Si cela peut t'éclairer, en matière d'analyse le sentiment premier est toujours la colère, souvent suivi de la douleur, puis de la peur.
Il est possible qu'en avançant un peu tu te rendes compte que ta colère cache en fait une immense détresse... tellement immense, qu'elle est terrifiante.
Tous ses sentiments contenus, enfouis, rejeté car culpabilisant ou ingérables, peuvent surgir de façon effrayante, énorme et disproportionnés.
C'est normal.
Et tu as tous à fait le droit de les ressentir.
C'est normal aussi que ça te fasse peur, parce qu'il y a beaucoup de tabou autour des sentiments violents, et des liens parentaux. Parce qu'on vit dans une société où l'on apprend qu'il est bon de tout contrôler.
Mais tes sentiments authentiques sont toujours légitimes.
Ils reprendrons petit à petit une place proportionnée aux événements quand ils auront pu s'exprimer.
Je crois qu'il est important de faire la différence entre toi adulte maintenant, et toi quand tu étais une petite fille. La petite fille existe encore à l'intérieur de toi, et tu peux apprendre à la soigner, la rassurer, la nourrir, défaire les blessure, lui donner le droit d'exister pour être mieux maintenant. C'est probablement là, dans l'enfant, que se situe ta colère, ce qui explique aussi qu'elle soit incontrôlable.
Lorsque tes sentiments te débordes, tu peux faire une pose, et décider que pour un moment, c'est juste maintenant qui compte, et te faire du bien à toi maintenant, en tant qu'adulte, etc.
Tu peux aussi te rassurer en te disant que ces images terribles influencent également ton modèle parentale, et qu'en te faisant du bien, tu vas aussi soigner ta vie de famille de maintenant. Ton comportement en tant qu'épouse ou maman vont peut être s'équilibrer autrement, plus sereinement. C'est aussi pour cela que ça vaut le coup de faire tous ces efforts.
C'est dur à avaler mais accepter ta haine et tes sentiments négatifs, c'est sans doute une étape pour les voir disparaître : si tu ne les exprimes pas ou que tu les refoule, ils risquent très naturellement de se retourner contre toi (somatisation).
Je crois que pour avancer, il y faut faire le deuil de sa petite enfance : on aura jamais une enfance de rêve, une enfance idéale, on a été malheureux, et on ne peut pas refaire ce qui est passé. Et surtout, on ne peut pas changer ses parents. Tu n'as pas le pouvoir de changer ta mère, ni avant, ni maintenant.
Je vois bien que tu es tentée, mais je crois qu'une confrontation hâtive ne peut que te décevoir ou te culpabiliser.
Par contre, tu sembles bien avancer avec ton thérapeute. ne penses-tu pas qu'il t'aidera sans doute à aller plus loin et à te préparer ?
Est-ce que ça ne sera pas plus simple de parler de tout ça quand le feu aura un peu retomber ?
Si tu ne supporte pas tes emotions, tu peux essayer plusieurs choses :
dans une pièce deux chaise, tu te poses sur l'une, et tu imagines que ta mère et en face de toi. Tu dialogues avec cette chaise et lui dit tout ce que tu penses. Tu peux faire les réponses aussi : tu ne seras pas ta mère, mais tu sera ce que tu imagines d'elle. Cela peut te permettre aussi de relativiser ta mère "le personnage magique et intouchable qu'on se fabrique enfant" et ta mère en réalité. (si ton thérapeute accepte ce genre de pratique, c'est bien de ne pas être seul)
Faire un sac de vieux linge dont tu décides que c'est la personne qui t'a blessée. Tu peux tout faire à se sac. L'insulter le cogner le griffer, le jeter par terre le piétiner. laisser ton enfant se défouler un peu : il a le droit d'être en colère : un enfant ça se protège, ça se cajole. Il a le droit de ne pas accepter qu'on l'ai rendu malheureux, etc.
( puis ça reste entre toi et toi :))