un territoire intime pour moi et très marqué par l'affectif.
Je ne doute pas que s'y greffe des convictions collectives, mais je doute qu'elles soient suffisantes à elles-seules pour une conversion à un régime alimentaire précis. J'imagine que ça doit correspondre à quelque chose d'intime pour que l'on puisse intégrer des contraintes et en tirer plaisir.
Une des personnes de mon entourage a adopté une certaine forme de végétarisme, elle m'a souvent rapporté ce que ça suscitait chez les autres et ça doit être bien lourd. Elle aurait bien le droit de penser du mal de mes choix alimentaires.
Si la dimension "militante" était très présente pour elle et que ça devenait une part importante de son "identité", je n'ai aucun mal à imaginer qu'elle aurait du mal à tolérer ma façon de manger. Pour autant, je vivrai mal qu'elle ne puisse plus associer son jugement à ses convictions et qu'elle considère pour de vrai que je suis une mauvaise personne à manger de la viande.
Si elle sent que ça la dérange parce que ça heurte ses convictions, si elle perçoit négativement mon choix, ça me paraît normal. Si elle sent que ça la heurte parce que je serais une mauvaise personne, là, ça marque pour moi une limite plus difficile.
Pour moi, c'est un choix alimentaire très personnel, qui a pourtant des implications collectives par rapport aux animaux mais qui finalement se rattachent plus dans ma façon de le percevoir (je ne dis pas que c'est le cas) à elle, tout simplement.
Peut-être que si je le percevais comme une façon d'afficher des convictions en face desquelles mes choix ne pourraient que contraster, ça serait plus susceptible de m'interpeller et de susciter un besoin de critiquer mon propre choix (que ce soit en mon nom ou en prêtant cette critique à l'autre).