La lutte contre l'anorexie mobilise les pouvoirs publics

sep 2006

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La France doit-elle s'inspirer des méthodes musclées de ses voisins européens en matière de prévention de l'anorexie ? La semaine dernière, Madrid a décidé d'exclure cinq mannequins «trop

maigres» de son grand rendez-vous de la mode. Les autorités régionales ont en effet jugé que leur indice de masse corporelle, inférieur à 18 (soit 56 kg pour 1,75 m) était un mauvais exemple pour les jeunes Espagnoles. Ce week-end, Londres est à son tour entrée dans le débat : Tessa Jowell, le ministre de la Culture, a invité les créateurs britanniques à boycotter les modèles trop maigres. Selon elle, «le culte de la maigreur excessive véhiculé par l'industrie de la mode est très néfaste pour la santé des jeunes filles et la représentation qu'elles ont d'elles-mêmes».

Bien que plus timide, la France a récemment fait un pas dans la même direction. Dans le cadre du Programme national nutrition santé, le ministère de la Santé vient d'annoncer qu'un groupe de travail serait créé avant la fin de l'année sur «l'image du corps». Une de ses missions : établir une charte avec les publicitaires «pour le recours à des mannequins de corpulence ne promouvant pas la maigreur». La lutte contre les régimes minceur abusifs est également prévue. «Il s'agit de réunir tous les professionnels pour ouvrir un vrai débat, explique-t-on au ministère. L'interdiction pure et simple des mannequins maigres ne résoudra pas le problème.»

Un phénomène de société

Un électrochoc que de nombreux médecins approuvent pourtant aujourd'hui. «La mesure aura le mérite de provoquer une prise de conscience salutaire», souligne ainsi Jean-Claude Melchior, professeur de nutrition et responsable d'une unité de soins à l'hôpital Poincaré de Garches.

À en croire les estimations fournies par le ministère de la Santé, entre 1 et 2% des filles de 12 à 18 ans souffriraient d'anorexie. Mais, selon certaines recherches, 10% des jeunes filles brillantes et de classes sociales élevées présenteront à l'adolescence un épisode modéré d'anorexie ou de boulimie. Quelque 10% des anorexiques meurent des conséquences de leur trouble. Bien qu'aucune enquête récente n'ait été menée, les spécialistes s'accordent à dire que le «culte de la maigreur» est devenu un phénomène de société chez les adolescentes.

«L'Espagne a raison de taper du poing sur la table, approuve Philippe Jeammet, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'université René-Descartes-Paris-V. Puisque les créateurs de mode sont incapables d'autocensure, il est bon que la société leur pose des limites.»

Un avis que partagent les associations mais aussi, contre toute attente, certains publicitaires. D'ordinaire «opposée à toute forme de censure», Marie Chauveau, présidente de l'agence Mafia, adhère ainsi «à 100%» à la décision madrilène. «Faire des icônes de ces corps décharnés est terrifiant, note cette responsable qui, consciente de la responsabilité de sa filière, essaie de se démarquer. Mais cette directrice de casting confie avoir «toutes les peines du monde à trouver une fille normale sur 200 candidates».

Jean-Jacques Picart, l'homme qui a lancé Christian Lacroix et qui est aujourd'hui conseiller du groupe LVMH, met en cause la responsabilité des créateurs. «Ce sont les couturiers qui sont les maîtres absolus des tendances, tempête-t-il. Or les dangers pour les adolescentes, ils s'en foutent ! Leur unique but est de valoriser leurs créations.» (Source)

Ca bouge ca bouge, même si maintenant on a droit à un grand "c'est pas moi, c'est lui" entre créateurs, publicité et magazine :roll:

Hier dans un article de Nathalie Rikiel on pouvait lire :
Citation:

"...Aujourd'hui, notre rapport au temps, à la vitesse, induit un besoin de contrôle sur son corps et sur sa vie, qui est le contraire même de la nonchalance.

L'anorexie n'est-elle pas une maladie liée à une quête identitaire, une recherche poussée à l'extrême de la maîtrise de l'esprit sur le corps ; l'esthétique du "maigre" impliquant le contrôle absolu de son corps par opposition au "laisser-aller" du "gros" ? L'industrie de la mode, d'ailleurs, n'est pas la seule à nourrir cette vision : l'industrie alimentaire avec les produits light, l'industrie cosmétique avec les crèmes gommantes, amincissantes, contribuent à ce culte de la minceur.

Il faut laisser les artistes créer librement ! Et dans le même temps éduquer le regard des enfants, des adolescents qui errent souvent entre addiction et perdition. Leur apprendre à aiguiser leur sens critique, à prendre de la distance avec les images qu'ils reçoivent, à se méfier de cette fusion entre rêve et réalité, cet amalgame infantile d'une société tube qui digère aussi vite qu'elle ingère, sans réfléchir, sans contrôle. Qui oublie de rappeler que l'on peut admirer sans forcément s'identifier.

..... "

Même si dans le fond je ne suis absolument pas d'accord avec ce qu'elle dit sur le "laisser aller" du gros, il y a quand même une idée très intéressante.
Qui est coupable, de qui vient la faute .... et si tout simplement nous n'étions pas préparer pour cette époque où les médias ont une place aussi importante dans nos vies ?

Comment des personnes qui n'ont pas subis ce matraquage d'images pouvaient préparer leurs enfants pour qu'il garde une distance ?
Il y a toujours un revers à la médaille du progrès et là je crois qu'on est en plein dedans :-k

Bon mais maintenant que les dégâts sont fait, comment retrouver cette distance indispensable face aux images que nous subissons sans cesse ?
Que faites vous pour ça surtout avec les enfants ?

sep 2006

Rewind

40 ans Paris 1624

J'ai voté "aux médias", pour regrouper télévision & presse.

Que ce soit dans les pubs, émissions télé, films, etc., les "ronds" sont rarement mis en valeur.
Même dans des téléfilms "une jeune femme obèse rencontre l'amour" il y a toujours les mêmes clichés, genre "elle est triste alors elle passe son temps à manger", "elle est grosse alors elle est déprimée et/ou entourée d'amis au physique ingrat (tout comme elle bien sûr)", etc.
Bref, les ronds passent toujours pour des cons (ça rime).
Et comme beaucoup de gens (tout le monde ?) sont influencés par les médias...
Et puis on est tellement habitués à voir ce genre d'images que j'oserais même dire que la discrimination envers les "gros" est banalisée.
Bien souvent ceux qui ne sont pas concernés s'en foutent complètement.
D'ailleurs même ceux qui sont concernés s'en foutent aussi parfois, dans mon propre entourage certains se moquent des rondeurs des autres alors qu'eux même sont loin d'être maigres...

Bref, quant aux solutions... (Grand soupir)... Même si une partie des médias mettaient en valeur les rondeurs, l'autre partie persisteraient à adorer le culte de la minceur/maigreur.
Mais bon, je pense aussi que tout est une question d'éducation, comme pour n'importe quelle discrimination, mais n'ayant pas d'enfants je n'ai pas d'idée concrète sur la question. J'improviserai quand j'en aurai :mrgreen: