Bonjour. Je suis assistante sociale en Belgique. Ton topic ne porte pas un nom très flatteur pour ma profession : "Les assistantes sociales", alors que tu dis toi-même que beaucoup d'entre nous sont là pour aider autrui...
Bien. Je vais essayer de cadrer tout ça. D'une part, le boulot d'une assistante sociale n'est pas de régler universellement les problèmes des personnes. L'assistante sociale est employée par une institution ou un service public en particulier. Elle ne peut agir que dans le cadre étant déterminé par ce service/cette institution.
Ici, il semble clairement s'agir d'un souci d'ordre institutionnel.
Je ne sais pas comment fonctionne le système français et encore moins comment ta mairie fonctionne et encore moins son service social.
Je dois toutefois dire que, effectivement, en Belgique, la première demande DOIT logiquement se faire au centre avant de mettre en place une enquête sociale au cours de laquelle l'assistante sociale doit se rendre au domicile du demandeur afin de vérifier son domicile (et donc le taux qui sera appliqué en matière de RMI), de vérifier certains papiers qu'on ne pourrait pas amener au centre, une enquête qui passe aussi par les débiteurs alimentaires soit la famille proche qui peut devoir intervenir financièrement par rapport à la personne aidée.
L'aide est en effet résiduaire en Belgique ce qui signifie que la personne ne doit pas avoir d'autres revenus ou pouvoir y prétendre, même via voix de justice. Une aide peut toutefois être accordée et elle sera remboursée lors de la perception des mois de retard de pension alimentaire, d'allocations d'handicap etc.
Il s'agit donc ici du système belge et je ne saurais te garantir qu'il s'applique également en France bien que j'aie visité le service social de Paris XIIIè et que ça m'ait semblé être similaire.
Bien... Quoi qu'il en soi, si la demande ne peut logiquement se faire qu'au bureau, l'assistante sociale aurait pu demander à sa responsable de bien vouloir la laisser aller au domicile de la personne que tu "aides bénévolement", ce qui est tout à ton honneur.
En tout cas, pour ma part, j'aurais sans doute fait la démarche. Après, si la responsable ne lui donne pas l'autorisation de se rendre chez la dame en question, l'assistante sociale ne peut rien faire et j'imagine qu'un courrier de la demandeuse devra être adressé afin de demander expressément le passage d'une assistante sociale.
L'institution peut être un facteur déterminant par rapport aux limites de liberté fixées à l'A.S.
Il se peut par exemple qu'elle ne puisse prendre de nouvelle demande de son propre chef car, par exemple, les nouvelles demandes doivent être équilibrées par rapport au nombre de dossiers de chaque A.S., comme chez moi.
Enfin, plein de choses peuvent jouer et donc, je pense que dans des cas comme celui là, la meilleure chose à faire est d'abord d'adresser une lettre au responsable du service social en lui demandant de faire en sorte qu'une A.S. passe au domicile.
Concernant les droits des personnes bénéficiaires d'aide, je suis bien placée pour te dire que celles-ci et aussi les "aidants bénévoles", amis de la famille et compagnie se gourent parfois complètement, croyant avoir compris alors qu'il existe une subtilité dans une loi, etc.
Ainsi, par exemple, moi-même, je reçois des bénéficiaires du RMI à la belge (RIS) en recherche d'emploi qui estiment que la loi m'oblige à leur trouver un travail. Erreur, la loi leur conseille vivement de faire en sorte de s'intégrer et ceci passe par le social, le travail, la santé mentale, ...
Souvent, nombre de personnes pensent avoir compris ce qu'une A.S. leur a dit et se plantent complètement, l'accusent d'avoir menti alors qu'ils n'ont simplement pas compris une explication ou qu'ils ont fait un amalgame. Je ne dis pas que c'est ton cas mais il se peut simplement qu'il existe un malentendu entre l'A.S. et toi.
Au niveau du droit qui régit le travail des A.S., tout bonnement, en Belgique, il n'y en a pas. Nous avons un code de déontologie, tout comme en France je pense. Par contre, il ne me semble pas qu'une loi fixe le rôle des assistantes sociales en règle générale.
Nous avons une loi qui définit le fonctionnement des "services sociaux de mairie" (en gros : CPAS) et qui dit que le personnel doit être composé d'assistants sociaux car nous sommes reconnus par la Communauté Française, Germanophone ou Néerlandophone. Nous avons un diplôme protégé communautaire.
Mais aucun droit ne régit cela. Nous devons juste respecter la loi fixée pour nos institutions (santé mentale, psychiatrie, CPAS, PMS...) et notre code de déontologie.
Personnellement, je suis assermentée et j'ai juré fidèlement de m'acquitter des devoirs liés à ma tâche, soit de faire mon travail.
Ca signifie que ma parole est d'or devant un tribunal ou un policier par exemple. Si je fais un faux témoignage, par contre, on peut me retirer le droit d'exercer. En dehors de ça, je pense qu'on t'a mal informé. Je ne crois pas qu'il existe de telles lois en France ou un code propre aux AS si ce n'est le code de déontologie.
shelly a écrit:Bonjour,
BIEN SUR IL FAUT RESPONSABILISER LES GENS ET NON LES ASSISTER
On parle plus d'autonomisation que de responsabilisation ce qui entrainerait un sentiment de culpabilité.
L'autonomisation est une forme d'aide. On aide les gens à être autonome mais ils ne peuvent pas le devenir si on ne les a pas aidés et qu'on ne leur a pas fourni les bons outils.
Quant à l'assistanat, "assister", etc. c'est un terme fréquent dans les médias libéraux actuels. C'est très péjoratif, ce terme d'assistanat me rend malade. Comme si les gens avaient envie qu'on fasse tout à leur place, qu'on leur -excuse-moi l'expression- torche le cul quand ils sortent des toilettes...
Bien sûr, il existe une infime partie de fainéants et de je m'en foutistes, mais ce n'est pas la majorité.
La plupart de mes gens qui sont pourtant dans un circuit d'assistance fonctionnent en autonomie et c'est rare, sauf problème de santé mentale, qu'on ait besoin de faire à leur place.
Si les gens étaient d'ailleurs mieux informés par des cours d'éducation civique, des informations claires transmises par le gouvernement et les médias, ils seraient encore plus autonomes. Certains ne le sont pas car on leur cache leurs droits (je n'entends pas les A.S., j'entends les politiques).
Imagine que 1.000.000 de personnes apprennent qu'elles ont droit à X euros de plus par moi, le trou dans les caisses...
Les droits sociaux, c'est toujours TRES relatif.
Je n'aime pas ce genre de terme et je tiens à le dire... C'est un principe. On ne peut pas laisser les médias créer la mode de l'utilisation d'un terme aussi lourd et péjoratif pour des gens qui vivent déjà dans la misère et qui souffrent parfois beaucoup, qui tentent de s'en sortir et qu'on considère comme des parias juste parce qu'ils sont nés au mauvais endroit. La banalisation du terme est encore pire... Mais tu n'y peux sans doute rien. Il faudrait juste que ce terme cesse d'être utilisé.