Bonjour,
Je sais que je réussirai à m'en sortir avec un autre thérapeute, j'ai déjà harcelé ce matin tous ceux que j'ai pu joindre pour avoir un rendez-vous rapidement. C'est juste que j'attendais avec impatience de reprendre ma thérapie avec lui, après 16 mois de stand by, parce que j'en avais vraiment besoin... C'est très égoïste de ma part, bien sûr, mais je ne vais pas me flageller non plus, ce n'est pas le moment ;) . Je sais aussi qu'il ne m'a pas abandonnée, je n'ai jamais fait de transfert avec lui; il a toujours été si neutre, si "transparent", c'est comme s'il n'existait pas en tant que personne (je ne sais pas comment l'expliquer...) et que tout d'un coup, à cause de sa mort, il devenait quelqu'un. Et ça me choque et me blesse.
Je sais aussi que j'ai eu une grande chance de l'avoir eu comme médecin, je mesure d'ailleurs toutes les chances que j'ai eu dans la vie: dépressive oui, pessimiste, non!
C'est tout frais tout ça, il faut que je fasse le deuil de cette thérapie et aussi le deuil de cette personne. Je sais que ça finira par passer, comme toujours, il faut du temps, c'est tout. Et puis pas mal de courage et d'énergie pour en retrouver un autre avec qui ça colle. Mais ça devra aller, je vais faire en sorte que ça aille, de toute façon.
Ce qui me perturbe aussi sûrement, c'est que c'est le 1er deuil que j'affronte depuis ma "renaissance"... et que je me retrouve seule pour l'affronter :? . Ma 1ère réaction quand j'ai appris la nouvelle a été: "faut que je prenne vite rendez-vous avec A. pour lui en parler...". Mais voilà, il n'est plus là pour m'aider à passer ce cap, bien sûr. C'est une planche de salut qui s'en est allée. D'autres arriveront, tôt ou tard, suffit de les chercher quoi. Mais j'avoue être épuisée et que je me passerais bien de ce type d'épreuve, de cette fatigue supplémentaire.
Encore une fois, je suis consciente que c'est très égoïste comme raisonnement, mais là j'ai pas la force d'être autrement. Il m'a appris à accepter mes émotions, positives ou négatives, ben je lui fais honneur en quelque sorte: pour le coup, je n'ai envie de penser qu'à moi et pleurer un peu sur mon sort, ça ne m'est pas arrivé depuis longtemps. N'étant pas complètement inhumaine, bien sûr que je trouve horrible qu'il soit mort à 54 ans, et je n'ose pas penser à ses proches, je les plains sincèrement. Mais d'une, je n'ai pas envie de l'humaniser d'avantage dans mon esprit, j'aime autant qu'il reste un thérapeute dans ma tête, et de deux, je sais que l'hyper-empathie dont j'ai été douée pendant 30 ans n'est pas forcément ma meilleure alliée. Je mesure donc bénéfices et risques, et j'avance, et j'avancerai au jour le jour, du mieux que je pourrai.
Merci en tout cas de votre attention à toutes les 2; je n'ai pas l'habitude de poster pour parler de moi et de mes problèmes, mais là, comme je suis seule pour encaisser tout ça, je me sers du forum pour exorciser un peu tout ça...