Si vous avez le temps voici un autre texte du même auteur (moi ils m'ont scotchés ces textes) :
J’étais là, assis...
vendredi 3 juin 2005, par Tariq
J’étais là, assis dans un coin de ta vie, à observer tes allées et venues, tes chutes douloureuses, tes bonds de joie et d’espérance. J’étais là, assis dans un coin de ta vie, à t’observer vivre comme un petit enfant, pleurer comme un adulte, souffrir comme un être humain...
J’ai vu ta solitude, j’aurais voulu être ton frère. J’aurais voulu tout savoir de toi, te comprendre, t’accompagner, t’écouter, te parler... J’aurais voulu te sentir, te ressentir, te pressentir. J’étais assis dans un coin de ta vie, triste de ta tristesse, impuissant... fort de mon amour. J’aurais voulu être ton frère, j’ai vu ta solitude.
J’étais assis et j’ai vu tes prières, je les ai entendues sans les avoir toujours comprises. Tu ne parlais de toi que par les autres : tu priais les pauvres, les opprimés, les délaissés. Tu les priais autant que tu priais pour eux. J’étais assis dans un coin de ta vie, j’ai vu ta solitude... j’aurais voulu être ton frère.
Un étranger... qui n’aime point ce que les gens aiment et que les hommes finissent par aimer. C’était cet enseignement, bien sûr, et nous t’aimions tellement, et nous étions tant et tant... et ta solitude. J’ai prié pour comprendre, pleuré de ne rien entendre. J’observais tes allées et venues, assis dans un coin de ta vie.
Un passant. Tu as été un passant, un frère, un ami. Je n’ai rien su de tes douleurs, rien de tes joies, rien de tes blessures. Rien de toi. J’étais assis dans un coin de ta vie, j’aurais voulu être ton frère et j’ai rencontré ta solitude... L’histoire m’est revenue de cet ermite qui savait et ne disait rien. Ce compagnon de Moïse qui refusait les questions. Il lui a appris la patience et l’humilité, la question sans la réponse, le couple et la solitude, le doute et la certitude, l’amour et le détachement...
J’étais assis dans un coin de ta vie, je t’observais. J’avais mille questions, tu n’eus qu’une réponse. Je voulais parler, tu disais le silence. Tu étais si près et si loin, je cherchais ton être tu m’as appris le sens. Saint Augustin distinguait deux souffrances, tu m’as appris deux amours. J’ai aimé ne pas savoir t’aimer car j’ai appris à aimer au-delà de cet amour. Personne ne suffit à personne, n’est-ce pas ? ... Dans un coin de ta vie, j’ai observé cet amour.
Tu aimais. Je t’aimais. J’ai observé tes prières, je me suis penché tout près de leurs murmures : Nous Te demandons Ton Amour, l’amour de ceux que Tu aimes, l’action qui nous permette d’atteindre Ton Amour... et tu pleurais et tu souriais. J’étais assis dans un coin de ta vie, j’aurais voulu être ton frère, j’ai vu ta solitude, j’ai aimé ta liberté.
J’ai aimé ta force et je prie pour qu’Il accueille ta fragilité... Personne, jamais, ne suffit à personne. Je suis resté là, assis, dans un coin de ta vie.