Tatieva est née en 1965 et vit à Annecy (Haute-Savoie) avec Tsarine et « le Couillu », ses deux chats. Elle aime les escargots, les poupées et le silence…
Je suis née dedans… Petite fille solitaire, je rêvais et je dessinais… J’ai toujours aimé le dessin, la peinture, l’écriture. Ces trois arts m’accompagnent depuis toujours. Je considère mon parcours comme étant atypique : je suis totalement autodidacte…
J’ai toujours voulu être artiste, mais on m’a plutôt encouragée dans une voie plus raisonnable, plus acceptable, plus rassurante, mais qui ne me convenait pas du tout. De toute façon je ne suis pas quelqu’un de rassurant, bien que doutant moi-même de tout, tout le temps… J’ai effectivement besoin d’être rassurée.
Aujourd’hui, ma famille est fière, ils m’encouragent, me poussent… parce que je me suis affirmée comme artiste : Je ne pouvais pas changer d’avis … La somme de travail que j’ai fourni additionnée aux premiers résultats positifs, cela a changé leurs regards.
Décalée. Globalement, je fonctionne à contre courant. Je suis toujours là où on ne m’attend pas. Je fais des choses étranges. Je me sens double, voire multiple. Je suis très manichéenne. Toujours à la recherche de mon équilibre. Ma vie socio-professionnelle est complètement chaotique. Dans ma jeunesse, j’étais anar, punk (mais toute seule, et c’est sûrement ça qui m’a sauvée)…
Je suis très petite (1m 49)… Enfant, j’étais le bouc émissaire. J’étais vraiment différente, j’avais peu d’amies, mais celles que j’avais, je les ai conservées à l’âge adulte. Quand j’étais en société, j’étais la petite rigolote, le verbe cru, on m’a souvent comparé à la Goulue… Toujours replète, et menue en même temps…
Suite à une rupture, j’ai subi une perte de poids vertigineuse, et quand la vie est revenue, les kilos aussi (avec quelques uns en bonus)… J’ai toujours fait le yoyo : J’étais fumeuse, puis j’ai arrêté, puis de l’hyper-thyroïdie (je suis devenue très mince) puis de l’hypo-thyroïdie (je suis devenue ronde)… Je n’ai jamais fait de régime.
Pour moi, « régime » = « totalitarisme »… C’est pas ça, la vie, ce n’est pas se restreindre à tout bout de champs, c’est profiter, la vie, c’est le plein, c’est pas le vide. La vie est fluctuante, donc il me semble normal que le corps fasse de même…
Je n’ai jamais aimé le regard des autres, et encore moins le mien : Il n’y a pas pire juge que soit-même. Je ne m’aimais pas.
En même temps, ce regard des autres, je le recherche maintenant, d’une certaine manière : Quand je porte des décolletés, je dévie le regard de certaines de mes formes, vers d’autres formes qui me conviennent mieux.
VLR m’aide à porter un regard bienveillant sur moi, je ne suis plus dans le jugement, mais dans l’accueil de ce que je suis, j’apprends à être bienveillante avec moi, du coup je me sens plus jolie, et prête à jouer à nouveau avec mon corps, qui me semblait hors d’état de marche depuis ma rupture.
Je suis arrivée sur VLR par la section Rondouill’art du Mag, il y 2 ans environ…
J’y ai fait de très belles découvertes artistiques. mais je n’allais pas sur le forum… Et puis un jour, je me suis détestée à un point… et j’avais besoin d’aide… Dans un profond mépris, j’avais besoin de parler… la rubrique « Rondeurs et acceptation de soi » est celle dans laquelle je me retrouve le mieux, qui change mon regard sur moi, positivement, avec bienveillance.
Désastreux ! Sucre, sucre et sucre… Du lait et du sucre. Pourquoi le sucre ? Manque de douceur, besoin de se cajoler, de se rassurer, jusqu’à écœurement. Ça me calme, ça m’apaise. Mon besoin de sucre se retrouve dans mon choix des couleurs, dans mon travail de peinture. Chaud, doux et maternel : le sucre.
C’est une histoire sensuelle, de sens (les sens), en dehors du motif (nu féminin) lui même sensuel… Une histoire de toucher de la toile. C’est extraordinaire… Quand je vais dans la boutique, je caresse longuement les toiles jusqu’à ce qu’il y en ait une qui me parle, je sens comme un grain de peau… Quand tu enlèves le cellophane de la toile, une odeur s’en dégage, et c’est encore un autre plaisir… Il y a des toiles sur lesquelles je serais incapable de faire quoi que ce soit… Certains grains de toile me rebutent, de même qu’avec les gens, certains grains de peau… Il faut une affinité, c’est un langage entre la toile et moi.
La peinture est un langage et moi qui ai du mal à m’exprimer verbalement, je le fais par la peinture.
Plus qu’artiste peintre, je me sens « coloriste ». la couleur est une vibration qui me parle, me touche, m’émeut… On est encore dans le sensitif… Et en cours de travail, je caresse ma toile, les couleurs posées, j’ai toujours ma main sur la toile. A un moment, dans ma couleur, je suis « juste », j’ai la couleur juste, telle qu’elle doit être. Comme accordée. Ensuite, je termine toujours par les lèvres, rouges… 8, 10, 12, 15 couches, pour obtenir le rouge parfait, qui donne envie de croquer dedans, le rouge de la vie… Et là, l’accord est presque parfait, parce qu’une fois la toile finie, il faut la faire chanter… C’est là qu’on met les clés, comme une guitare dont on serrerait les cordes, on resserre les clés qu’on a mis derrière le châssis, et on distend la toile, jusqu’à ce qu’elle résonne comme un tambour : Elle vibre.
Tout est histoire de vibration : Peau, couleur, son, et ma vibration intérieure.
Le sujet féminin est moins académique que le masculin… Il y a plus de liberté en ce qui concerne la représentation de la femme. Ces femmes sont comme mes « filles », parfois je me fais un peu l’effet d’une mère maquerelle (rires)… Je me sens protectrice envers elles, de même que quand je vends une toile, je peux refuser de la vendre si je sens qu’elle sera malheureuse chez cet acquéreur… J’ai besoin que mes « filles » se sentent bien là où elles vont être… D’ailleurs je reste en contact avec les gens à qui je vends des toiles. J’ai besoin qu’un lien se créé, je ne peux pas les lâcher comme ça… Je suis très maternelle, ça m’émeut.
Si j’avais eu des enfants, j’aurais sans doute eu un rapport un peu différent à la création, mais je les aurais sans doute mêlés à mon art…
Mais parce qu’elles sont mortes ! Il y a quelques chose de complètement absent, manque la vie, une présence…
Au fil du temps, tes femmes deviennent de plus en plus rondes :
Je commence à mieux accepter mes propres rondeurs, et j’aime de toute façon le plein, le délié, le rond, le tendre… C’est chaud, doux, enveloppant… des monts et des vallées des creux, des pleins… c’est beau.
Ça me choque, qu’on oppose la rondeur à la maigreur.. On peut cohabiter. Chaque physique peut être à sa juste place, sans forcement déranger l’autre, et en l’acceptant dans sa différence. Ça a toujours été très important pour moi… Comme je me suis toujours sentie différente… On peut toujours s’enrichir de la différence de l’autre. C’est fondamental.
C’est une autre part de ma créativité, très ludique… Cela s’apparente à une après-midi avec des enfants, collage, déchirage, découpage, peinturlurage… J’adore le recyclage depuis toute petite, les cailloux, des bouts de dentelle, des étiquettes déchirées, j’en avait plein mes poches… Rien ne se perd. On transforme un petit rien en quelque chose de beau, c’est magique et très ludique. On peut se réapproprier des parts de son passé, c’est un peu comme une chronologie qu’on reconstruit, j’y ai trouvé ma place…
Tatieva vient de sortir un livre sur le scrapbooking, « le scrap’ de lulu T. » aux éditions Tutti frutti
Sortie le 7 décembre 2006 dans toutes les librairies, également possibilité de le commander ICI
Et retrouvez son travail de peintre sur Les Callypiges de Tatieva
Tatieva a fait l’objet de plusieurs articles dans divers journaux :
– Tatieva, artiste coloriste et chercheuse d’idées (L’essentiel)
– Des peintures coquines à croquer (Dauphiné Liberé)
– Tatieva, mi-ange, mi-démon (Actives) 1 & 2
Tatieva est toujours à la recherche de modèles (j’ai moi-même eu le privilège de poser pour elle) qui accepteraient de se déplacer sur Annecy en échange de croquis.
N’hésitez pas à la contacter en mp…
3 commentaires
J’aimerais moi aussi devenir artiste peintre mais je ne sais pa quel orientation choisir … peux-tu m’aider ?
Ravie de retrouver la jolie Tatieva et ses callypiges ici sur ce site. Je suis l’heureuse détentrice de cet album, et la générosité de cette artiste se retrouve dans chacune de ses peintures et de ses femmes.
Une immense gentillesse du haut de son petit mètre cinquante.
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