Bonjour à toutes,
Vous ne pouvez pas savoir comme ça me fait plaisir vos réponses. Si j'ai créé ce post, c'est parce que j'aurais voulu que qqu'un dans une situation similaire à la mienne me dise qu'il avait réussi à s'en sortir. Savoir si je l'aurais cru, j'en suis pas sûre, mais bon ça m'aurait fait du bien. Je me suis dit que quand je m'en sortirai, je partagerai ça, pour qu'au moins toute ma souffrance ait servi à qque chose.
Pour répondre à vos questions, j'ai pris des anti-dépresseurs et des anxiolitiques depuis l'âge de 15 ans, avec des périodes sans (environ 5 ans) quand j'ai rencontré mon mari. J'ai eu droit à touts les marques, je crois ;) . Je vous fait pas la liste, d'abord je m'en souviens plus trop. Lors d'hospitalisations psychiatriques (toujours en urgence), j'étais perfusée au tranxène 1000.
Aujourd'hui, j'ai de l'atarax 25 à la maison, pour le cas où, mais si j'en prends une fois par mois, c'est le maximum.
Les médicaments m'ont aidée, oui sans aucun doute. Je n'aurais pas pu supporter la douleur quotidienne sans. Mais s'ils atténuaient le désagrément des symptômes, je n'ai pas l'impression qu'ils les ont supprimés.
J'ai commencé à fréquenter les hôpitaux psy et les psychiatres aussi à 15 ans. J'ai eu à faire à qques psychologues, mais j'étais mieux avec les psychiatres qui connaissaient mieux ma maladie et que je trouvais plus rationnels.
J'ai eu de longs suivis avec 2 psychiatres (3 et 2 ans respectivement) d'autres plus sporadiquement. Aujourd'hui, ça fait 4 ans et demi que je vois le même psy et c'est vraiment avec lui que je progresse le plus. Je n'ai plus de pulsions suicidaires depuis 2 ans à peu près.
J'ai mis très longtemps à assimiler le concept de maladie. Je SAVAIS que c'en était une une mais je ne le SENTAIS pas. Ca faisait tellement partie de moi depuis toujours que je me suis battue contre moi avant de me battre contre la dépression. C'était MOI le problème, pas une maladie...Bonjour l'autodestruction alors!
Je ne sais pas comment ça s'est fait. Je ne comprends pas comment il a procédé, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de l'évolution. Juste un jour, je réalise que lors d'une grosse crise, je ne pense pas à me faire du mal. Ca ne me vient juste plus à l'esprit. Je me suis sentie un peu démunie de ces réflexes, ça fait drôle de se découvrir si différente.
Soudain vivre me semble évident, normal, l'avenir devient envisageable concrètement, les projets s'installent sans que j'aie la peur et la certitude de l'échec.
Vous me demandez "à quel prix" une guérison, vous me dîtes que la route est longue et dure. Oui c'est dur, oui j'ai pleuré longtemps quand je sortais d'un entretien avec mon psy et oui c'est long. Mais en fait, ce n'est pas plus douloureux que la dépression. C'est juste une nouvelle douleur qu'on ne sait pas gérer. On s'habitue à notre souffrance quotidienne, aussi énorme soit-elle, la preuve c'est qu'on survit en dépit d'elle. Et quand on attaque une thérapie, on souffre "en plus" et on se dit que c'est pas possible, pas humain, pas juste. Je compare souvent la thérapie à une opération sans anesthésie. On guide le médecin et parfois même on tient les instruments. La douleur est insoutenable, peut-être, mais on se débarrasse de la douleur d'origine. Je n'échangerais pas la douleur de cette ablation contre celle de cette maladie pour rien au monde. J'ai mis 30 ans à m'habituer à la seconde, 5 ans à la 1ère et je cicatrise bien, alors y a pas photo.
Ce qui est un peu destabilisant, c'est que je n'ai pas ressenti de cap(s), c'est vraiment un travail en profondeur et des progrès insidieux.
La seule consigne que mon médecin me donnait, c'était de ne pas essayer de comprendre le pourquoi du comment, mon intelligence ne m'a été d'aucun secours, on est dans le domaine de l'émotion pure, inconciliable avec l'intellectualisation. Ca demande de se laisser aller, et quand on se retient depuis toujours, c'est difficile. J'ai eu le sentiment de perdre le contrôle de ma vie, de mes sentiments, de mes principes, chose inconcevable. Mais il le faut puisque tout ça était mauvais. J'ai aussi cessé de chercher une cause particulière (il y en a plein) et aussi un ou des coupables, une maladie n'en a pas vraiment, juste des complices (mes parents dans mon cas).
Aujourd'hui, j'ai parfois l'impression d'être une enfant et d'apprendre à vivre. C'est bizarre mais le but est louable et les résultats satisfaisants.
Je ne suis pas sortie de l'auberge encore mais proche du but sûrement, même si mon psy refuse de me dire où j'en suis réellement dans le processus :evil: .
Voilà, c'est à peu près tout ce que je peux dire de mon expérience. J'ai été longue, désolée mais c'est difficile de résumer un parcours si dense.
Et encore une fois, je suis convaincue que si j'y suis arrivée, tout le monde le peut. Accrochez-vous, ruez dans les brancards, aidez-vous et cherchez de l'aide aussi, ça en vaut la peine, au sens strict du terme.
Bon courage à vous. :kiss: