Un copié collé de l'article des InRocks.
"Derrière les courbes de certains mannequins dits « grande taille » se cacheraient des prothèses couleur chair.
En novembre, le Vogue américain hystérisait le monde de la mode en mettant en ligne un diaporama de mannequins lingerie « de toutes tailles« . Au même moment, Calvin Klein enflammait les réseaux sociaux en engageant un modèle « grande taille » (comprendre: du 42) dans sa collection « Perfectly Fit’. Si l’on peut débattre des heures durant de la définition d’un « mannequin plus-size », on ne peut que saluer la volonté des marques et des magazines de mode d’exposer des corps de femmes plantureux ou, du moins, dépassant le 36.
C’était sans compter la collection de prothèses dont s’arment généralement les mannequins grande taille pour les shootings habillés. Le site Refinery29, qui consacre un diaporama et plusieurs interviews au sujet, a rencontré Sabina Karlsson, 24 ans, qui assure débarquer aux shootings avec un sac contenant « de fausses fesses couleur chair, des prothèses pour cuisses, et une gaine en élasthanne pour tenir le tout. » Objectif: atteindre une taille 44 voire 46 alors que la jeune femme ne fait que du 40.
De prime abord, les prothèses ont un rôle pratique: gagner du temps. Un même mannequin peut ainsi ajuster différents vêtements à sa taille à l’aide de rembourrages sur un même shooting comme l’explique Iskra: « Sur un shooting, certains vêtements vont tomber parfaitement et d’autres vont avoir une taille un peu grande. Si vous n’avez pas le temps de le reprendre ou qu’il n’y a pas de couturière présente, c’est plus simple de le rembourrer« . Une pratique très déroutante qui inspirait en novembre au Daily Mail le titre un poil caricatural « Comment les mannequins « grande taille » ne sont en vérité que des filles toutes minces ».
Mais au-delà de toute visée pratique, l’utilisation de ces prothèses crée un nouveau type de corps idéalisé, pourvu de poitrine, fesses, hanches généreuses mais doté d’une taille, de bras, d’un visage fins. Pour Sabina, la mode ne se satisfait d’aucun corps naturel: « Lorsque j’étais normale, je n’étais pas assez mince et maintenant que je suis grande taille je n’ai pas assez de courbes. ça serait bien de se dire: je suis ce mannequin, et c’est bien moi. Afin que la société sache que les mannequins plantureuses n’ont pas les mêmes tailles… vous pouvez avoir des formes et faire une taille 40″. Le modèle Brittnee Blair assure, elle, qu’il y a « toujours une forme de prothèse utilisée » pour les shootings « grande taille » : « C’est comme si vous sculptiez votre corps. Est-ce réaliste? ça dépend. Si vous voyez ça comme quelque chose d’artistique, je le respecte. Mais comme un idéal féminin? C’est malsain car peu de femmes vont ressembler à ça ».
Le site féminin Bustle, qui consacre également un article au sujet dénonce « une industrie de la grande taille qui imite l’idéal du monde de la mode « plus c’est petit, mieux c’est » », et appelle les marques à prendre conscience qu’elles vendent leurs produits à des femmes aux corps très différents et qu’il serait peut-être temps, dès lors, de choisir leurs mannequins en fonction de cette réalité."