Bonjour a toutes...voici ce qu'il y avait dans "Le Monde" du 11/12/04...j'aimerais votre avis a tous...j'avoue que cela me touche bcp etant de l'Outre-mer et ayant vecu ses difficultés.
Merci
18px; line-height: normal">Les Français d'outre-mer se plaignent de discriminations en métropole
Confrontés au "racisme ordinaire", les "Domiens" se plaignent des difficultés rencontrées pour trouver un logement, un emploi ou - question sensible - acquitter le prix du billet d'avion pour se rendre au pays. Une marche de protestation est organisée samedi 11 décembre à Paris.
Un million de Français d'outre-mer vivent en métropole, dont quelque 600 000 dans la seule région Ile-de-France. Ils sont souvent policiers, postiers, infirmiers, agents de service. Par commodité, on les appelle les "Domiens". Leurs parents, leurs amis, restés dans les DOM, les départements d'outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion), sont à peine deux fois plus nombreux. C'est dire l'importance de cette communauté, traditionnellement discrète mais qui s'estime victime de discriminations en métropole.
A l'appel du collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais, une marche est organisée, samedi 11 décembre, à Paris pour dénoncer cet état de fait. Les syndicats CGT, FO, CFTC et SUD s'y associent, ainsi que plusieurs personnalités politiques, parmi lesquelles l'un des vice-présidents de l'Assemblée nationale, Eric Raoult (UMP, Seine-Saint-Denis), Victorin Lurel, député (PS) et président du conseil régional de la Guadeloupe, ou encore Christiane Taubira, députée (PRG) de Guyane.
Les ancêtres de ces "Domiens", victimes de la colonisation et de l'esclavage, ont été français avant les Savoyards ou les Niçois, et bien avant qu'une bonne partie de l'Afrique noire, l'Indochine ou l'Algérie deviennent "françaises". Français donc comme ces quelques grandes figures de l'outre-mer : Victor Schœlcher, qui abolit l'esclavage ; le gouverneur Félix Eboué, rallié dès 1940 à la France libre, le poète Aimé Césaire ou la championne d'athlétisme Marie-José Pérec.
Français mais venus d'outre-mer, et donc souvent noirs ou mulâtres. Cela suffit à tout changer dans leur vie quotidienne. "Pour eux, Noirs propulsés dans une société de Blancs, les difficultés de la vie sont surajoutées", résume Marie-Christine Magnaval, sociologue et auteur de Postiers déracinés (éd. L'Harmattan, 2004).
Afin de protester contre ces discriminations, le collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais, qui revendique 10 000 membres, a été créé en 2003. Fondé par un ancien chef d'entreprise guadeloupéen, Patrick Karam, il s'ajoute aux "associations accras-boudins-zouk" qui s'efforcent de souder les communautés d'expatriés, en faisant revivre les ambiances de là-bas.
TARIFS DES BILLETS D'AVIONS
Le collectif a tout d'abord bâti son "fonds de commerce" sur une question très sensible : le prix du billet d'avion entre Paris et les DOM. En période de pointe, celui-ci peut être de deux fois supérieur au prix d'un forfait touristique d'une semaine, comprenant à la fois le vol aller-retour et l'hébergement dans un hôtel.
Ces tarifs élevés (de l'ordre de 1 200 euros) valent aussi pour des organismes tels que l'APHP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) ou des entreprises comme La Poste, qui achètent pourtant en gros des billets pour leurs salariés "domiens" lorsque ceux-ci ont droit, une fois tous les trois ans, aux congés bonifiés. Mère d'une famille nombreuse à Alfortville (Val-de-Marne), Mona Eraville confie qu'elle est obligée d'emprunter lorsqu'elle souhaite retourner en Guadeloupe. "En janvier, je vais aller fêter les 100 ans de ma grand-mère, mais j'irai seule", dit-elle.
Pour alléger le coût de ces trajets, l'Etat a institué, cette année, une dotation de continuité territoriale de 30 millions d'euros, qui vient s'ajouter à la création, dès 2002, d'un "passeport-mobilité" (un voyage gratuit par an) à destination des jeunes. Cela devrait permettre, en année pleine, de réduire de 30 % le prix du billet d'avion pour 200 000 passagers.
Mais pour les "Domiens" le compte n'y est toujours pas : 11 euros en moyenne, par habitant et par an, outre-mer ; plus de 600 euros pour les Corses, au titre d'un dispositif qui, il est vrai, n'a cessé de s'améliorer depuis sa création, en 1976. Appuyés par de nombreux députés de tout bord, ils réclament l'instauration d'un prix plafond de 600 euros pour les Antilles et la Guyane et de 700 euros pour la Réunion.
A cette question très spécifique du transport aérien s'ajoute désormais la lutte contre toutes les formes de discrimination qui relèvent du "racisme ordinaire" qui frappe les Français d'origine étrangère. Elles ont trait à l'accès au logement, à l'emploi, à la promotion sociale. Elles se traduisent par des insultes racistes, parfois tolérées, y compris aux guichets de certains organismes publics, voire par des violences policières.
Lors des dernières élections cantonales et régionales, le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais avait même relevé la sous-représentation des Français d'outre-mer dans les investitures accordées par les partis politiques, de droite ou de gauche. Il s'en était pris notamment à Jean-Paul Huchon, tête de liste du PS en Ile-de-France. "Nous sommes contre les quotas. Nous ne voulons pas d'une discrimination positive. Nous sommes français, un point, c'est tout, estime M. Karam. Mais nous n'acceptons pas davantage une discrimination dans la discrimination."
Jean-Louis Saux