Voici mon point de vue personnel (de personne handicapée, bientôt à la recherche d'un emploi, et donc bientôt concernée par la discrimination positive)
Attention, mon post peut choquer.
Moi déjà je serais plutôt pour qu'on remplace le terme "discrimination positive" par "action positive" comme on le fait dans le droit anglo saxon. Ca ferait moins péjoratif.
Il y a quelque chose que beaucoup semblent oublier: que l'action positive n'est pas là pour emm***** les braves citoyens blancs minces non handicapés de sexe masculin, elles sont là pour corriger des inégalités créées par les employeurs et par la société en général. Bien sûr, j'aimerais bien qu'elles n'existent plus, mais ça c'est dans un monde idéal. En attendant, moi j'aimerais bien vivre d'autre chose que d'allocations. Ben oui sinon on va encore me dire que je coûte cher à la sécu :mrgreen:
Quant à l'argument selon lequel, c'est difficile à vivre si les collègues ne vous considèrent pas bien parce que vous avez été embauchée selon des quotas... oui c'est vrai que c'est pas facile à vivre. Mais le problème c'est que de tels arguments, j'en entends depuis l'école primaire. Ma mère en entendait déjà des belles "ta fille a eu de beaux points parce que le prof a eu pitié d'elle". Peu importe si je bossais dur et si j'étudiais bien, NON c'était TOUJOURS parce que le professeur a eu pitié de moi. Au lycée, on m'a jetée des cailloux parce que "je n'ai pas voulu donner les questions de la future interro d'anglais que la prof m'a donnée". Ah et depuis quand elle me donnait les réponses des interros? "on sait bien que t'es sa chouchoute, tu réussis juste parce que les gens ont pitié de toi, alors que tu n'es RIEN".
Ce jour là, j'avais effectivement parlé à ma prof d'anglais après le cours... pour demander LA DATE de l'interro en question, parce que j'étais absente au cours précédent.
Et à la fac, il y a eu évidemment toutes sortes de ragots infondés.
Donc vous savez quoi? Que je sois embauchée sur base de mes compétences ou de quotas (d'ailleurs faut pas prendre les employeurs pour des kamikazes, ils ne vont pas non plus embaucher le premier handicapé qui passe, s'il ne connait rien de son boulot), finalement, pour moi ça ne change absolument RIEN. Parce que, peu importe la raison pour laquelle je suis embauchée, les gens me feront toujours des coups bas dans le dos. La jalousie et l'envie font partie de la nature humaine, et les gens ont encore du mal à voir les personnes handicapées hors de chez elles et surtout, dans une situation confortable de travail. Mes 6 ans d'université, mon travail accompli, ... les gens s'en tapent, je serai toujours, pour eux quelqu'un arrivée "illégitimement" à la place de quelqu'un d'autre.
Bien évidemment, je préférerais arriver à une bonne place, sans avoir à passer par la case quota. Mais ma patience a des limites, et je ne suis pas une superwoman qui préfère rester au chômage et garder "sa fierté" plutôt que d'avoir un job pour lequel elle n'aurait peut être pas été embauchée si elle n'était pas handicapée. Hé oui, je ne m'appelle pas Mère Courage kamikaze, et si j'obtiens un job par ce biais, hé bien je n'aurai AUCUN SCRUPULE à l'accepter!
Après tout, si on a tellement hurlé à la discrimination positive me concernant, alors que ce n'était pas le cas... autant profiter un petit peu. Après des années de combat pour être considérée comme quelqu'un qui a sa place dans la société et avoir payé de ma personne, j'estime que c'est aussi mon droit de ne pas toujours à avoir à choisir le chemin le plus compliqué. Hé oui, je pense qu'il s'agirait d'une "juste indemnité" pour les efforts que j'ai du réaliser dans le passé pour atteindre "la normalité".