Je fais partie des "résignées". :)
Dans mon "malheur", j'ai eu, par rapport à toi, la "chance" de ne jamais être enceinte malgré tous les traitements. Donc pas de fausse couche, ni de perte de bébé. Et je me rends bien compte que paradoxalement c'est une chance, car je sais tous les espoirs que l'on met dans les traitements, je sais la douleur quand ça ne marche pas, mais je ne connais pas cette atroce douleur de perdre cette vie qui naissait.
Te résigner ? Non, ce n'est pas de la résignation, c'est un sursaut de vie. Pendant ces traitements, on vit à moitié, on compense, on espère et on souffre quand ça ne marche pas. J'avais le sentiment d'avoir mal, physiquement et moralement, tout le temps. Pendant des années... Personne ne peut vivre la souffrance en permanence et tu as eu plus que ta part.
Tu as le droit de dire « j’en ai marre d’avoir mal, marre d’exposer mon corps et mon âme, marre de ces espoirs perdus, marre de souffrir, marre de vivre entre parenthèses pour quelque chose qui ne viendra peut être jamais ». Tu as le droit de reprendre ta vie en main, de vivre autre chose, de vivre autrement.
Avoir un enfant est merveilleux bien sûr et c’est dans le prolongement naturel de l’histoire de plein de couples.
Mais on peut vivre sans enfant, on peut vivre autrement et bien.
D’abord, si tu le souhaites, il y a d’autres alternatives comme l’adoption (mais pour le moment ça doit être un peu tôt pour en parler). Pour ma part j’ai fait le choix de ne pas adopter. Et je vis bien. Depuis que j’ai renoncé à cette aventure, depuis que j’ai compris que ma vie valait quand même le coup, même sans enfant, j’ai construit d’autres choses.
Je ne regrette pas mon choix, je suis allée au bout de ce que je pouvais supporter, au péril de ma vie (car si je n’ai jamais été enceinte, j’ai fait de graves complications et j’ai failli y rester). J’ai compris que j’avais couru après un beau rêve et que même si ce rêve n’était pas pour moi, ça ne m’empêchait pas d’être une vraie personne, une vraie femme. Et j’ai compris que ma vie valait le coup d’être vécue autrement certes, mais bien ! Je me souviens encore de ce que j’ai éprouvé quand j’ai réalisé qu’enfin tout cela était fini, quand j’ai compris que j’allais reprendre le contrôle de ma vie, sans avoir à supporter en serrant les dents. Quand j’ai compris que cette souffrance que je m’imposais était terminée. Quelle délivrance !
Mais si j’en suis arrivée là, c’est que j’avais fait le deuil de l’enfant que je n’aurais jamais et je ne sais pas où tu en es toi de ce parcours.
Si tu penses qu’il faut retenter, fais le. C’est important de ne jamais regretter, de ne jamais se dire « mais j’aurais du le faire ». Si tu dois faire cesser ce beau rêve, il faut que tu le fasses en te disant que maintenant ta vie va être différente, que tes priorités vont changer, que tu vas retrouver ton couple (même si ça n’est pas toujours facile…) et ta vie. Tu ne peux le faire que si tu renonces non seulement à avoir un bébé, mais aussi à l’espoir d’en avoir un. C’est difficile, mais quand on est prête, on le ressent, l’espoir se transforme en contrainte, la docilité en révolte et la vie mise entre parenthèse revient au premier plan.
Je te souhaite plein de courage et sache que la décision te revient, qu’il n’y a pas de honte à dire qu’on en a assez d’espérer en vain et d’avoir mal et que tu es une femme à part entière, quoique tu décides.:kiss: