Je vais donc parler de mon tout petit parcours "adoption" et des raisons qui ont fait que nous avons choisi de ne pas adopter.
Quand nous avons cessé les traitements, nous avons d'abord laissé passer quelques temps, histoire de nous retrouver un peu et d'encaisser le fait que nous ne serions jamais des parents biologiques (on dit "faire le deuil de l'enfant biologique" mais en fait "on encaisse" ! ;) ).
Ensuite nous avons commencé à nous renseigner sur les possibilités et les formalités d'adoption. Nous avons lu des bouquins et fait des recherches sur le net.
Dans notre département (puisqu'apparemment les procédures peuvent différer d'un département à l'autre, même si beaucoup de choses sont communes), il fallait envoyer un courrier "de motivation" en expliquant son parcours et pourquoi on souhaitait adopter. On l'a fait.
On a eu une réponse laconique et enregistrée sur ordinateur, dans le genre "Bienvenue dans le parcours de l'adoption, on a bien reçu votre courrier, venez à la réunion d'information organisée le ... à ...".
On avait vraiment fait un courrier motivé avec plein de choses perso dedans... Et on a eu une réponse totalement impersonnelle. Un peu déçus, on s'est dit que ça devait être normal, qu'on était pas les seuls à faire la demande et que l'ASE ne pouvait pas faire une réponse personnalisée à tout le monde et que notre courrier servirait sûrement à un stade ultérieur de la procédure.
Dans le courrier il y avait aussi un formulaire à remplir et à renvoyer avec toutes les pièces demandées, mais pas avant cette réunion qui était obligatoire. Sur le formulaire il fallait donner des infos perso bien sûr mais ça allait assez loin (revenus mensuels, propriétaire ou non du domicile, origine du couple, origine des parents, frères et soeurs, problèmes de santé éventuels...) Et puis ce qu'on attendait comme enfant (un bébé, un plus grand, une fratrie, un bébé français ou étranger, si on accepterait un enfant handicapé...).
Donc nous nous sommes rendus à la réunion, le jour dit, au lieu dit... On s'est retrouvés avec des tas de couples venus là pour la même chose que nous. Il y avait des intervenants de l'ASE, mais aussi des couples qui avaient adopté et qui parlaient de leurs expériences et ce n'est pas toujours aussi rose qu'on veut bien nous le dire, surtout quand les enfants sont plus grands.
Une maman qui avait adopté au Brésil un bébé, devenu un adolescent de 15 ans, disait les difficultés qu'elle rencontrait. Son fils lui demandait pourquoi elle l'avait "acheté" au lieu de donner l'argent à sa mère biologique pour l'élever, lui disait qu'elle et son mari s'étaient juste "fait plaisir" en achetant un enfant... Idem pour les parents d'une adolescente haïtienne. D'autres disaient que leurs enfants voulaient absolument connaître leurs parents biologiques et qu'ils le vivaient assez mal.
Bien sûr il y avait aussi du positif, mais essentiellement pour les couples qui avaient des enfants jeunes.
Un monsieur a expliqué que pendant la procédure d'agrément, son épouse avait dit au psy qu'elle avait perdu son papa à 9 ans et que le psy l'a littéralement harcelée avec ça et qu'elle l'avait très mal vécu.
Les personnes de l'ASE ont expliqué la procédure d'agrément et en quoi elle consistait.
Ensuite on s'est retrouvés autour d'un pot pour des questions et nous avons parlé avec une des personnes du service de l'ASE... Elle nous a dit qu'en tant que couple mixte (zom est français par sa mère et algérien par son père), ça serait moins facile... Mais elle n'a pas voulu dire pourquoi. Ensuite le fait qu'on était locataire en appartement, ça ne lui a pas plu (parce que pour l'épanouissement d'un enfant, une maison avec un jardin c'est mieux !) et nos revenus l'ont laissée dubitative (c'est tout ?).
Elle nous a fait comprendre que pour adopter en France, c'était pas gagné (on s'en fichait en fait) et que pour l'étranger, ce n'est pas avec nos revenus qu'on allait y arriver ! :?
Et pourquoi on n'avait pas d'enfant au fait ? Parce que j'avais été malade ? Une tumeur de l'hypophyse ? Ah mais oui mais c'est un gros problème ça madame ! Confier un enfant à une personne en mauvaise santé... Et puis vous n'êtes plus tout jeunes ! (on devait avoir 36 ans je crois, il me semble que c'était en 2000).
On est ressortis de là complètement abattus... Mais pas encore vaincus ! Et puis il a fallu faire les devoirs parce qu'après la réunion, il fallait que les couples souhaitant adopter envoient à l'ASE un résumé de ce qu'ils avaient retenu de la réunion. On l'a fait... Mais sans dire qu'on en avait pris plein la figure... On s'est dit que c'était normal, que confier un enfant dans le cadre d'une adoption c'était particulier, qu'il fallait que les couples soient suffisamment forts, parce qu'après l'adoption il faut gérer ! Alors autant voir si les gens sont réellement motivés.
On a continué à faire des recherches sur l'adoption à l'étranger, mais on ne répondait pas aux critères exigés par certains pays (comme tu le dis pour la Chine par exemple) ou bien c'était cher, bien trop cher pour nous...
Je n'étais déjà pas capable d'être une vraie femme qui pouvait porter la vie et voilà qu'en plus on me disait que je n'avais pas assez de fric ou que j'étais trop grosse ou que je n'avais pas de maison avec jardin et que ma santé était trop mauvaise et qu'on était vieux... Ben ça fait beaucoup ! :lol: :(
On a laissé passer un mois... puis deux... puis trois... Le dossier à envoyer était toujours dans le placard du salon, aux 3/4 remplis. On avait toutes les pièces demandées...
Alors on en a parlé avec zom. Il m'a dit qu'il ne se sentait pas le courage, après tout ce qu'on avait vécu en PMA, de repasser par encore des procédures, des déceptions, du temps qui file sans rien. Et puis son souci d'alcool s'était aggravé... (pendant plusieurs années il buvait mais ça restait "supportable").
Pour ma part, j'ai trouvé que pendant la PMA je m'étais suffisamment foutue à poil physiquement, je n'avais plus envie de le faire moralement, plus envie d'expliquer, de me justifier... Les espoirs et les déceptions j'en avais eu ma dose...
Alors le dossier est resté dans le placard (je me demande s'il n'y est pas toujours d'ailleurs !).
On n'était probablement pas assez motivés, je veux bien le reconnaître.
En fait je crois que notre envie, c'était un enfant biologique, pas un enfant à tout prix. Et ce n'est pas plus mal de l'avoir compris à temps. Si on n'a pas eu la force de faire toutes ces démarches, on n'aurait peut-être pas eu le profil de bons parents adoptifs.
Peut-être aussi qu'on a tellement souffert moralement et physiquement pendant la PMA que le deuil de l'enfant on l'a fait complètement (pour ma part je crois que c'est le cas).
Voilà notre petit parcours avorté... ;) Il n'est absolument pas représentatif mais je voulais montrer que c'est bien un parcours du combattant et qu'il faut être sérieusement motivé pour y arriver ! ;)