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Touche pas à mon prépuce !!!
PAR MARTIN WINCKLER
Beaucoup de jeunes mamans sont très inquiètes parce qu’on (leur mère, leur belle-mère, leur médecin) leur dit qu’il faut « nettoyer » le gland (l’extrêmité) du sexe de leur petit garçon, et que pour le faire, il faut le décalotter, c’est à dire remonter le prépuce (la peau qui recouvre le gland) comme un col roulé. Or, il n’en est rien. Cette pratique n’a que des inconvénients et aucun avantage.
Pour la feuille de l’association « L’Arbre à bébés », j’ai répondu à quelques questions sur ce sujet pénien épineux.
1/Comment vous situez-vous par rapport à la pratique du décalottage, en tant que médecin et parent ? Le faites-vous sur vos petits patients et l’avez-vous fait ou fait faire sur vos enfants ?
Je n’ai jamais décalotté le prépuce d’un petit garçon, ni celui d’un de mes patients, ni celui de mes cinq garçons. (Et je pense que si je leur demandais ce qu’ils en pensent, ils me regarderaient de travers, en se disant que j’ai de drôles d’idées...)
J’ai eu très tôt (au début des années 80, quand je me suis installé, et en lisant en particulier le pédiatre Aldo Naouri), la notion que cette pratique était non seulement inutile, mais agressive pour tout le monde, à commencer par les premiers intéressés, mais aussi les mères. C’est agressif parce que, dès qu’on touche au pénis des petits garçons, on provoque une érection, bien entendu.
Or, toutes les mères ne sont pas à l’aise avec ça... Et on les comprend. Et si les petits garçons rigolent parfois qu’on leur chatouille le pénis quand ils sont nourrissons, très vite, ils préfèrent qu’on laisse cette zone-là tranquille (comme les filles...) pour s’en occuper tout seul.
2/Que pensez-vous des arguments habituellement utilisés par les tenants du décalottage (adhérences, possible phimosis) ?
Le phimosis, c’est le fait que l’orifice du prépuce est trop serré pour permettre au gland de sortir quand le garçon est en érection. Donc, ça ne peut gêner les garçons qu’à l’âge où ils sont susceptibles d’avoir des rapports sexuels.
Or, la plupart des études qui ont été faites sur le sujet montrent que le décalottage n’a aucune fonction, ni hygiénique, ni pour empêcher le phimosis, qui est un phénomène spontanément rare. On disait dans le temps que c’était pour lutter contre les adhérences, pour « nettoyer » ce qu’il y avait dessous.
Les sécrétions préputiales sont aussi normales que les sécrétions vulvaires chez la petite fille, et on n’a jamais prôné le « nettoyage » des vulves de petite fille au coton-tige - mais j’ai vu des mères essayer de passer un coton-tige sous le prépuce de leur fils parce qu’un médecin leur avait dit de le faire !
Le prépuce est « auto-nettoyant ». L’orifice du prépuce est serré à la naissance pour justement éviter que des poussières s’introduisent dedans. Le décalotter (donc, le dilater de force), c’est anti-naturel. Et ça fait mal. Et ça peut entraîner des déchirures et un para-phimosis qui, lui, est une urgence.
Le para-phimosis (provoqué) est beaucoup plus fréquent que le phimosis. Je vous décris le tableau : une maman a voulu décalotter un petit garçon (en général dans son bain). Le tripotage a entraîné une érection après le décalottage. Du coup, le prépuce en « col roulé » serre le gland, qui gonfle et devient violet. Le gamin hurle. Comme il est dans un bain tiède, ça s’aggrave...
Bref, on appelle le médecin, et là, de deux choses l’une. Ou bien il panique et envoie le gamin à l’hôpital, ou bien il connaît le problème et le résout très simplement : il ne faut pas tirer sur le prépuce pour le recalotter (ça ne marche pas), il faut d’abord vider la baignoire, ensuite lui verser de l’eau un peu plus froide (pas glacée) sur le pénis, en comprimant tout doucement le gland gonflé. Le froid dégonfle la verge, et le gland rentre tout seul dans le prépuce...
J’ai vu une douzaine de situations comme ça au début de ma carrière. C’était toujours chez des garçons dont les mères avaient une conception un peu obsessionnelle de la « propreté », ou qui avaient été consciencieusement culpabilisées par une (belle-)mère ou un médecin très interventionniste, et qui décalottaient leur petit garçon trois fois par semaine, à tel point que le gamin voyait avec une certaine angoisse sa mère s’approcher de lui et lui baisser son pantalon.
Evidemment, plus elle y touchait, plus il était irrité, et plus il avait mal et plus le décalottage était un supplice, jusqu’au jour où il faisait un paraphimosis carabiné et où elle m’appelait au secours. Bref, c’était un cercle vicieux...
Très rapidement, j’ai fait passer aux jeunes mamans le message qu’il ne fallait pas toucher au prépuce. Au fil des années, j’ai vu de moins en moins de paraphimosis, de plus en plus de petits garçons joyeux qui se tiraient tout seul sur le zizi en rigolant, et de plus en plus de mères ravies de ne pas avoir à s’occuper de ça à leur place.
Je n’ai fait opérer aucun petit garçon pendant ma carrière de généraliste de campagne, et j’ai d’ailleurs vu très peu de garçons se faire opérer, car dans mon canton, aucun médecin n’était « fan » du décalottage...
3/A partir de quel âge faut-il s’inquiéter et envisager une opération chez un petit garçon dont le pénis ne se décalotte pas ?
C’est simple : il ne faut jamais s’inquiéter, car il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Le décalottage est une pratique culturelle en France, pas du tout dans d’autres pays. Pourtant, il n’y a pas plus de phimosis ailleurs qu’en France. Ca veut bien dire que décalotter le prépuce ne sert à rien.
Tous les parents qui ont eu des petits garçons peuvent témoigner que tripotage et masturbation sont très fréquents chez les tout petits (et parfois jusqu’à huit-dix ans), mais ne provoquent pour autant aucun problème. Le prépuce du nourrisson n’est pas fait pour être décalotté par quelqu’un d’autre que par son utilisateur : il sert de fourreau au gland, qu’il protège. Il s’allonge et s’assouplit au fil du temps, à mesure que l’enfant grandit... et dilate l’orifice du prépuce lui-même en se masturbant.
Avec la croissance, le prépuce s’allonge en même temps que le pénis, ce qui permet des érections sans souci. A la puberté, dans l’immense majorité des cas, les garçons se sont déjà décalottés et ont assoupli l’orifice préputial tout seuls et ils n’ont pas de phimosis... Ils ne connaissent même pas le mot !
Lorsque les garçons ont des problèmes, c’est à la puberté, pas avant. (Ou alors, le problème est un paraphimosis, parce qu’on les décalotte sans arrêt... - voir plus haut). J’ai dû faire circoncire, dans toute ma carrière de généraliste (douze années à la campagne), un seul homme, âgé de...22 ans, qui avait un phimosis... parce qu’il avait eu un décalottage trop brutal tout petit et en avait gardé un prépuce cicatriciel, et donc serré.
Ça a commencé à le gêner à la puberté, mais pas avant. De fait, c’est le décalottage répété, en provoquant des inflammations qui est la cause de son phimosis ! ! ! - la déchirure répétée du prépuce à un âge où le garçon n’avait rien demandé a provoqué des cicatrices, qui ont resserré l’orifice...
4/Que conseillez-vous à une mère qui ne sait pas comment se positionne son pédiatre ? Ou alors si le médecin est pour ? (ou l’art de ne pas se laisser culpabiliser...)
Quand un problème est purement affaire d’opinion et non de prévention ou de santé (et, encore une fois, rien ne montre que le décalottage a le moindre intérêt, mais ses inconvénients sont manifestes), peu importe la « position » du médecin.
Les médecins ne sont pas là pour dicter leurs opinions aux mères et il n’y a certainement pas de quoi « culpabiliser » les femmes qui décident de ne pas tripoter le pénis de leur nourrisson (pour ma part, je les trouve plutôt saines...).
Est-ce qu’une mère ferait circoncire son fils pour « faire plaisir » à un médecin qui prône la circoncision « hygiénique » ? Non, bien sûr.
Il en va de même pour le décalottage. Si un médecin vous en parle, répondez-lui que vous laissez à votre enfant le soin de régler ce problème-là, et surtout ne laissez pas le médecin vous faire une démonstration ! Il n’est pas justifié de décalotter un nourrisson ou un petit garçon qui n’a rien, pas plus que de faire un examen vaginal à une petite fille qui va bien ! ! !
Le seul moment où un médecin est en droit de toucher (doucement) au pénis d’un petit garçon, c’est si le pénis en question présente une anomalie visible.
Si ce n’est pas le cas, bas les pattes ! ! !
Martin W.
[ source :
http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=697 ]