Royal sur les profs des collèges, diffusée sur internet à une semaine de la primaire socialiste, pourrait lui causer du tort auprès des enseignants, nombreux dans les rangs du PS.
Cette séquence, extraite d'une table ronde avec des militants à Angers le 21 janvier 2006, circule depuis jeudi, présentée par ses diffuseurs, inconnus, comme "le plan caché" de Ségolène Royal.
Elle y expose une proposition qu'elle juge "révolutionnaire": exiger des professeurs une présence de 35 heures dans les collèges pour combiner cours et soutien scolaire gratuit. Toutefois, elle déclare ne pas vouloir "encore la crier sur les toits" pour ne pas "prendre des coups".
Redoutant d'être "instrumentalisés", les syndicats d'enseignants, pourtant en désaccord, ont réagi prudemment à ce qui fait figure, aux yeux des partisans de Mme Royal, de "rouerie de fin de campagne".
La présidente de Poitou-Charentes pourfend dans cette vidéo les enseignants du public qui complètent leurs revenus auprès d'entreprises de soutien scolaire "cotées en bourse" mais n'ont "pas le temps" d'assurer gratuitement du soutien dans leurs établissements.
Le premier secrétaire PS du Maine-et-Loire, Serge Bardy, a confirmé la teneur des propos mais déploré qu'ils aient été "détournés" par volonté de porter "préjudice" à la candidate.
L'un des porte-parole de Mme Royal, Gilles Savary, a jugé "pas très honorable de faire circuler un document pris à l'insu de quelqu'un".
Mais sur le fond, le député européen n'est "pas inquiet", opposant la députée des Deux-Sèvres, qui avait déjà fait polémique en proposant de réformer la carte scolaire, "à ceux qui au PS, ont fait un tabou de toute discussion franche et sincère avec ceux qu'on considère comme notre clientèle électorale historique".
Les enseignants fournissent en effet de gros bataillons au PS. Avant l'arrivée de quelque 70.000 nouveaux adhérents, la communauté éducative représentait "20 à 30.000 personnes", soit environ un adhérent sur cinq, selon un bon connaisseur au PS.
Mais cette source estime que la vidéo n'aura guère d'effet sur le vote militant. "C'est un peu tard", a-t-elle jugé.
Interrogé vendredi, Laurent Fabius, rival avec Dominique Strauss-Kahn de Mme Royal, a condamné cette diffusion. "Il ne faut pas taper en-dessous de la ceinture", a-t-il dit sur Europe 1, en précisant ne pas avoir vu les images.
Le strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis s'est montré plus ironique. "Si elle ne l'a pas dit, il n'est pas tolérable de faire courir des bruits" et "si elle l'a dit, le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas tout à fait le programme socialiste", a-t-il déclaré à l'AFP.
Chez les enseignants, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, première fédération de l'éducation, a refusé d'être "instrumentalisé". "Il y a une manoeuvre dans cette affaire (...) Je veux me fonder sur la réalité des propos et des actes", a-t-il expliqué, tout en exprimant son "désaccord" sur le fond.
L'Unsa-Education, deuxième fédération de l'éducation, a récusé une proposition "simpliste" et "démagogique" qui méconnaît "le travail des enseignants en terme de préparation, de correction, d'évaluation".
Mais son secrétaire général, Patrick Gonthier, a lui aussi observé que "ces propos pris à la dérobée" sortaient "opportunément dans la campagne interne du parti".[/b]
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