42 ans
Rennes
293
La faible estime de soi aurait-elle d'autres causes que nous-mêmes ?
Il suffit de taper "estime de soi" sur Google pour se rendre compte que le sujet est au
Il suffit de taper "estime de soi" sur Google pour se rendre compte que le sujet est au
cœur des préoccupations. Le problème est souvent développé sur un plan psychologique où l'on focalise bien davantage sur l'individu que sur son environnement. Il ne faudrait pas hésiter à savoir dire "non", travailler à "connaître ses limites" ou développer ses pensées positives comme il est revendiqué sur cette page internet par exemple.
Aujourd'hui, bien des personnes adulent les "coachs" qui se multiplient et auraient la science infuse dans la course au développement personnel. Ils exercent après des formations pour le moins douteuses et espèrent nous vendre de la PNL au rabais. Regardez qu'il est beau celui-là, gourou de "la confiance en soi" ! Il est surtout bien formé en gestion d'entreprise pour faire du profit si on regarde le fier étalage de son CV ! Les préconiseurs de potions magiques de ce type font flores, vous en trouverez des tonnes !
J'ai aussi pu lire sur le forum que si l'on se sent physiquement attractif ou non, ce serait lié à la "confiance en soi", ce que j’interprète peut-être exagérément comme lié de nouveau à une cause qu'il faut chercher en soi.
Le travail sur l’individu semble être l'approche la plus courante proposée ici et là. J'ai peu à peu l'impression d'entendre : "Allez ! Encore un petit effort et vous aurez confiance en vous !".
Je n'y crois pas du tout ! Du moins, je trouve ces approches terriblement insuffisante pour rester poli.
Qu'est-ce que l'estime de soi ? Sans aller chercher des définitions compliquées je dirais que c'est une auto-évaluation.
Problématique proposée à développer :
Nous nous évaluons énormément par rapport à notre environnement. N'est-il pas restreint de voir la question de l'estime de soi en nous centrant uniquement sur l'individu ? Mettre en lumière des causes environnementales me paraît au moins tout aussi pertinent et bien peu exploré. À défaut de pouvoir changer notre environnement ne devrions-nous pas à minima le remettre en question ? Quels sont selon-vous les éléments ou phénomènes environnementaux pouvant déprécier l'estime ou par extension la confiance en soi ?
Je crois personnellement que les raisons profondes du manque d'estime de soi sont généralement environnementales et liées au contexte social ou familiale.
Plusieurs approches sont possibles et je vais tenter d'en dévoiler quelques-unes :
Concurrence, centralisation des compétences, grandes agglomérations :
Adulé comme détesté, le psychologue américain Jordan Petterson décrit dans son best-seller de 2018 12 règles pour une vie que les grandes agglomérations sont très néfastes pour l'estime de soi. Il explique que dans les bourgs d'autrefois, il était facile de devenir une "figure" ou un "héros local" pour peu que l'on ait une spécialité ou un talent même modeste. Au minimum, chaque personne d'un village avait généralement au moins une anecdote gratifiante de connue sur elle que les gens partageaient. Or dans les grandes villes modernes, même en ayant d'importantes qualités dans un domaine, on reste bien souvent inconnu.
Notre "esprit rationnel" n'aurait pas évolué aussi vite que nos cités selon le clinicien et les habitants des grandes agglomérations continueraient de se comparer inutilement les uns aux autres. Au point où la confiance en soi s'abaisserait pour presque tous les citadins au profit d'une poignée de gens qui réussissent. Cela mettrait en péril notre capacité à nous accomplir dans la vie. Voilà une cause environnementale possible qui expliquerait le manque d'estime en soi.
Sans dénigrer son travail ni sa prose, je pense que le diagnostique du psychologue peut se poser autrement. Ne peut-on pas penser qu'il dénonce finalement un monde toujours plus concurrentiel et centralisé ? C'est terriblement paradoxal quand on sait que ce maître de conférence défend une société de compétition entre les individus. Quoi qu'il en soit, je pense qu'il pause une bonne question : Ne sommes-nous pas aliénés à rechercher une image plus positive de nous-mêmes de façon inutile et contre-productive ?
Des images à outrance !
Que ce soit sur des affiches, internet ou à la télévision, les médias véhiculent une pléthore d'images qui se sont multipliées à l'extrême les 50 dernières années ! Impossible d'échapper à la surabondance d'images. C'est pire que jamais depuis la dernière décennie car nous avons sans arrêt des appareils photo en poche via notre téléphone portable. Ainsi, les individus sont devenus leurs propres vecteurs d'images !
Je vous propose cette étude que je crois assez sérieuse et détaillée sur l'image corporelle et l'estime de soi dans la problématique de la surcharge pondérale. La conclusion est que la vision de notre corps est bien souvent apprécié en subjectivité liée au contexte socio-culturel.
Plus l'image que nous renvoyons prend une place importante dans la définition de ce que nous sommes, plus il est important de pouvoir proposer une image positive de soi. Les critères socio-culturels qui nous définissent deviennent donc toujours plus dur à atteindre ainsi que l'estime de soi.
Le règne de l'"happycratie" !
Edgar Cabanas(psychologue) et Eva Illouz(sociologue) ont écrit en 2018 un livre que j'ai trouvé fort intéressant : Happycratie. Se livre dénonce "la dictature du bonheur". Les deux auteurs accusent les idées selon lesquelles le bonheur "se construirait", "s'enseignerait et s'apprendrait". Selon leur analyse, nous vivons dans la "marchandisation des émotions" où il faudrait réaliser un plein "potentiel individuel" de bonheur dans sa vie sans quoi notre existence perdrait une profonde pertinence. Cette "dictature du bonheur" serait omniprésente. Les individus seraient de plus en plus centrés sur eux-mêmes pour atteindre un bonheur impossible et donc en difficulté pour se réaliser autant socialement que sur le plan émotionnel. Ce "bonheur à tout prix" ne servirait qu'à nous aliéner pour servir l'industrie et la consommation, autant dire le néolibéralisme. l'"happycratie" régnerait ainsi au-delà de tout.
Est-il possible d'avoir une bonne estime de soi si la réalisation personnelle que la société nous propose est sans arrêt inatteignable ?
Vous pouvez voir une interview D'Eva Illouz sur ce lien pour bien comprendre. Car il est difficile de développer son point de vue en quelques lignes.
Des ouvertures possibles au sujet :
Et si la société ne permettait pas d'avoir une bonne estime de soi dans son organisation actuelle ? Tout simplement ! Je ne souhaite pas expliquer qu'il faut changer la société, mais peut-être défendre la fin d'une idée selon laquelle elle devrait permettre de nous accomplir émotionnellement dans un idéal de vie proposé quelconque. Ainsi, Dissocier nos émotions et toute vision prônée par la société.
Le seul moyen de se sentir "in" et bien dans sa peau comme dans la société ne serait-il pas de garder un esprit "out of the society" en fin de compte ?
Peut-être que la solution ultime pour se préserver mentalement des mauvais effets d'une société qui prône l'individualisme est de savoir s'oublier soi ? Cette réflexion semble logique après tout. Prôner l'individualité ne revient-il finalement pas à la détruire et nous rendre docile au système dans un infini manque d'estime comme de confiance en soi ? La société qui prône la réalisation de l'individu ne serait-elle pas en fin de compte une des nombreuses formes de lissage des pensées pour aliéner la population ?
Aujourd'hui, bien des personnes adulent les "coachs" qui se multiplient et auraient la science infuse dans la course au développement personnel. Ils exercent après des formations pour le moins douteuses et espèrent nous vendre de la PNL au rabais. Regardez qu'il est beau celui-là, gourou de "la confiance en soi" ! Il est surtout bien formé en gestion d'entreprise pour faire du profit si on regarde le fier étalage de son CV ! Les préconiseurs de potions magiques de ce type font flores, vous en trouverez des tonnes !
J'ai aussi pu lire sur le forum que si l'on se sent physiquement attractif ou non, ce serait lié à la "confiance en soi", ce que j’interprète peut-être exagérément comme lié de nouveau à une cause qu'il faut chercher en soi.
Le travail sur l’individu semble être l'approche la plus courante proposée ici et là. J'ai peu à peu l'impression d'entendre : "Allez ! Encore un petit effort et vous aurez confiance en vous !".
Je n'y crois pas du tout ! Du moins, je trouve ces approches terriblement insuffisante pour rester poli.
Qu'est-ce que l'estime de soi ? Sans aller chercher des définitions compliquées je dirais que c'est une auto-évaluation.
Problématique proposée à développer :
Nous nous évaluons énormément par rapport à notre environnement. N'est-il pas restreint de voir la question de l'estime de soi en nous centrant uniquement sur l'individu ? Mettre en lumière des causes environnementales me paraît au moins tout aussi pertinent et bien peu exploré. À défaut de pouvoir changer notre environnement ne devrions-nous pas à minima le remettre en question ? Quels sont selon-vous les éléments ou phénomènes environnementaux pouvant déprécier l'estime ou par extension la confiance en soi ?
Je crois personnellement que les raisons profondes du manque d'estime de soi sont généralement environnementales et liées au contexte social ou familiale.
Plusieurs approches sont possibles et je vais tenter d'en dévoiler quelques-unes :
Concurrence, centralisation des compétences, grandes agglomérations :
Adulé comme détesté, le psychologue américain Jordan Petterson décrit dans son best-seller de 2018 12 règles pour une vie que les grandes agglomérations sont très néfastes pour l'estime de soi. Il explique que dans les bourgs d'autrefois, il était facile de devenir une "figure" ou un "héros local" pour peu que l'on ait une spécialité ou un talent même modeste. Au minimum, chaque personne d'un village avait généralement au moins une anecdote gratifiante de connue sur elle que les gens partageaient. Or dans les grandes villes modernes, même en ayant d'importantes qualités dans un domaine, on reste bien souvent inconnu.
Notre "esprit rationnel" n'aurait pas évolué aussi vite que nos cités selon le clinicien et les habitants des grandes agglomérations continueraient de se comparer inutilement les uns aux autres. Au point où la confiance en soi s'abaisserait pour presque tous les citadins au profit d'une poignée de gens qui réussissent. Cela mettrait en péril notre capacité à nous accomplir dans la vie. Voilà une cause environnementale possible qui expliquerait le manque d'estime en soi.
Sans dénigrer son travail ni sa prose, je pense que le diagnostique du psychologue peut se poser autrement. Ne peut-on pas penser qu'il dénonce finalement un monde toujours plus concurrentiel et centralisé ? C'est terriblement paradoxal quand on sait que ce maître de conférence défend une société de compétition entre les individus. Quoi qu'il en soit, je pense qu'il pause une bonne question : Ne sommes-nous pas aliénés à rechercher une image plus positive de nous-mêmes de façon inutile et contre-productive ?
Des images à outrance !
Que ce soit sur des affiches, internet ou à la télévision, les médias véhiculent une pléthore d'images qui se sont multipliées à l'extrême les 50 dernières années ! Impossible d'échapper à la surabondance d'images. C'est pire que jamais depuis la dernière décennie car nous avons sans arrêt des appareils photo en poche via notre téléphone portable. Ainsi, les individus sont devenus leurs propres vecteurs d'images !
Je vous propose cette étude que je crois assez sérieuse et détaillée sur l'image corporelle et l'estime de soi dans la problématique de la surcharge pondérale. La conclusion est que la vision de notre corps est bien souvent apprécié en subjectivité liée au contexte socio-culturel.
Plus l'image que nous renvoyons prend une place importante dans la définition de ce que nous sommes, plus il est important de pouvoir proposer une image positive de soi. Les critères socio-culturels qui nous définissent deviennent donc toujours plus dur à atteindre ainsi que l'estime de soi.
Le règne de l'"happycratie" !
Edgar Cabanas(psychologue) et Eva Illouz(sociologue) ont écrit en 2018 un livre que j'ai trouvé fort intéressant : Happycratie. Se livre dénonce "la dictature du bonheur". Les deux auteurs accusent les idées selon lesquelles le bonheur "se construirait", "s'enseignerait et s'apprendrait". Selon leur analyse, nous vivons dans la "marchandisation des émotions" où il faudrait réaliser un plein "potentiel individuel" de bonheur dans sa vie sans quoi notre existence perdrait une profonde pertinence. Cette "dictature du bonheur" serait omniprésente. Les individus seraient de plus en plus centrés sur eux-mêmes pour atteindre un bonheur impossible et donc en difficulté pour se réaliser autant socialement que sur le plan émotionnel. Ce "bonheur à tout prix" ne servirait qu'à nous aliéner pour servir l'industrie et la consommation, autant dire le néolibéralisme. l'"happycratie" régnerait ainsi au-delà de tout.
Est-il possible d'avoir une bonne estime de soi si la réalisation personnelle que la société nous propose est sans arrêt inatteignable ?
Vous pouvez voir une interview D'Eva Illouz sur ce lien pour bien comprendre. Car il est difficile de développer son point de vue en quelques lignes.
Des ouvertures possibles au sujet :
Et si la société ne permettait pas d'avoir une bonne estime de soi dans son organisation actuelle ? Tout simplement ! Je ne souhaite pas expliquer qu'il faut changer la société, mais peut-être défendre la fin d'une idée selon laquelle elle devrait permettre de nous accomplir émotionnellement dans un idéal de vie proposé quelconque. Ainsi, Dissocier nos émotions et toute vision prônée par la société.
Le seul moyen de se sentir "in" et bien dans sa peau comme dans la société ne serait-il pas de garder un esprit "out of the society" en fin de compte ?
Peut-être que la solution ultime pour se préserver mentalement des mauvais effets d'une société qui prône l'individualisme est de savoir s'oublier soi ? Cette réflexion semble logique après tout. Prôner l'individualité ne revient-il finalement pas à la détruire et nous rendre docile au système dans un infini manque d'estime comme de confiance en soi ? La société qui prône la réalisation de l'individu ne serait-elle pas en fin de compte une des nombreuses formes de lissage des pensées pour aliéner la population ?